L'inconnue lui tendis la main :
-Enchanté. Mon nom est Lower, Annabelle Lower.
La jeune fille reste immobile, perdue devant cette main tendue. Que veut cette dame ? Elle n'a rien en main, rien à lui donner.
-Tu es censée me serrer la main.
L'inconnue, qui maintenant a un nom, lui sourit. Ses yeux, entourés de pattes d'oies, semblent lire dans ses pensées.
-Oui.
"Oui". C'est le premier mot qu'elle prononce depuis une éternité. Sa voix est enrouée, le son peine à sortir de sa gorge. Elle tend sa main, qui rencontre celle d'Annabelle Lower. Un autre humain. Ce contact est étrange. Une peau. Mais avant qu'elle n'est pu détailler et comprendre cette poignée main, la femme à retirer son bras, et ce dernier est venu le long du corps de sa propriétaire. Un silence, encore un, s'installe.
La fille entend sa mère prendre la parole, après de longues secondes.
- Reviendra t-elle ?
Et le silence revint. Elle sait bien, cette fois, que c'est d'elle qu'on parle. Elle comprend la question, comprend ce que cela implique. Revenir. Pour pouvoir revenir, il faut être partit. Elle va partir, donc. Cela est sûr. Mais revenir ? La question devient lourde, tout à coup. Car rien n'est sûr.
- Je ne peux pas te le dire, Joséphine. Car je ne peux te répondre sans être certaine que ce soit véridique.
Joséphine reste droite, sans ciller. Sa respiration se saccade durant une demi-seconde, puis revient à la normale. Elle se tourne vers sa fille. Celle-ci regarde sa mère, voit sa bouche s'ouvrir, la voit hésiter, refermer la bouche. Enfin elle dit :
-Je le savais, au fond de moi. Je le savais. J'ai failli à mon devoir, j'ai raté. Tu vas partir. Et tu ne reviendra pas. Comme les autres.
Sa voix tremble mais son ton est assuré. Sa mère croit fermement à ce qu'elle vient de dire. La jeune fille ne comprend pas quels sentiments elle tente d'exprimer. Mais sa mère a déjà tourné les talons, et bientôt la porte du fond de la pièce se referme. Elle est parti.
La femme, Annabelle, soupire.
- Il était temps que je vienne. Son état est bien pire que ce que j'avais imaginé.
Elle montre ensuite du doigt l'escalier qui mène à la chambre de la fille.
- C'est ta chambre, là-haut ? Il y quelque chose que tu souhaiterais emporter ?
Elle réfléchit. Non. Elle revoit mentalement sa chambre froide et grise, la lumière qui lui brûle la rétine. Son lit. Le plafond, la porte. Non, elle ne veut rien emporter. Elle n'a rien à emporter.
La femme lui fait alors signe de la suivre, et se dirige vers la porte. L'ouvre. Une vive lumière éblouit la jeune fille. La femme disparaît dans la lumière. Sans un regard en arrière, elle la suit. Son pied franchit la porte. La lumière est aveuglante.
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Untitled
General FictionDans un monde vide de sens, l'Organisation tente de redonner son humanité à ses habitants, tous sous le joug et l'influence du terrible Réconciliateur. Untitled #18041, une jeune fille recueillie par les rebelles, cherche à trouver sa place dans ce...