Seconde nuit, second vote

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Une nouvelle fois, alors que Louise tentait de dormir, un cris horrible sortit de nulle part. Se précipitant à sa fenêtre, elle eut juste le temps de voir des créatures noires, semblables à des loups mais bipèdes en train de courir sur la place du village. Elle se frotta les yeux et regarda à nouveau, sans comprendre. Mais les choses étaient encore là. Elle les suivit tant bien que mal des yeux et vit l'une d'entre elles entrer dans la maison de Bertrand. Horrifiée, elle se crispa en attendant un nouveau cris mais celui-ci ne vint jamais. Comme si la créature n'avait rien fait à Bertrand. Elle semblait d'ailleurs ne pas vouloir sortir, c'était à n'y rien comprendre. À moins que... c'était absurde mais, si Bertrand était l'une de ces choses ? Louise retourna dans sa chambre et s'assit sur son lit, en pleine réflexion. Était-ce seulement possible ? Comment celà pouvait-il être réel ? Mais d'un autre côté, les faits étaient là ! Elle ferma les yeux, tentant de calmer la peur qui montait en elle, et n'entendit pas la porte d'une des maisons s'ouvrir, ni le tintement d'une fiole dans le silence de la nuit.

Le matin finit par arriver et elle sortit de sa maison, éreintée par cette horrible nuit. Sur la place du village, elle courut vers Myriam et enfouit sa tête dans son cou avant de dire d'une voix tremblante :

«Myriam, j'ai eu tellement peur, j'ai... j'ai encore entendu un cris cette nuit, je crois que quelqu'un est encore mort»

Myriam ouvrit de grands yeux et la serra dans ses bras, inquiète et attristée par son état. Elles finirent par s'assoir et s'embrassèrent doucement avant de simplement attendre de voir qui n'allait pas venir. Franck arriva tôt, comme à son habitude, sans les saluer. Le manque laissé par Maria et Jacques faisait peser sur le lieux un lourd silence. Helga arriva également, et Louise ne put s'empêcher de se crisper en voyant Bertrand. Cependant, elle ne sut pas quoi dire. Devait elle parler de ce qu'elle avait vu ? On allait la pendre à coup sûr cette fois, si elle parlait de telles choses et accusait à son tour quelqu'un. De plus, elle n'avait pas vraiment réussi à savoir si elle avait rêvé ou non. La jeune femme finit par se résoudre à se taire.

Joris arriva également, l'air fatigué, et s'assit sur un autre banc. Madame Irma fit également son apparition, le visage étrangement pâle. Un peu de sang tachait ses vêtements et elle semblait perdue, cependant il n'y avait sur sa peau nulle trace de blessure. Si quoi que ce soit était arrivé, elle avait été par un quelconque moyen soignée. Seul Edmond manquait désormais à l'appel. Alors que Louise allait le faire remarquer à Myriam, ce dernier fit son apparition sur la place. Mais... quel était la cause du cris de cette nuit ? En le voyant, Madame Irma dit immédiatement d'une voix forte :

«Edmond, j'ai été attaquée cette nuit. Regardez, j'ai du sang sur mes vêtements, ma porte a été fracturée.»

Le Maire fronça les sourcils d'un air surpris, mais alors que Louise pensait le voir compatir, il dit d'un ton accusateur, changeant son expression du tout au tout:

«Non. Je ne vous crois pas, Irma. Vous n'avez strictement rien. Hier, vous avez été bien rapide à dire qui était coupable, et aujourd'hui vous faites la victime sans avoir rien ? Ne vous moquez pas de moi, vous êtes la véritable meurtrière. Ça me semble clair désormais.»

Madame Irma eut un mouvement de recul outré :

«Comment osez vous ?! Comment osez vous porter de telles accusations sur moi ?!

- Car vous êtes coupable Irma. C'est certains. Que le village porte désormais son jugement !»

Louise fronça les sourcils. Le Maire n'avait pas un comportement cohérent, et elle imita madame Irma en pointant le maire du doigt. Betrand et Helga, eux, montrèrent Madame Irma. Joris et Myriam pointèrent également le maire, et Franck se décida finalement en pointant Madame Irma. Égalité. Cependant, Edmond étant maire, il avait l'avantage. C'était Irma qui allait être pendue. Alors que Franck et Edmond l'entraînaient vers la potence et lui passaient la corde au cou malgré les protestations de Louise, Myriam et Joris, Madame Irma cria :

«Vous allez le payer !»

Et tandis qu'elle allait tomber, elle sortit un pistoler de ses vêtements et tira dans le cœur du maire à bout portant. Franck sursauta et déclencha la trappe. Madame Irma tomba soudainement et sa nuque se brisa, mais au sol, le cadavre de Edmond était en proie à un étrange phénomène. Ses dents devenaient pointues, de la fourrure lui poussait, ses membres s'allongèrent et il finit par devenir une sorte d'hybride entre humain et loup sous les yeux médusés du village. Louise retint son souffle en regardant Bertrand avec des yeux terrifiés. Ainsi elle n'avait pas rêvé. Les débats commencèrent sur l'origine de cette chose mais sous le choc de ces nouvelles morts, chacun partit à nouveau chez soi, sûr d'en avoir définitivement fini. Sauf Louise, qui repensait avec angoisse à Bertrand. Quand la nuit tomba, elle resta aux aguets, un couteau dans la manche. Si quoi que ce soit devait arriver, elle était prête.

Les loups garous de Thiercelieux [terminé] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant