La rousse franchit la porte un grand sourire aux lèvres. Ces deux dernières heures à la bibliothèque avaient été un grand moment de repos pour elle. Elle remercia chaleureusement Dame Léa pour sa gentillesse, tandis que celle-ci lui rappela de vite partir se laver avant que Père n'arrive. Nausica la serra une dernière fois dans ses bras avant de filer à l'étage.
La jeune femme aimait se perdre dans les grands couloirs blancs du château tandis qu'elle se dirigeait vers sa chambre. Pourtant, sa tranquillité fut vite perdue en apercevant quatre femmes de ménage s'affairer dans les chambres d'amis. Il y avait 19 chambres d'amis complètement vides et identiques à la sienne. Nausica n'avait jamais compris leur utilité, car depuis son arrivée ici il y a 16 ans maintenant, ces dernières n'avaient abritées que de la poussière.
Nausica occupait la 16ème chambre de l'aile gauche. Elle avait tenté de rendre cette pièce impersonnelle un petit peu plus chaleureuse que les autres : mais en vain. La rousse n'avait aucunes photos à accrocher aux murs, aucun modèle pour épingler des posters. Alors après avoir saisi deux pièces de tissus pour s'habiller, elle quitta promptement la chambre. Au bout du couloir, il y avait les douches communes. Communes en rien, d'ailleurs. De plus, elles étaient composées de 2 pièces séparées qui comportaient 10 douches chacune. Répartis tout au long de l'étage, il y avait aussi 5 toilettes. Mais la rousse n'en utilisait qu'un seul.
Cet étage avait été prévu pour accueillir vraisemblablement 20 personnes.
Alors revoilà cette histoire de solitude. Chaque jour, ces pièces vides et inoccupées lui rappelaient à quel point elle était seule. Tout en marchant vers la grande salle qui lui servait de salle de bain, la rousse lorgnait les portraits d'hommes et de femmes célèbres. Simone Veil a sa gauche, Albert Einstein à sa droite. Puis Maggie Toudberk et Nelson Mandela. Leurs portraits semblaient la juger. Alors, elle soupira.
- pas besoin de me regarder comme ça Nelson. Si vous parliez, je serais beaucoup moins seule, vous le savez, ça ?
Les femmes de ménage la regardaient complètement interloquées. En les voyants, Nausica tapa du pied en grognant de frustration. Elle chuchota à Barack Obama d'aller se faire foutre alors qu'il la regardait avec ce même sourire un tantinet narquois.
- Manquait plus que je passe pour la folle qui parle aux tableaux...
La rousse en profita donc pour se cacher en entrant dans les douches. Une fois ces vêtements par terre, elle se glissa sous un des jets qui se mirent en marche directement. Les yeux fermés, elle eut l'idée de mettre un peu de musique. Après avoir réfléchit, elle tapa deux fois des mains en annonçant :
- This is America de Childish Gambino.
Drôle de choix de musique, direz-vous. Sélectionner une vieille chanson datant de plus d'un demi-siècle pour une jeune femme de 18 ans ? Le tempo se déclencha doucement en se répandant dans toute la douche. Nausica chanta doucement les paroles en vieil anglais. Comme enveloppée par les notes, la brune se rendit compte à quel point elle aimait ces vieilles musiques. Bien plus que ce Vinemeil que tous ces jeunes écoutaient sans cesse. Et c'est en dansant que la jeune femme finit sa douche.
*_*_*_*
Les cheveux blonds vénitiens mouillés dans le dos, la jeune femme descendait de quatre en quatre les grands escaliers. Son vieux jean mom délavé tombait légèrement sur ses hanches, tandis qu'elle remontait la bretelle de son léger haut blanc, bretelle qui ne faisait que de tomber. Maestre Roubai était venu la chercher dans sa chambre après sa douche.
- Père veut te voir, lui avait-il annoncé gravement.
Sans plus de questions, Nausica avait sauté sur ses pieds nus pour suivre son enseignant dans le grand salon. La jeune femme arriva dans la grande pièce. Lui l'attendait assis sur le sofa. Père, jambes croisés et mains jointes sur ces dernières, la regardait.
Ce n'était pas son père. Elle le savait. Son teint basané contrasté avec la peau pâle de la rousse. Les cheveux noirs jais et les pupilles marrons qu'il possédaient, finissaient par achever son raisonnement. Dame Léa lui avait dit, un jour, aussi. Mais ça, c'était un secret. Bref ce n'était pas son père. Cependant cela ne lui empêcha pas dire :
- Bonjour père.
- Bonjour ma chérie.
Il lui sourit, et elle aussi. Malgré que ce ne soit pas son père, elle le considérait comme. Il avait réussi là ou ces géniteurs avaient faillis : il était présent, la nourrissait, la chérissait. Certes, la jeune femme ne lui racontait pas tous ces états d'âmes, mais ce n'était pas vraiment le rôle d'un parent de toute façon. Alors elle se contentait de lui.
- Si j'ai fais venir tous ce monde ici, c'est pour une raison particulière tu penses bien.
La rousse sourit poliment. D'un regard, elle balaya l'assemblée autour d'elle. Tous semblaient stressés. Et ils avaient raison. Une assemblée comme celle-ci n'avait lieu que pour les anniversaires. Mais l'ambiance y était un peu plus festive qu'aujourd'hui. De plus, elle était certaine qu'aucun événement n'avait lieu aujourd'hui. Sa mémoire ne l'a trompait pas. Alors d'un coup, elle eut peur qu'il ait eu retour de leur petite sortie de l'après-midi avec Dame Léa. Nausica commença a stressé elle aussi.
- J'ai à vous parler mes amis. Quelque chose d'important va se produire à partir de demain et pour une durée indéterminée. Certains sont déjà au courant mais voilà, ceci est une annonce officielle. Demain, une dizaine de personnes arriveront au château pour y être logés et nourris.
Un léger brouhaha s'éleva dans la salle. Des invités ? Comment ça ? Et pourquoi ? Qui sont-ils ? D'un geste de la main, Père calma les ardeurs.
- Je vous demande de les accueillir chaleureusement et avec respect. C'est tous ce dont vous avez besoin de savoir pour l'instant.
Alors que les protestations fusaient, le bruit s'éleva de nouveau, mais cette fois dans la tête de Nausica. Les questions s'accumulaient mais surtout, un drôle de sentiment lui tordit les entrailles. D'abord, la joie. La joie de ne plus être seule, de peut-être se faire ses amis, du moins quelques personnes avec qui elle pourrait échanger. Mais aussi la peur. La peur de l'inconnu, de se bouleversement si important dans sa vie. Qu'est-ce qu'il va se passer ? Qui sont ces gens ?
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Altérée
Science FictionNausica est différente. La jeune femme vit seule en compagnie de ses professeurs dans un immense château. Puis un jour, elle va découvrir quelque chose qui risque de bouleverser bien plus que son unique petite vie...