DESTINS ENTREMÊLÉS

1 - 🥀MAYA🥀

Un rai de soleil s'immisce par la fenêtre et vient illuminer d'un éclat singulier ses cheveux. Je les détaille pour la centième fois au moins, ils sont courts, d'un brun chocolaté. Les mèches éclairées sont quant à elles d'un caramel prononcé, d'une couleur chaude et délicieuse qui me donne envie de passer les doigts dedans. Je lève la main et suit du bout des doigts la peau douce de ses épaules, la cambrure de son dos aux muscles puissants, et m'arrête seulement au bas de celui-ci.

C'est alors que je sens un imperceptible bruissement de draps, et lorsque je lève la tête je rencontre ses yeux noisette. Il émerge à peine du sommeil mais son regard brille lorsqu'il croise le mien, et l'intensité avec laquelle il me dévisage, l'adoration que je vois dans ses yeux, tout semble arrêter le temps. C'est comme si le léger tic-tac des aiguilles de la massive horloge accrochée au mur avait cessé. Le temps s'étire, je prends une profonde inspiration et me lève.

Dans ma soudaine précipitation, je remarque à peine que le drap ne couvre plus mon corps dénudé, et mes oreilles se remplissent d'un bruit assourdissant. Un bruit blanc amplifié par tous mes sens, me hurlant de partir. Tout à coup, le tic-tac reprend son cours et mon regard est attiré par l'horloge, immense, qui s'enclenche comme un compte à rebours. Elle me somme de partir.

Je réussis à m'habiller aussi vite que je le peux, j'attrape mon sac et je quitte l'appartement.

Mais pourquoi j'ai fait ça ?

Fait quoi ?

Cédé à l'appel de ses regards fascinants et ensorcelants. Sombré dans ses bras, avec un abandon total et une soif grandissante de sentir sa présence par tous mes sens. Le goût salé de sa peau contre mes lèvres, l'odeur enivrante émanant de lui, le son de son cœur qui bat furieusement dans sa poitrine, la douceur de ses bras autour de moi, la vision de nos deux corps réunis par une émotion puissante...

STOP !

Je bifurque dans ma rue, les yeux remplis de larmes. Les souvenirs de cette nuit sont toujours vifs, rien n'a cédé sous le chagrin. Rien n'a effacé chaque sensation que j'ai ressentie.

Nous n'avons rien fait. C'était juste une discussion, et je me suis endormie dans ses bras. C'est tout. Je n'ai rien fait de mal, je n'ai rien fait qui puisse me causer des problèmes.

Je me frotte les yeux, je chasse les larmes agglutinées sur mes joues et je relève la tête. Un pas après l'autre, je reconstruis ma carapace.

Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? Comment expliquer que je sois partie toute la nuit ?

Je grimpe les marches une à une, et arrivée à mon étage, je me fige. Ma respiration se coupe tandis que je tourne la poignée, que je rentre à l'intérieur et referme derrière moi. Aucun bruit ne me parvient de là où je suis, je continue donc ma traversée périlleuse jusqu'à ma chambre sans aucun bruit. Ces années m'ont forgée à devenir transparente, pour qu'il ne me voie pas, qu'il n'ait pas une autre raison de me haïr.

Je parviens à me glisser dans mon lit sans avoir provoqué de nouvelle crise. Mes yeux se ferment rapidement, et le sommeil me gagne au fur et à mesure qu'il chasse mes pensées les plus sombres. C'est lorsque mon esprit est sur le point de briser le fil qui me retient éveillée, que je l'entends.

Des pas qui se rapprochent peu à peu de ma chambre, et c'est en prenant conscience de ce qui va arriver que je me réveille complètement.

- Maya.

Mon sang se glace.