5 - 31 octobre 2019

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Il est encore tôt. 19h00. Mona doit retirer des billets de train à la gare pour son départ très proche vers une nouvelle vie. Elle a choisi l'Italie. Au fond, ça n'est pas si loin mais Mona pense que l'air méditerranéen sera thérapeutique.

Elle court vers le guichet qui va bientôt fermer. Ses talons claquent sur le carrelage abîmé. Ses cheveux déjà décoiffés semblent défiés la gravité.

Mona récupère ses billets. « Paris-Genève », « Genève-Milan ». C'était moins cher que de payer un « Paris-Milan » direct. Elle les enfonce dans son sac puis suit le chemin de la sortie.

Un groupe d'hommes est assis sur le bord des marches de la gare. Elle les dépasse quand une voix crie son prénom.

-Mona !!!

Elle se retourne. Elle sait très bien que c'est lui. Mona se retourne : Hélios. Il a changé en un an. Ses cheveux lui arrivent aux épaules, il a maigri, il est tout pâle. Si pâle qu'on se demande si un jour il y a eu une âme dans ce corps si frêle.

-Mona, répète Hélios en s'approchant d'elle.

Il empeste le cannabis mais Mona a l'habitude. Du moins, elle l'a eu.

-Ça fait longtemps... soupire le jeune homme.

-J'ai l'impression que ça fait une semaine, moi. Marmonne Mona, mal à l'aise.

-Il n'y a pas un jour où tu ne m'as pas manqué, affirme Hélios.

Mona prend une grande inspiration.

-Tu m'as manqué dès que je suis sortie de ce bar. Dès que j'ai passé la porte, j'ai senti une vague de froid dans tout mon corps. (Elle le regarde droit dans les yeux) Hélios... Tu es un homme épatant, vraiment. Le problème c'est que tu es aussi destructeur. Tu m'as brisé.

Mona éclate en sanglots.

-Je n'ai jamais connu quelqu'un que j'ai autant aimé, mais je n'ai jamais connu quelqu'un qui m'a fait autant souffrir.

Hélios se met à pleurer.

-Mona, si tu savais comme je regrette d'être ce que je suis. J'ai voulu être meilleur pour toi, vraiment, mais j'ai tout gâché. Ça (il sort une seringue). Ça là, ça a tout gâché. Je suis rien. Rien du tout.

Mona hésite puis se jette dans les bras de son ancien petit ami. Mon dieu, ce qu'il sent mauvais. Mélange d'odeurs, de liqueurs et de malheur.

Mona, cette fois, ne le lâche pas. Hurle une voix.
Fuis putain, fuis ! Crie une autre.

Sans plus un mot, Mona s'écarte, dépose un baiser sur les lèvres d'Hélios et part. Elle ne se retourne pas. Elle pleure toujours mais sa direction reste la même. Jamais elle ne regrettera autant. Ou jamais, elle ne sera si fière. Elle ne sait pas. C'est une question qui subsistera toujours.

Ils s'aimaient. Mais ils étaient incompatibles. Comme le Soleil et la Lune. Comme le Jour et la Nuit.

Le Jour et la NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant