Chapitre 6

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Le jour se lève. J'ai passé une bonne nuit, peut-être parce que j'ai un petit espoir pour que Julian me trouve à son goût. Je n'arrête pas de penser à hier soir, on est resté planté l'un en face de l'autre, chacun sur sa rive opposée, à se fixer sans bouger. C'est bizarre. Du coup, j'appréhende notre prochaine rencontre, de me retrouver face à lui en sachant qu'il sait que je l'observais. Bref, je ferais comme si de rien. Je pense que c'est le mieux.
Allez, je suis restée assez longtemps au lit à cogiter. Je me lève et ouvre mes volets sur cette vue incroyable d'autant plus que maintenant, s'ajoute à cette vue, le chalet de Julian, donc une vue encore plus parfaite pour moi.
Aujourd'hui, j'ai de quoi faire; d'abord petit dèj' ensuite il faut que je me mette à jardiner et je ne vais pas m'ennuyer vu le boulot qui m'attend. Plus tard, je me rendrai chez Amandine.

**

Après avoir tondu l'ensemble du terrain et dégagé tous les troncs d'arbres, du lierre qui les avait envahi, enlevé quelques mauvaises herbes de-ci, de-là, je décide de m'octroyer une pause bien méritée.
Je m'allonge sur l'herbe et appelle Kenna. Ils me manquent tous, j'étais tellement habituée au boucan à la maison, à les voir tous les jours alors qu' ici, c'est calme et serein. J'ai déjeuné toute seule, mais cela ne me dérange pas. Je me sens comme ici, calme et sereine, alors tant mieux.
Kenna me dit qu'elle est au magasin et que les frérots sont partis réensemencer la pelouse des Portier. Que Lily et mamie Gigi vont bien. Elle m'a déjà dit ça hier soir, mais bon, je sais qu'elle veut que j'ai l'esprit tranquille, sauf lorsqu'elle me fait la remarque qu'elle trouve Ronni un peu ailleurs.
Je me demande s'il va réellement bien comme il nous l'affirme. Avant de raccrocher je l'informe que je m'occupe de Ronni. Je décide de l'appeler, même s'il est au travail, pour m'assurer que tout se passe bien pour lui en ce moment.
Il a toujours était plus proche de moi, même s'il partage presque tout avec Senna. Ils ont beau être jumeau, il n'empêche qu'ils ont beaucoup de différences.
Senna est fou-fou alors que Ronni est plus posé, Senna est un paquet de nerf et Ronni est calme, ils se complètent en quelques sortes. Je suis consciente que Senna n'est pas encore prêt à se poser avec une fille sérieusement, qu'il ne pense qu'à s'amuser, et Ronni le suit.
Mais je sais qu'il pense différemment. Je sais que lui, en a marre des sorties et des rencontres sans lendemain.
Je rentre me préparer un sandwich et téléphone à mon frère dans la foulée. Avec un peu de chance il sera en pause. Il est déjà midi, pas étonnant que j'ai autant faim, je n'avais pas vu le temps passé. Remarque j'ai bien avancé dans le jardin, mais il me reste un tas de choses à faire encore. Je tombe sur sa messagerie. Je ne lui laisse pas de message et le rappellerai plus tard.
Je m’apprête à me rendre dans le salon qu'aussitôt mon portable se met à sonner, il devait passer à un endroit où il ne captait pas et a vu mon appel. Je réponds.

— Salut, Ronni.
— Salut, tout va bien? J'ai vu que tu m'as appelé.
— Oui ça va. Tout est tranquille ici. Je viens de tondre le terrain et de débarrasser toutes les mauvaises herbes, et là je bouffe et toi ça va? Tu fais quoi ?
— Chez les Portier, j'attends Senna, il est allé acheter de quoi manger.
— OK. Tu ne réponds pas à ma première question alors je me répète comment tu …
— Ça va j'ai compris. T'as eu Kenna avant de m'appeler hein ?
— Oui, je lui avoue. Elle pense que tu n'es pas trop dans ton assiette, elle a tort ?

Pas de réponses, ce qui confirme que le sixième sens de ma sœur, fonctionne toujours. J'insiste.

— Ronni ?
— Je vais bien mais déprime un peu, tu vois rien d'inquiétant ! Râle-t-il.
— C'est pas la peine de gueuler, Ronni, ce n'est que moi, Indi. Si tu ne veux pas me parler je ne te force pas, tu le sais bien, je voulais juste être là pour toi, mon frère.
— Je sais. Désolé sœurette. C'est que je sais que t'es partie respirer et essayer de rendre ta vie plus heureuse, donc j'ai pas osé appeler pour te faire chier.
— Ronni, ce que tu ne comprends pas, c'est que je suis partie oui OK, mais je suis toujours là pour toi. Ce n'est pas parce qu'il y a quatre heures de trajet qui nous sépare que je ne suis plus là du tout pour toi. Si tu as un souci ou une petite déprime, je peux revenir t'aider à aller mieux et repartir quand je te saurais enfin heureux. Tu comprends ? Je suis ta sœur et je serai toujours là pour toi, TOUTE ma vie, Ronni. Et je pèse mes mots.
— D'accord, je voulais pas t'embêter c'est tout.
— Tu ne m'embêtes jamais, dis-moi plutôt ce qu'il t'arrive.
— Je sais pas trop en fait, je me sens triste c'est tout.
— C'est-à-dire, triste car tu t'es disputé avec quelqu'un, ou triste car en ce moment t'es blasé de la vie ou je ne sais pas moi.
— Non, c'est juste que... j'arrive pas à être comme Senna tu vois, lache-t-il.
— Euh.. attends voir, c'est un peu vague, c'est-à-dire comme Senna ?
— Ne pas me prendre la tête, mais je ne suis pas comme lui. Tu vois, Senna n'est pas sérieux, il prend la vie comme elle vient, il se pose jamais de question, il est toujours heureux, je te jure qu'il me fatigue.

La montagne bleue (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant