Still The One || MxM

Chapitre I

« It's raining men ! Hallelujah ! »

Weather Girls – It's raining men

*

Lenny remonta la lanière de son sac sur son épaule en pressant le pas. D'une, l'orage n'allait pas tarder et par la même occasion faire tomber de grosses gouttes et de deux, il ne voulait pas arriver en retard à son premier jour d'essai. Il avait vraiment besoin de ce job pour rentrer à l'Université des Arts de Portland et pouvoir se payer des cours privés. Lenny ne voulait pas finir comme les garçons de son quartier, à traîner jusqu'à trente ans avant de mourir d'overdose ou d'élire domicile derrière les barreaux.

Le vent s'engouffra dans ses boucles et il fut content de voir l'enseigne de Two men se dessiner devant lui. Son attendre, il prit son courage à deux mains et poussa la porte qui crissa avant de claquer à nouveau dans son dos.

— Ah, voilà mon nouveau barman !

James, cet homme bien portant et si sympathique qui l'avait accueilli l'autre soir contourna le comptoir, sourire aux lèvres. Ce dernier l'avait garanti d'être un patron plutôt cool et ça se voyait.

— Bonjour, lança joyeusement Lenny. Je suis à l'heure, vous voyez !

— Ça m'fait plaisir, petit. Alors, comment tu t'sens ?

Les deux hommes, ou plutôt l'homme et l'adolescent, avancèrent jusqu'au bar où James lui donna un tablier à nouer autour de sa taille ainsi qu'une banane en cuir. Lenny lui fit part de son excitation à commencer à travailler et c'est ça, qui rendait James heureux.

— Bon, pas un mot sur ton âge, chuchota le patron. Tu as toujours cette... carte d'identité ?

— Toujours dans mon sac, dit Lenny en le gratifiant d'un clin d'œil.

James lui fit faire le tour du bar, lui montrant quelques trucs et astuces comme, comment servir une bonne bière ou la dose d'un whisky. Lenny se sentait dans son élément avec tous ces petits drapeaux gays accrochés de part et d'autre de la grande vitrine renfermant au moins deux cents bouteilles d'alcool. Et puis, ça sentait bon... loin de lui l'odeur de vomi et de bière bon marché. Non, ça sentait l'alcool sucré et il inspira à plein poumons en souriant.

J'ai un job !

— Par contre, commença gravement James, avec ton joli p'tit minois, tu ne vas pas passer à côté des dragueurs. Pas de main baladeuse, sauf s'ils fourrent un billet dans ta besace, alors là tu les laisse faire mais nulle part ailleurs que dans cette banane ! S'ils commencent à jouer aux cons, viens me trouver.

C'est vrai qu'il était beau, ce gamin de dix-huit ans. Avec des boucles brunes retombant sur son visage à la mâchoire carré mais aux joues toujours un peu pouponnes. Dieu l'avait gratifié de magnifiques yeux émeraudes en forme d'amande et généralement, c'était à cause d'eux et de sa bouche charnue et presque rouge qu'il se faisait draguer. Et puis, il était assez grand, presqu'un mètre quatre-vingt ! C'était un plus.

— Et les pourboires, je-

— Tu les gardes, tu en as plus besoin qu'moi.

Au tour de James de lui lancer un clin d'œil. Lenny se sentait bien à présent.

— Donc pendant un mois, ce sera presque tous les soirs sauf le jeudi et quand tes cours de coloriage commenceront, juste les vendredis et samedis. J'ai bien retenu ?

— Mes cours de coloriage, s'esclaffa Lenny. Oui. C'est ça, enfin... si vous êtes d'accord, bien sûr !

— Pas d'problème, petit !