« L'enfance n'est pas l'époque qui va jusqu'à un âge certain et à cet âge certain l'enfant cesse ses occupations infantiles. L'enfance est le royaume où personne ne meurt. » - Inconnu
La couverture bruisse, un cri étouffé éclate dans la pièce remplie par le calme estival de cette nuit d'été.
« - Pousse-toi Shayën !»
Je me tenais sur le bord du lit en me frottant la tête, ma longue chevelure rousse me cachant en partie ma sœur.
" - Oh c'est bon Morgane fait pas ta chochotte non plus !... "
Shayën me regarde les lèvres pincée, sa figure coincée dans une expression de colère froide. Elle s'est redressée de toute sa hauteur et me fusille de ces grands yeux brun. Comme pour se redonner une certaine contenance elle repasse sa main dans sa longue chevelure noire qu'elle fait passer par dessus son épaule.
Je continue tout de même à dévisager ma jumelle d'une moue moqueuse. Elle me lance un énième regard noir puis retourne son attention vers le livre posé entre nous. Il est vieux, très vieux, les pages sont devenues jaunes et il empeste la poussière.
Je ne relève pas le comportement de ma sœur même s'il m'agace au plus au point. Je me contente de lever les yeux au ciel en soupirant. Mon regard se perd quelques instants dans les tentures rouge du lit à baldaquin que nous partageons chez notre grand-père. Mes pensées dérivent vers lui un court instant.
Il est veuf depuis bientôt cinq ans. Sa douceur est l'une des premières choses à laquelle je pense pour le décrire. Shayën et moi l'adorons, c'est d'ailleurs réciproque, il nous appelle souvent ses petits rayons de soleil. Il est notre roc dans cet univers changeant et encore plus aujourd'hui depuis la mort de nos parents.
C'est le corps chaud de Shayën contre le mien qui me rappelle à l'ordre. Je me retourne vers elle pour regarder ce qu'elle fait. Elle est coucher sur le ventre et entortille autour de ses doigts des mèches de cheveux noirs, ses sourcils sont froncés et son regard est rivé sur l'écriture étrange du livre. Je soupire. Je sais très bien que dans c'est typiquement le style de situation où rien ne peut l'arrêter. Elle est clairement décidée à déchiffrer ce livre à tout prix...
Simplement je ne tiens plus en place. L'ambiance de la pièce est électrique et je commence à avoir l'impression d'étouffer. Je tousse de plus en plus fréquemment à cause de la poussière. Et ces foutus caractère commencent sérieusement à me taper sur le système.
Prise d'une toux plus forte, je bondis hors des draps, tire sur les rideaux du lit à baldaquin d'un coup sec et laisse pénétrer dans le lit l'air frais. Cette brise nocturne me fait frissonner de plaisir, le contact du sol gelé contre les pieds est comme une renaissance.
Je me retourne furtivement vers le lit ma chemise de nuit virevoltant autour de mes jambes.
« - Assez, murmurai-je d'une petite voix, on sort. »
« - Hé... mais... , rouspète Shayën »
Je ne lui laisse pas l'occasion de finir sa phrase, j'enfile hâtivement un pantalon pour me protéger du froid et me précipite vers la porte de la chambre. Je fais tourner doucement la poignée et l'ouvre sans faire trop de bruit. Je passe ma tête dans l'encadrement pour vérifier qu'il n'y a personne et fait signe à Shayën qui râle encore de se taire. La voie étant libre, je me précipite dehors et dévale le plus silencieusement possible l'escalier qui mène au rez de chaussé.
Je n'ai littéralement qu'une envie : sortir de cette maison. Le caoutchouc de mes bottes couine bien trop fort quand je les enfile mais mes gestes assurés limitent le bruit. A côté de moi Shayën est déjà prête et m'attend un moue impatiente sur la figure. J'arrache littéralement du porte manteau ma grosse parka noire.
La porte est ouverte et quand je me retourne je vois que Shayën une lampe torche à la main commence à descendre les marches du perron. Je referme précautionneusement la porte derrière moi non sans avoir jeter un dernier coup d'œil bienveillant vers la chambre de mon grand-père dont j'entends les ronflements sonores. Je referme doucement la porte d'entrée en souriant et me précipite dans la nuit noire.
Nous nous engageons sur une petite route tortueuse. C'est notre chemin de balade habituel et je suis qu'il va nous mener au puit. Nous marchons pendant une bonne heure quand je commence à apercevoir les briques rouges de ce derniers et les fougères qui l'entourent.
Quand nous arrivons à sa hauteur je me laisse tomber lourdement sur le sol en poussant un soupir de contentement. Shayën se glisse sans bruits à mes côtés. Nous restons là un long moments sans parler à regarder les étoiles au dessus de nos têtes.
Je me laisse aller alors contre le puits et ferme les yeux un court instant. J'entends doucement à côté de moi le bruit d'un livre qu'on ouvre timidement puis le bruissement de pages tournées. Sans prendre la peine d'ouvrir les yeux je grogne :
« - Encore ce maudit livre ? »
Shayën me répond en sifflant bruyamment et je sent sa main s'abattre sur ma jambe pour m'intimer le silence. Un rire s'échappe de mes lèvres et je me tourne vers elle pour lui faire la grimace.
Elle est plongée dans les caractères étranges du livre et ne daigne même pas se tourner vers moi. Fortement agacée je soupire à nouveau et tourne ma tête vers les bois environnant.
Je finis par me lever lassée de la situation et me met à tourner autour du puit. J'observe tous ses aspects, touche les briques du bout des doigts. Je me penche même au-dessus du trou pour observer le fond surement rempli d'eau vaseuse. Je me met à regarder au fond m'attendant à trouver de l'eau vaseuse. Mais à mon grand étonnement l'eau est limpide et claire.
« - Hé! je me met à crier pour appeler Shayën, c'est vraiment trop glauque, genre l'eau au fond là elle est méga belle. Elle est toute claire et tout... »
Je m'interromps soudainement et me frotte les yeux. J'ai cru voir au fond comme une étincelle dorée.
" Tu rêve debout ma veille." Je me marmonne à moi-même.
Shayën a rangé le livre et vient se placer à côté de moi.
« - Qu'est ce que tu me racontes. Comment ça l'eau elle est clai... Ooooohhh c'est super bizarre t'as raison. »
Je grogne pour lui répondre et m'apprête à lui demander son avis sur ce phénomène quand je me sens soudainement arraché du sol par une secousse brutale et basculer tête la première dans le puit. Mon hurlement de peur se perd contre les murs de ce dernier. Après une chute qui me semble interminable j'atterris violemment sur un sol relativement mou.
Prise de panique je me redresse d'un bond et me met à chercher partout autour de moi une quelconque explication sur ce qui vient de se passer. Mon cœur bat la chamade quand je constate que je me trouve dans une forêt que je ne connais pas.
Je suis à la fois terriblement excitée car j'ai l'impression de vivre une aventure qu'on ne trouve que dans les livres et prise de panique car je me retrouve soudainement propulsé au rang de héro perdu dans une monde inconnu.
Shayën m'effleure l'épaule et je me retourne vers elle. Nos manteaux on disparut et nos chaussures aussi. Heureusement la mousse est épaisse par ici. Je constate que la sacoche de Shayën est toujours à son épaule et que l'étrange livre doit y être lui aussi.
Une brise tiède se lève et emmêle nos cheveux. Nous échangeons un regard inquiet et un long moment s'écoule dans un silence pesant et étrangement doux. Soudainement avec la spontanéité des choses qui semblent naturelles, le son d'une flûte résonne entre les arbres et peu à peu la forêt enchantée émerge de son étrange sommeil.
------------------------------------
To be continued...
Alors ? Ce début vous à plu ? N'hésitez pas à me donner vos retours dans les commentaires, ça me fera très plaisir :)

VOUS LISEZ
Les Mondes d'Azmog
FantasiAu commencement était le livre, celui des prophéties sur tous les mondes et leurs fins inévitables. A 13 ans Morgane n'a pas basculé dans un chaudron de potion magique mais dans un puit. Avec sa sœur jumelle, elle se retrouve soudainement propulsé...