Une routine sans fin

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   Tous les matins, Vera Morel se réveillait à l'aube. Avec une douce musique en fond, elle se levait. Un petit clin d'oeil devant le miroir et la journée pouvait enfin démarrer correctement. Brosse à dent, douche, Vera devait être parfaite. 

   Mais où allait-elle donc ? Travaillait-elle dans le monde de la beauté ? Était-elle obligée de s'habiller comme ça tous les jours ? La payait-on pour être motivée à passer une bonne journée? Non, Vera était tout simplement persuadé que ces choses, qui prennent au final peu de temps, l'aide à voir clair dans ce qu'elle devait faire toute la journée. 

   Vera était juste étudiante. Elle étudiait la matière de ses rêves, la biologie. 

   Dans sa chambre se trouvait deux bureaux, celui où étaient posés tous ses livres et celui où se trouvaient ses expériences. Dans le deuxième, se trouvaient plusieurs fioles avec des substances dont on ne pourrait donner de nom. En effet, le but de Vera était de trouver un remède contre le cancer sans passer par la chimiothérapie. tous les matins, à 8h25, elle y vérifiait l'évolution. Ce matin là, quelque chose changea, le liquide qui se trouvait sur la troisième fiole pris une couleur qu'elle qualifia "d'intéressante". Ce fut peut-être un pas vers le progrès. 

   À 8h45 précise, elle se pose sur son lit et fixe les étoiles que ses parents avaient accrocher au mur quand elle était petite. Vera vivait dans une grande maison et sa chambre était alors immense, ses étoiles semblaient donc appartenir au ciel et c'est ce qui la détendait parce que lorsqu'elle observait ses étoiles, elle se sentait en sécurité. 

   À 9h, elle sort de chez elle et prend sa voiture pour se rendre à l'université. Elle y croise ses amis, ses professeurs, ses cours et tout allait parfaitement bien. Parce que Vera l'avait décidé, tout allait être parfait. 



   Aujourd'hui Vera est restée sur son lit. Impossible de la faire bouger. Cela fait quelque temps déjà, 3 ans depuis qu'elle n'arrivait plus à réussir sa dernière année, que Vera vit la même matinée cauchemardesque. La seule chose qu'elle arrivait à faire si elle réussissait par miracle à se réveiller, c'est tirer sa couette vers le bas, prendre son paquet de cigarette, prendre, sa cigarette, la poser sur sa bouche, l'allumer, se coucher sur son lit et apercevoir les étoiles  et espérer que le temps passe. Ses étoiles n'avaient plus aucun sens pour elle, c'était de simples étoiles en plastique que ses parents avaient posés comme ça pour faire joli. Vera attendait comme ça toute la journée, fumant cigarette sur cigarette pour essayer d'oublier un chagrin qui la hante depuis maintenant 3 ans. 

   Chaque matin ce même chagrin lui répétait : 

"Tu peux toujours regarder vers le haut pour éviter mon regard mais jamais tu ne cesseras de m'entendre".

   Vera pensais qu'il ne s'en irait jamais et elle avait raison, il était toujours là, partout, il la suivait et finissait toujours par la rendre dingue. Alors elle n'eut plus envie de ne rien faire, elle ne prenait plus la peine d'aller en cours, elle ne participait plus aux repas de famille. 

   Mais ce matin là : 

"Vera" cria sa mère "lève-toi". Elle la pris par le bras afin qu'elle puisse se lever. "Jète moi cette clope pour l'amour du ciel ça pue."

"Laisse moi" rétorqua Vera. "Moi je me fiche que ça pue".

"Moi je ne m'en fiche pas. Dorotha ne sera pas là pour nettoyer aujourd'hui et ta soeur vient avec son mari et son beau frère et j'ai l'impression que rien n'est prêt".

"T'inquiètes m'man tout est déjà prêt ici".

"Vera tu ne sais pas du tout de quoi tu parles, on avait commandé une pièce monté avec ton père pour l'occasion et en plus le traiteur m'a appelé pour dire qu'il y aurait du retard et puis je n'ai toujours pas commandé le caviar, je vais devenir dingue".

"Pourquoi on accueille toujours Margaux comme si c'était la reine d'Angleterre ici". 

"Mais parce qu'elle le mérité Vera, tout simplement. D'ailleurs, il va falloir que tu te lèves enfin, on a un rendez-vous avec ton professeur principal dans moins de deux heures. Va prendre une douche ça te fera le plus grand bien". 

"QUOI, mais personne ne m'a prévenue. 

"Si je te l'ai dit avant-hier".

"Mais il veut quoi lui sérieusement". 

"Vera, on s'inquiète pour toi" dit-elle en s'asseyant doucement sur le lit "Tu ne manges presque plus, tu bois à peine, tu ne sors plus si ce n'est pour aller passer un examen que tu vas rater parce que tu n'étudies même plus. Tu n'as jamais été comme ça. J'essaye de tolérer parce que je me dit qu'on passe tous des phases difficiles et il fallait bien que ça t'arrives un jour mais là, ça ne peut plus durer. T'es dans l'un des pires cercle vicieux du monde, si on agit pas pour toi, on ne pourra plus rien faire quand ça empirera. Parce que oui, tu vas de plus en plus mal Vera". 

"Ok c'est bon je vais me la prendre cette douche". 

   Vera se leva enfin, sortit enfin de sa chambre. Cela faisait déjà très longtemps que ça n'était pas arrivé.

PARIAWhere stories live. Discover now