Chapitre 4

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Lily se leva péniblement. Son ventre lui lançait toujours, mais plus autant. Lorsqu'elle tenta de se relever, James la retint.
- Reste couchée, lui ordonna-t-il. Sinon, ton ventre va se remettre à saigner.
La Gryffondor regarda son ventre et son estomac se retourna. Du sang séché ornait son ventre. Mais dès qu'elle regarda la blessure, elle sut qu'elle allait guérir et vivre. Elle ne voyait pas les organes vitaux, donc, elle était protégée. Son professeur en médicomagie leur avait appris à savoir distinguer une blessure mortelle d'une autre simplement grave.
   - Ce n'est pas grave, assura-t-elle. Je vais guérir.
- Je m'en fiche, l'important c'est que...
- Potter, coupa-t-elle sèchement. Ici, c'est moi la Médicomage. Je sais que je vais m'en sortir. Je vais bien.
Lily vit l'expression de James passer de l'inquiétude à la blessure et s'en voulut aussitôt de son ton sec et froid.
- Très bien, dit-il d'une voix égale. Le repas est servi.
Lily le considéra avec curiosité.
- Ils nous laissent manger, ici ? Demanda-t-elle.
- Ouais.
Lily se leva, faisant tout son possible pour ne pas gémir de douleur. Son ventre la faisait souffrir. Elle vit des pâtes blanches. Froides, mais avec l'air assez appétissant.
- On mange ? Demanda James en la scrutant.
Le regard du Gryffondor la perturbait. Ce regard presque suppliant allait la fait craquer. Non, pas maintenant. Elle avait eu le cœur brisé à cause de lui et elle n'allait pas céder. Pas question.
- Attend.
Lily s'approcha des bols et les inhala, pour être certaine qu'il n'y avait pas d'agent qui pouvait les tuer. Toutes ces précautions... ça allait la rendre folle. Mais lorsque l'arôme des pâtes s'insinua dans son nez, elle ne distingua rien. Pas d'odeur âcre signifiant la moisissure, par de senteur doucereuse, pour les sédatifs, ni l'aigreur des poisons. Rien. Lily se détendit.
- C'est OK, déclara-t-elle finalement.
James se jeta sur la nourriture. En deux bouchées, il avait englouti son bol en entier. Lily, elle, se contenta de manger une petite bouchée. La texture visqueuse l'écœurait, elle la sentait descendre dans son gosier, tel de la boue. De plus, elle n'avait pas faim. Son estomac retourné la lançait et elle avait l'impression que si elle avait de quoi, il allait immédiatement ressortir.
Le silence s'installa. Encore. Lily était mal à l'aise. Puis, la petite voix, agaçante mais toujours présente s'insinua telle ur vipère dans son esprit.
« Encore le silence, lança-t-elle d'un ton réprobateur. Ça en devient pathétique, ton affaire, Evans. »
« Je préfère être pathétique qu'avoir le cœur brisé à nouveau, rétorqua Lily du tac au tac. »
« Je préfère être pathétique qu'avoir le cœur brisé à nouveau, répéta la voix en imitant l'accent hautain et froid de la rousse. »
« C'est vrai ! Protesta Lily. Ne te moque pas de moi, je sais que si tu avais été brisée, toi aussi, tu ne foncerais pas tête première chez celui qui t'a fracturée. Chez moi, c'est brise-moi le cœur et tu me perds pour toujours, point à la discussion. »
« Mais oui, c'est ça, répliqua la voix, narquoise. Je sais que tu l'aimes encore, ne fait pas l'idiote. »
« Oui, je l'aime encore, concéda Lily. Mais plus jamais je n'ai envie d'avoir de la peine comme j'en ai eu. Tu ne peux pas comprendre ? »
« Tu m'as répété cette petite phrase pendant bien trop longtemps. Change de disque et trouve-moi une raison —une vraie— qui va me convaincre que James Potter est le pire des connards de la planètes. »
Lily garda le silence.
« Et voilà, tu n'en as pas, triompha de nouveau la voix. Tu l'aimes mais tout ce que tu as peur de perdre, c'est ton orgueil. Tu es bien trop orgueilleuse. Et il t'aime encore, lui aussi. »
« Ne dis pas n'importe quoi ! Répliqua Lily, effarée. S'il m'aimait il ne m'aurais pas quitté sans me laisser une raison. La seule que je peux déduire, c'est qu'il ne ressentait plus rien à propos de moi. Et tu sais quoi ? Je préfère largement qu'il m'ait laissée en étant honnête qu'en restant avec moi sans rien ressentir pour me décevoir encore plus lorsqu'il me le dira. »
Silence.
« D'accord, admit la voix. Tu marques un point là-dessus. Mais comprends-le, un peu. Mets-toi à sa place ! Tu rentres ivre de la maison, tu ne sais pas ce que tu fais, tu trouves ton copain, sobre, qui t'attend et BOUM ! tu le laisses, mais juste sur un coup de tête. Tu le regretterais après, n'est-ce pas ? »
« Oui, ragea Lily. Mais... »
« Et après tu as peur de reparler à ton copain parce que tu n'as pas le courage d'aller lui dire en pleine face que t'allais au bar sans qu'il le sache ! Tu te sentirais comment ? »
« Honteuse, mais j'assumerais pleinement mon erreur. Je veux dire, c'est moi qui l'aurait laissé et je devrai vivre avec, point. »
« Je ne te crois pas, ricana la voix. Tu essaies de paraître bien mais tu es aussi brisée que lui, ne nie pas. »
Lily garda le silence. Comme elle haïssait cette stupide voix non seulement pour son timbre hautain, mais PARCE QU'ELLE AVAIT TOUJOURS RAISON PUTAIN ! Si elle pouvait avoir tort une seule fois, une seule ! Et Lily serait satisfaite.
« Je ne peux pas me tromper, claironna la voix, fanfaronnant. Je suis désolée, je ne peux pas me tromper. Parce que je suis ta raison et ton instinct.
« Eh ben alors, ferme-la ! Gronda Lily, la colère enflant en elle. Je ne veux pas t'entendre je n'ai pas envie d'écouter tes réalités que je ne suis pas encore prête à affronter ! Alors arrête cette arrogance et ferme-la ! »
La petite voix se tut. Lily sut immédiatement lorsqu'elle eut quitté son esprit parce que la présence qui la rendait mal à l'aise disparut aussitôt. Mais elle revint. S'attendant à se voir martelée, Lily fut surprise qu'elle ne souffle que quatre mots avant de se repentir dans la noirceur.
« Tant pis pour toi. »
« Ouais, ouais, c'est ça, tu n'es pas moi à ce que je sache, grinça Lily. »
Mais le silence lui répondit. La rouquine s'adossa contre le mur, la douleur à son estomac reprenant vivement et la froideur humide du cachot l'étreignait comme une poupée de chiffon.
   - Lily, dit alors James. Tu vas bien ?
La rousse ouvrit péniblement ses yeux brûlants.
   - Je crois que je fais de la fièvre, souffla-t-elle, très bas.
James se précipita vers elle.
*
James regardait Lily. Elle était recroquevillée contre le mur, tel un animal martyrisé. Ses bras étaient couverts de chair de poule, mais son visage semblait écumer. James s'approcha d'elle. Il toucha son front de la paume. Elle faisait de la fièvre. Officiellement. Alors, elle n'était pas tant hors de danger que ça, alors...
Il était gêné. Gêné de devoir la guérir parce que normalement, c'etait elle qui s'occupait des malades. Il la souleva doucement et elle gémit.
   - Pas trop vite, grommela-t-elle, en se prenant la tête entre les mains, je suis toute étourdie.
James mit un doigt sur ses lèvres brûlantes par la fièvre.
   - Ne parle pas, dit-il. Ne parle pas.
Il la mit sur sa couchette. Aussitôt, elle se rétracta en une position recroquevillée, gémissant dans la douleur que lui fournissait son ventre. James empoigna le flacon de dictame.
   - Lily, dit-il. Il faut que je mette ça sur ta blessure.
Le corps de Lily se recroquevilla encore plus.
  - Je... je sais...souffla-t-elle.
  - Allez, l'implora James.
Il souffrait pour elle encore plus qu'elle-même. Doucement, très doucement, elle se laissa étirer et montra son ventre à vif. En voyant la blessure rouverte et qui commençait à saigner, James sentit une colère s'insinuer dans ses veines, comme de l'eau s'infiltrant dans des dalles de ceramique. Une colère contre Lily d'avoir été entêtée de la sorte, mais surtout, surtout, contre Voldemort de lui avoir infligé une telle torture. Contre lui, aussi, d'avoir été assez faible pour la laisser se faire ensanglanter alors que cette entaille, elle était destinée à lui. À lui, seul. Mais elle avait encaissé. Elle a toujours encaissé. La seconde preuve que Lily était deux fois mieux que lui.
Doucement, il laissa deux gouttes tomber sur la blessure et laissa son cœur se briser encore. Lily se cambra sous la douleur, laissant un sanglot s'échapper de sa gorge. Pourquoi avait-elle encore le don de le faire virer d'état en quelques secondes alors qu'elle ne lui avait jamais adressé la parole depuis leur rupture ?
   - Ce soir, c'est moi, dit James à Lily.
Lily ouvrit les yeux. Les deux joyaux qui lui servaient d'yeux s'écarquillèrent. Elle déglutit.
   - Soit plus fort que moi, s'il te plaît, supplia-t-elle.
   - Je ne peux rien promettre, soupira le Gryffondor.
   - Ne dis pas de sottises, répliqua Lily.
James voulut protester, mais la rouquine referma ses yeux et sombra dans un sommeil peut-être réparateur, il n'en avait aucune idée, mais l'espérait du fond du cœur.
**
James somnolait. Il veillait sur Lily, mais pas un son ni un mouvement ne dégageait de la jeune femme. Il devait être assez tard, la pleine lune était montée depuis longtemps. En voyant l'orbe argenté nacré, James pensa à Remus. En ce moment, il se battait contre la force bestiale en lui, le loup-garou. Il regrettait tellement de ne pas être aux côtés de son ami, c'était épouvantable.
Soudain, des pas lourds retentirent dans le couloir. Un Mangemort arrivait dans sa direction. Même sous sa capuche noire, James pouvait voir qu'il souriait de toutes ses dents.
   - Je t'avais dit, Potter, ricana le venu. Ce soir, tu vas goûter à ce que tu aurais dû subir hier.
C'était sa chance. Il était seul. Au corps à corps, peut-être pouvait-il gagner... le Mangemort prit un trousseau de clés et et déverrouilla les barreaux. À peine eut-Il ouvert la porte, que James se jetait sur lui.
Le partisan de Voldemort poussa une exclamation de surprise. Il s'écroula par terre et James prit brutalement sa baguette magique. Tout à coup, une belle douzaine de Mangemorts l'entourèrent. Le jeune Potter était confiant. Il avait déjà vaincu une troupe de ce style alors qu'ils étaient à treize. Ils n'étaient que douze... il avait des chances de remporter...
   - Tu vas nous suivre, gronda un gros et Mangemort à la voix grave comme celle d'un baryton. Sinon, je la tue.
Il brandissait un poignard d'argent qui scintillait à la lumière du clair de lune en direction de Lily pelotonnée dans ses couvertures. Aussitôt, James lâcha sa baguette et laissa les Mangemorts l'empoigner pour le diriger vers une salle circulaire avec simplement une table couverte d'instruments de torture et le sol... c'était le sol le pire. Du sang y trônait, comme si c'était un trophée. C'était celui de Lily. James en était sûr. Il la voyait, couchée sur le sol, se vidant de son sang.
   - Bonjour Potter, dit la voix doucereuse de Voldemort qui émergea des ténèbres.
James fixa les yeux rouges, une haine le submergeant.
   - Ah, je vois la colère de la jeunesse et la peur, se délecta Voldemort. Quoi de mieux pour la torture. Et tu sais quoi ?
   - Quoi ? Dit agressivement James, uniquement maîtrisé par les Mangemorts qui l'encadraient.
   - C'est la pleine lune ce soir. Tu le sais n'est-ce pas ? Je t'ai laissé une fenêtre pour que tu puisses y avoir la plus belle des vues.
Alors c'était aussi un coup monté. Il avait fait exprès de mettre la lune pour le rendre quasiment fou d'impuissance, sachant que son ami avait probablement besoin d'aide à l'heure présente. La colère donnait à James un cerveau en ébullition, comme l'eau dans une théière qui bout.
   - Comme c'est accommodant de votre part ! Grinça James. Je vous en serai éternellement reconnaissant.
   - Attention James, avertit Voldemort, d'une voix plus menaçante, à présent. L'arrogance n'a pas sa place ici, ça ne fera qu'augmenter ta sentence.
James fit de son mieux pour éclater de rire.
   - Je préfère être arrogant, dit-il en souriant de toutes ses dents, simplement dans le but de la faire rager encore plus. C'est plus drôle ainsi.
CLAC. Une gifle venait de partir. Le sourire de James s'estompa. Ce n'était pas comme les gifles que Lily lui donnait, qui étaient simplement adorables, c'était une vraie baffe emplie de colère sournoise.
  - Fais gaffe à ta langue, James, ricana Voldemort. Je pourrais te la couper.
   - À quoi bon me couper la langue si vous pouvez lire mes pensées ? Demanda James, ainsi, je peux vous insulter à ma guise !
Les Mangemorts le poussèrent sur le sol et Voldemort sauta sur lui. Un couteau étincelait à sa main et il entailla dans la peau de James.
La douleur que ressentit le Gryffondor lui vida l'air dans les poumons. Il ne sentait que cette brûlure dans le torse, comme si on avait chauffé du fer et qu'on lui avait apposé directement sur la peau.
   - Quel dommage de devoir détruire une telle musculature, se réjouit Voldemort.
Il lui entailla le bras du coude jusqu'à l'épaule. James se retint à grand peine de hurler. Satisfaire Voldemort par ses cris étaient la dernière chose qu'il voulait.
   - Tu es moins amusant que ta copine, Potter, constata Voldemort, après qu'il lui eut entaillé la jambe. Elle, au moins, elle hurlait. Sa douce voix, qui, habituellement est faite pour te réconforter, hurlait à s'en déchirer l'âme. C'était tellement triste à voir.
Le Seigneur des Ténèbres éclata de rire. James ne voulait plus entendre ce qu'il disait. En même temps, il préférait mille fois e faire torturer qu'entendre ce que Lily avait fait durant qu'elle-même subissait. Il s'imaginait ses cris, ses gémissements de terreurs et douleur. Il ne voulait pas entendre. Sur ce coup-là, il préférait rester dans l'ignorance.
   - Elle me suppliait d'arrêter, sa voix larmoyante devenait désespérée, décrivit Voldemort, un sourire carnassier étampé sur le visage. Elle pleurait, sanglotait sa douleur présente, hurlait, telle une démente. J'avais presque de la peine pour elle.
Une nouvelle entaille lui barra de nouveau le torse.
   - Mais elle refusait de coopérer avec moi, se désola Voldemort. Il aurait été si simple qu'elle me livre tout et j'aurais eu de la clémence pour elle. Une si jolie fille. Mais si impure. Mais toi, je ne te veux aucun mal, James, dit-il. Certes, tu es un traître à ton sang, mais ta pureté ne laisse aucune doute. Si tu coopères avec moi, tout s'arrêtera, tu verras. Quel sont les projets de l'Ordre du Phénix contre moi ?
   - Je ne le sais pas ! Hurla James.
Une entaille prit place sur sa joue.
   - Ne ment pas, James, dit Voldemort du même ton détaché. Comme tu as si bien fait remarquer tout à l'heure, je les tes pensées... je vois quand tu mens.
    - Alors, je ne vous dirai rien ! Cracha James, postillonnant dans le visage pâle du Seigneur des Ténèbres. Je préfère mourir que de vous révéler des informations confidentielles.
   - Je flancherai pas non plus, James, dit Voldemort d'une voix presque chantante. Ce n'est pas moi qui souffre.
   - Alors que ça commence, Voldemort, parce que moi non plus je ne flancherai pas, rétorqua James.
Les traits du Seigneur des Ténèbres se durcirent.
   - Nous ferons comme il te plaira, dit-il d'une voix froide.
**
   - Maître, dit un Mangemort qui arrivait. L'aube se pointe.
Voldemort se leva.
   - Très bien. Emmenez-le dans sa cellule avec la fille.
   - Oui, Maitre, dit le Mangemort.
James sentit une force magique le soulever du sol. Il sentait trois entailles dans chacune de ses jambes, quatre sur ses bras en tout, huit sur son torse, plusieurs brûlures sur son visage et le reste de son corps et des courts de fouets au sang sur son dos. Disons que pour une première, il n'est pas allé de main morte...
L'air frais le faisait souffrir et finalement, il se sentit posé sur sa couchette. Il entendit le lointain bruit d'une porte qui se fermaient et une voix s'exclamer :
   - James ! Oh mon dieu !
Un sanglot s'échappa d'une bouche qu'il n'avait plus la force pour se remémorer. Mais il se fichait de son corps meurtri. Il avait survécu.

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