Chapitre 6

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C'était son tour. Il ne savait pas comment il ferait. Pour la voir en douleur ainsi. Pourtant, c'était son tour.

   - Théodore ! Lança-t-il de la voix neutre et égale. C'est mon tour de geôlier.

L'intéressé le regarda avec dédain.

   - Qui t'a dis ça ? Cracha-t-il de sa voix trainante.
   - C'est lui, qui crois-tu.

Il sentit une colère noire affluer ses veines. Comment Théodore Nott pouvait-il penser qu'il n'était pas digne confiance ? Cela faisait presque trois ans qu'il servait le Seigneur des Ténèbres ! Mais comme d'habitude, il ne laissa rien paraître de son trouble et de sa fureur et se contenta de le regarder de haut.

   - Comment veux-tu que je te croies ? Répliqua effrontément Théodore Nott.

Il leva les yeux au ciel et sortit de sa poche de sa robe de sorcier un petit billet.

C'est le tour de Rogue de faire le geôlier. Je te laisse libre jusqu'à demain, Nott.
Lord Voldemort

Théodore inspecta la signature, sceptique.

   - Je te fais confiance, dit-il d'un ton lent. Mais je t'ai à l'œil, Rogue.

Rogue soutint son regard froid.

   - Parfait.

L'ancien geôlier lui lança les clés qu'il attrapa maladroitement. Il lui lança un regard noir auquel il répondit par un, neutre, mais affreusement irritant. Il s'éloigna de son pas lourd et Rogue se trouve seul, désemparé. Il s'approcha de la cellule, son regard s'accrochant immédiatement à la femme doucement endormie dans sa couchette. Malgré sa sous-alimentation, elle restait belle et attirante. Elle avait laissé sa couverture à ce cretin de Potter. Il avait dû en essuyer un méchant coup, le petit arrogant... Voldemort n'y était pas allé de main morte.

Il regarda ses longues jambes repliées sur elles-mêmes sur le coup de froid, ses cheveux roux sales et emmêlés, ses traits fins et délicats empreints de douceur, ses beaux yeux clos surmontés de longs cils, ses lèvres généreuses et pleines, son adorable petit nez en trompette, ses longs doigts minces aux ongles parfaitement coupés... tout en elle l'appelait. Il savait qu'il risquait énormément en cherchant à lui sauver la vie. Il ne pourrait supporter le fait qu'elle meure alors qu'il l'ait regardé s'éteindre, sans qu'il ait pu faire quoi que ce soit.

Tout à coup, le gémissement de douleur de Potter la réveilla, le sortant de sa torpeur. Il rabattit sa capuche sur sa tête et recula de quelques pas. Il la vit, se lever péniblement et il remarqua le sang maculer son vieux t-shirt gris. Il la vit se retenir de grimacer et sentit son cœur se briser. Elle se précipita à son chevet. Le chevet de James Potter... elle prit l'oseille qu'il avait pris tant de temps à subtiliser pour la lui donner.

Il sentit la colère lui prendre les tripes. Il avait réservé ces herbes pour elle ! Pas pour lui ! Pour elle ! Comment pouvait-elle gâcher ainsi tous ses efforts ? Il sentit un grognement s'échapper de sa gorge et elle remarqua sa présence. Son regard, qui était empreint de douceur et d'inquiétude se teinta de colère et de méfiance. Elle tenta de cacher les herbes, les dérober à sa vue, mais il les avait déjà remarquées. Et il s'en fichait. Il ne voulait pas parler non plus. Elle allait savoir que c'était lui.

   - Que fais-tu ici ? Demanda-t-elle d'un ton dur. Pourquoi restes-tu planqué comme un piquet à nous regarder ?

Rogue garda le silence. Le dégoût qu'il lisait dans ses yeux émeraude lui arrachait le cœur.

   - Alors tu n'es pas comme les autres, remarqua-t-elle. Tu t'enfermes dans ton mutisme. Très bien.

Elle cessa de cacher les herbes et continua d'en appliquer sur la peau de Potter. Sous la douleur, il gémit. Elle le réconforta doucement, faisant enfler le cœur du geôlier.

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