Ruine sur Daboth

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 La croisade de Sarbédia venait de débuter. Situé dans à l'ouest de l'Ultima Segmentum, juste sous la faille warp maudite qui coupait la galaxie en deux, ce secteur abandonné pendant des millénaires avait enfin attiré l'attention des hauts seigneurs. Une croisade, une entreprise d'une incroyable envergure qui engageait des milliards de soldats avait été lancée pour libérer les mondes du secteur, et les soumettre à nouveau à l'autorité impériale. Lorsque la nouvelle parvint aux oreilles des dirigeants de Daboth, la planète, qui avait résisté si longtemps dans un secteur hostile, entra dans une période de liesse. Le fabricator avait ordonné aux cités-usines de la planète de maximiser la productivité, et les cycles de recrutement chez les jeunes des classes ouvrières furent avancés. Des armes et des munitions seraient fournies aux armées de l'Empereur, des régiments seraient levés, et la mort irait s'abattre sur Ses ennemis. Dans le grondement constant des fourneaux gargantuesques des forges, la cité-ruche Azaliv s'était préparée à la guerre. Située sur le principal continent de la planète, et bordant une mer d'acide, la ruche était le plus grand centre de population et de production du monde. Ses spires baroques se dressaient sur des centaines de mètres de hauteur, dépassant à peine les cheminées des forges. Elles disparaissaient dans le brouillard constant et d'une couleur peu agréable qui s'étendait sur toute la planète.

Sur la plaine devant la cité, un convoi de marchandises se dirigeait vers la porte principale. Il faisait partie de ce réseau commercial qui formait une toile d'une grande complexité à la surface de Daboth. Les camions, longs de vingt mètres et hauts de quinze, transportaient des éléments manufacturés comme des circuits électriques ou des batteries, qui seraient apportés aux chaînes d'assemblage à l'intérieur des usines.

Le soldat de première classe Sveyre éloigna les jumelles de ses yeux. Tout se passait comme d'habitude. Cela faisait une semaine que les festivités duraient à l'intérieur. Une semaine de fêtes et de joie pour les classes supérieures, mais évidemment presque rien pour les citoyens de modeste provenance. Il soupira, et alla rejoindre le reste de l'escouade.

-Rien d'anormal ? demanda le sergent Carr.

Sveyre secoua la tête. Le sergent haussa les épaules et reprit sa marche.

-Continuons, dit-il.

L'après-midi était bien avancée, et ios se trouvaient entre les postes Delta et Epsilon sur les remparts. Leur patrouille durerait encore deux heures.

Ils marchèrent en silence pendant un temps indéterminé. Le soleil commençait à se coucher. Ou en tout cas le ciel nuageux commençait à s'assombrir. La fin de la journée serait sonnée sous peu pour les millions d'ouvriers dans les usines, et les rues presque vides allaient rapidement se retrouver bondées.

Soudain, une sirène retentit sur le toit d'une usine. Puis deux, puis trois. Toute la cité-ruche résonna bientôt de toutes ces sirènes, et le bruit emplit tout l'espace.

-Que se passe-t-il ?! hurla le soldat Guidry.

Le bruit ambiant était tellement assourdissant que les autres l'entendirent à peine.

-Aucune idée ! lui répondit le sergent. Soit un exercice surprise, soit une véritable alerte !

La radio de l'escouade bourdonna, et le sergent agrippa le combiné. Il écouta pendant quelques secondes, avant de raccrocher.

-Nous sommes en état d'alerte ! dit-il.

L'escouade s'élança de concert vers l'un des petits fortins qui constellaient la surface du rempart. C'était une petite structure, d'une dizaine de mètres de côté, en plasbéton renforcé. Un trio de mitrailleuses émergeait de la fine ouverture donnant vers l'extérieur, et deux canons laser étaient installés en tourelle sur le toit. A l'intérieur, des équipes avaient déjà pris place aux armes lourdes. L'escouade de patrouille défit la bandoulière de ses fusils lasers. Les hommes s'assirent, appréhendant la minute, l'heure qui allait suivre.

Ruine sur DabothOù les histoires vivent. Découvrez maintenant