4. Séparation.

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Hannah avait appelé le collège, et maintenant Jasper et Monty ne pouvaient même plus se tenir la main. Qu'à cela ne tienne. Ils pouvaient encore parler, se sourire, se regarder. Ils pouvaient s'aimer même sans se toucher. Ils se sentaient seul contre le reste du monde, mais au moins ils étaient ensemble et ça, personne ne leur prendrait. En cours, ils s'échangeaient des mots, même s'ils étaient séparés dans la plupart des matières. Ils bravaient l'autorité à leur façon, et nourrissaient de la colère et de la rancœur pour les adultes, pour ceux qui les insultaient, pour leurs parents. Mais dès qu'ils étaient côte à côte, tout s'effaçait. Soudainement, la seule chose qui comptait, c'était l'autre. Ils se parlaient comme avant, riaient ensemble, se taquinaient. Ils étaient toujours meilleur ami, toujours amoureux.

Jasper passa son anniversaire tout seul. Il snoba les cadeaux de ses parents et toucha à peine à son gâteau. C'était nul sans Monty et il le fit bien sentir. Il en voulait à ses parents, il en voulait aux parents de Monty, il en voulait à tout le monde.

Les vacances arrivèrent alors, c'était bientôt Noël et ni Jasper, ni Monty ne se réjouirent, parce qu'ils ne pouvaient plus se voir. Jasper tournait dans sa chambre comme un lion en cage, Monty regardait la télé sans la voir, s'ennuyant ferme chaque jour qui passait sans son amoureux.

Noël leur parut sombre. Les parents de Jasper souriaient, prenaient des photos, essayaient de rendre le sourire à Jasper. Ils lui avaient acheté une mallette du parfait petit chimiste, mais Jasper la regarda à peine, lui qui aurait adoré ça avant. Il se sentait déprimé. Monty lui manquait. Il se demandait ce qu'il faisait, comment ça se passait chez lui.

Ça ne se passait pas beaucoup mieux. Monty était aussi déprimé que Jasper, il ne se réjouissait de rien. Sa mère l'accusa de gâcher l'ambiance mais il l'écouta à peine. Il regarda la neige tomber par la fenêtre en regrettant de ne pas pouvoir aller courir avec Jasper et faire des bonshommes de neige, des anges, des batailles. Depuis qu'ils étaient amis, ils n'avaient jamais été séparé aussi brutalement. Avant, leurs parents adoraient qu'ils passent du temps l'un avec l'autre. Jasper venait toujours chez Monty et inversement. Ils étaient toujours bien accueillis. On les appelait les frères siamois. Tout était coloré et agréable, remplis de rire. Maintenant il n'y avait plus rien de ça et Monty se sentait seul et triste. Jasper aussi. Mais ils ne savaient pas comment y remédier.

Quand les parents de Monty s'absentèrent quelques temps pour aller faire les courses avant le nouvel an, Monty en profita. Il attrapa le téléphone, composa le numéro de Jasper et espéra que ce soit lui qui réponde. Jasper adorait arriver le premier au combiné, et cette fois-ci ce fut le cas.

- Allô ? Lança-t-il à l'autre bout.

- Jasper, c'est Monty.

- Ooooh !

Jasper baissa la voix :

- Je suis content de t'entendre.

Monty entendit le père de Jasper demander qui c'était et Jasper répondit :

- Personne, c'est un faux numéro.

Puis à Monty il murmura :

- Je te rappelle, reste près de ton téléphone.

Monty obéit.

Jasper prit le combiné et alla se planquer sous les couvertures dans sa chambre. Ses parents regardaient la télé, ils ne faisaient pas attention à lui. Jasper composa le numéro de son amoureux, qui décrocha dès la première tonalité.

- Tu me manques, lâcha Monty.

- Toi aussi.

- C'est pas juste d'être puni, je veux te voir.

Trop jeuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant