Chapitre 2

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NB: pendant les passages Entre  **, Sophie parle mais aucun son ne sort de sa bouche. Sabrina lit sur ses lèvres.
Elle trouvera un moyen de se faire entendre plus tard...

3 semaines après l'accident
« -Alors, comment va ma muette préférée?
*Sabrina, je t'ai déjà dit mille fois d'arrêter de m'appeler comme ça*
-Je m'en fous, j'aime bien moi. »
Comme vous le voyez, je ne me suis toujours pas remise de mon accident. D'après les médecins, si je ne parle pas d'ici une semaine, ce sera définitif , irrévocable.
J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps chaque nuit pendant une semaine. Maintenant, je m'y suis plus ou moins habituée. Les cauchemars que je fais sont horribles. Je revis l'accident en boucle, dès que je ferme l'oeil.

Mes traits du visage se sont habitués au fait que je ne parle pas. En effet, maintenant, on peut y lire toutes mes émotions.
«-Je dois trop te raconter! Hier je sortais de mon bus en revenant de mon cours de danse, et j'ai fait tombé mes clefs et un mec super beau me les as ramassées! »
Je l'invite à continuer.
« -Puis, il m'a souri et il est parti! Je suis sure qu'il m'aime, au fond! »dit-elle en regardant le plafond.
Sabrina et ses amourettes, une grande histoire.
Autrefois, j'étais pareille. Je parlais autant. Maintenant, je me contente d'écouter et de me ressasser en boucle les bons souvenirs. Je me parle même à moi-même.
Quand on ne peut pas le dire aux autres, on est bien obligé de trouver une personne pour nous écouter, même si cette personne n'est autre que notre conscience.
Je lui ai même donné un nom, Mo'.
Pourquoi? Je n'en ai aucune idée.
Je reporte mon attention sur Sabrina et j'éclate de rire. J'ai gardé mon rire, plus ou moins. Il s'entend juste moins fort. Ou peut-être que je suis la seule à l'entendre, dans ma tête.
Elle fait sa tête de hibou et mes rires redoublent d'intensité.
J'attrape un papier et je lui note pourquoi je rigole.
Elle fait semblant d'être vexée mais ne tarde pas à me rejoindre dans mon fou-rire.
Mon grand frère descend de sa chambre
« -Salut la mioche. »
Sympa, n'est-ce pas?
« -Oh, Salut Sabrina, dit-il d'un coup moins agressif. »
Celle-ci rougit. Je l'ai toujours soupçonnée d'avoir un faible pour Chris.
Je lui fait un doigt et il rigole.
Il est habitué. C'est un peu ma façon à moi de l'engueuler.
Avec Sabrina, on continue de parler de tout et de rien.( elle parle, et j'écoute ou répond parfois sur un papier).
Maintenant, j'écris des poèmes et des lettres.
Dans ces écrits, je dis tout ce que j'ai sur le coeur. Toutes ces phrases que je voudrais dire mais qui ne dépassent pas mes lèvres.

On est encore en vacances, mais la rentrée est dans une semaine. Je dois avouer que je la redoute un peu. Je redoute tous ces regards qui vont me juger. Certains auront de la pitié, d'autres se moqueront ou penseront que je fais semblant ou encore, les derniers s'en ficheront royalement. Je crois que ce sont encore ceux que je préfère.
Enfin, on n'y est pas encore.
« -Je te jure qu'au contact de sa main, j'ai ressenti quelque chose! »
Je lui lance un regard du style « ahah! Ouais je te crois ouais! »
Elle soupire et continue son récit sur le grand amour quand sa mère l'appelle d'en bas pour qu'elle rentre. Sabrina habite à quelques pâtés de maison de chez moi.
« -Viens, Sabrina, on rentre! Ah salut Sophie! Ça va ma chérie tu tiens le coup? »
Rachel est comme une deuxième mère pour moi.
Je lui offre un sourire qui ressemble plutôt à une grimace selon moi.
Quand elles sont parties, je vais dans le jardin. Il est tard, on peut observer les étoiles.
Depuis mon accident, j'ai pu apprendre à mieux profiter des choses qui m'entourent.
Je me couche dans l'herbe et ne tarde pas à m'endormir le regard tourné vers le ciel.

Je te prometsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant