Troisième nuit et troisième vote

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Dans la nuit, des sons finirent par se faire entendre comme les fois précédentes. Alors qu'une nouvelle plainte douloureuse brisait le silence, Louise se leva rapidement pour aller regarder par la fenêtre. Cependant, par malchance, elle ne vit personne de nouveau, et cette fois encore ne put que constater le fait que l'une des créatures rentrait chez Bertrand. Louise se recoucha, entre anxiété grandissante et soulagement de ne pas avoir été la cible de ces choses. Quand le jour se leva, elle courut dehors et alla sur la place du village, paniquée. Se respiration saccadée était le seul son du village, tandis que personne ne s'était encore seulement réveillé. Elle ne put s'assoir et fit les cent pas en attendant Myriam. Cette dernière finit par arriver comme les jours précédents et Louise courut vers elle avant de l'enlacer et de dire, la gorge serrée :

«J'ai eu tellement peur que ça soit toi !»

Myriam lui caressa doucement les cheveux et finit par chuchoter :

«Louise... je pense que Bertrand est une de ces choses.»

Louise ouvrit de grands yeux, surprise :

«Comment tu le sais ?

- Une intuition.

- Je... je l'ai vu aussi. J'ai regardé par la fenêtre et il était transformé, avant de rentrer chez lui.

- Tu vois !»

Louise sourit légèrement, heureuse de voir qu'elle n'avait pas mal vu. Helga arriva également sur la place, ainsi que Bertrand. Les deux jeunes femmes se crispèrent en le voyant, d'autant que ce dernier avait l'air tendu. Il ne manquait désormais que Franck et Joris à l'appel. La journée avança et Louise prit finalement l'initiative d'aller voir la maison de Joris, quand Franck arriva sur la place. Agressif, il demanda immédiatement :

«Tu fais quoi là ?

- Tu es le dernier arrivé, et Joris n'est pas venu. Je pense qu'il...enfin, comme les autres nuits.»

Laissant son antipathie de côté, il se mit à marcher d'un pas vif vers la maison de Joris. La porte était fracturée, et il entra immédiatement, suivit de Louise puis Myriam. Du sang couvrait le sol, et une longue trainée menait jusqu'à sa cave. Peu rassurés, ils descendirent et trouvèrent le corps de Joris, aussi défiguré que les autres, au milieu de fioles et instruments en tous genres. Sa main était désespérément tendue vers une case vide dans une valise, où se trouvait l'inscription "Potion de guérison". Myriam dit doucement :

«Il... il était sorcier alors ?»

Louise renchérit immédiatement :

«C'est pour ça que madame Irma n'avait rien ! Il l'a sauvée avec la potion de guérison qu'il possédait mais quand son tour est venu, il n'a pas pu s'en servir.»

Ils ressortirent et annoncèrent la nouvelle à Helga et Bertrand. Les deux eurent un visage horrifié, et Louise comme Myriam eurent une pulsion de haine en elles en le voyant faire semblant d'être affecté par ce qui était arrivé. Juste après, à la surprise générale, Franck ajouta :

«Et j'ai regardé à la mairie : Edmond m'a désigné comme successeur. Je suis le nouveau maire.»

Un étonnement palpable fit le tour des survivants, et Bertrand alla immédiatement à la mairie pour vérifier ces dires. Il sortit quelques minutes après, un papier dans sa main crispée et dit sur un ton véhément :

«C'est la vérité. Et Edmond était une de ces choses. Il t'a choisi car tu l'es aussi, tu dois mourir.»

Helga allait acquiescer quand Louise lâcha :

«Balaie devant ta porte, salaud.»

Bertrand se tourna vers elle, prêt à la frapper, quand Myriam renchérit :

«On sait que tu es une de ces choses. Je l'ai vu, tout comme Louise par sa fenêtre.»

Helga et Franck froncèrent les sourcils et Bertrand hurla :

«Très bien, votons alors !»

Il vit immédiatement, horrifié, la totalité des gens le pointer, tandis qu'il était seul à pointer Franck. Il n'eut pas le temps de protester qu'il se faisait entraîner vers la potence et pendre aussi sec. Quand sa nuque se brisa, sa transformation commença immédiatement et cet hybride humain loup se retrouva pendu au milieu du village. Le silence revint soudainement, et Franck dit en regardant principalement Louise :

«Toi, fais très gaffe. J'ai pas confiance, depuis toujours. Au moindre pas de côté, tu finis comme lui. Depuis le début, tu es suspecte.»

Elle baissa les yeux, préférant ne rien dire pour éviter une escalade de violence. Franck se tourna également vers Helga :

«Et toi fais gaffe aussi. Tu dis jamais rien, tu pars chercher des trucs et on te vois pas de la journée... tu es autant suspecte.»

Helga se défendit :

«Retirez ça immédiatement !

- Non. Prochaine fois, c'est toi qui sera sur l'échaffaud.»

Et il se tu. Il partit en direction de sa maison et juste avant de partir se retourna et dit rapidement :

«Si il m'arrive un truc, c'est Myriam la maire.»

Et il claqua sa porte. Les trois femmes se regardèrent avec un mélange de colère et de méfiance et quand Helga rentra chez elle, Louise alla passer le reste de la journée avec Myriam. La situation devenait très tendue, le moindre mot de travers pouvait les condamner à mort. Quand la nuit tomba, Louise rentra rapidement chez elle. Elle se saisit d'un couteau et alla se placer près de la fenêtre, prête à regarder dehors toute la nuit s'il le fallait malgré sa fatigue de plus en plus intense.

Les loups garous de Thiercelieux [terminé] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant