Chapitre 4

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Alors qu'elle allait rentrer à l'auberge un petit objet métallique tinta dans sa besace. Elle y glissa la main, sentit le contact froid et reconnut la forme d'une clé : la clé de la salle du Conseil.
Sans plus y réfléchir, Colibry se dirigea vers le quartier général de la Ligue des Allianceux et ses pas la guidèrent jusqu'à la grande porte en bois d'ébène. Dans un cliquetis mélodieux, la prêtresse ouvrit la porte et découvrit l'immense salle inchangée, comme si elle l'avait quittée la veille.

L'impressionnante table de bois massif au milieu de la salle, l'immense cheminée où brûlait un magnifique feu qui réchauffait la pièce les soirs d'hiver, les grandes fenêtres qui donnaient sur le jardin du quartier général où fleurissaient chaque été de superbes cerisiers. Colibry entra dans la pièce et s'avança vers la table, y posa doucement ses doigts et en effleura le contour tout en marchant jusqu'à son ancienne place. Ses objets personnels étaient toujours à l'emplacement exact où elle les avait laissés : le tas de parchemins juste en face de son siège, l'encrier en haut à droite et la plume d'hippogriffe posée sur les parchemins. Cette plume qu'elle avait ramené lorsque Uisces lui avait confié le poste de secrétaire de séance.
Colibry passa un doigt sur un parchemin rugueux et un flot de souvenirs revinrent à sa mémoire... Les longues soirées autour de cette table, les débats parfois houleux mais aussi les éclats de rire, Warhead tapant du poing pour montrer son mécontentement régulièrement mais toujours amadoué par la bière apportée par Tholl, Dudu et Devil toujours prêts à détendre l'atmosphère semblant souvent se ficher de tout mais toujours de très bons conseils, Weeland toujours conciliant et Uisces impartial dans les décisions prises.
Qu'elle avait aimé ces moments-là ! Ces moments passés auprès d'eux qui étaient devenus sa famille...

Tandis que la nostalgie la gagnait, une larme perla à la commissure de son œil droit. Colibry ferma les yeux et expira longuement afin de retrouver ses esprits. Elle n'était pas venue ici pour raviver les blessures que cause l'absence. Elle savait que ce qui l'attendait non loin de là serait bien assez pénible mais elle lui devait au moins ça.

Pour sortir du bâtiment, elle longea le long couloir et passa devant la grande salle commune. Celle-ci paraissait calme ; quelques bribes de conversations parvinrent jusqu'à l'elfe lorsqu'elle se posta dans l'embrasure de la porte. Son regard embrassa l'espace mais elle ne reconnut personne. Des yeux interrogateurs se posèrent sur elle, les voix se turent mais aucun ne vint la questionner sur sa présence.
Très vite les conversations reprirent, Colibry tourna les talons et sortit de la grande bâtisse. Elle se dirigea alors vers la cathédrale, immense édifice au centre de la cité. Elle la contourna pour arriver dans les jardins et suivit un chemin fleuri longeant l'étang, sur la gauche se trouvait le cimetière. Une fois au bout du chemin, elle pénétra dans le cimetière et s'assit au pied d'une tombe fraîche, à la belle pierre de marbre blanc.

- Pardonne-moi, chuchota-t-elle, de lourdes larmes glissant le long de ses joues.
Tandis que l'une d'entre elles tombait sur la pierre, une main se posa sur son épaule.
- Tu sais qu'il n'aurait pas apprécié... Il ne supportait pas de voir de la tristesse sur ton visage, il préférait le voir illuminé par un beau sourire.
En entendant ces mots et reconnaissant la voix les prononçant, Colibry essuya ses larmes. Elle prit une longue respiration, adressa un sourire plein de tendresse à la tombe puis toucha du bout des doigts l'inscription sur la pierre fraîche.
Repose en paix Uisces, pensa-y-elle. Puisses-tu veiller sur nous depuis le royaume d'Elune.
Puis la prêtresse se retourna et sourit à Tholl qui se tenait toujours derrière elle.
- Viens, dit-il, allons à la taverne.

Comme je t'ai aimé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant