Digestion

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... qu'elle m'avait aimée dans le secret de tous et puis qu'elle avait cessé...

 Ces mains qui rampent sur ton corps me hantent plongent dans ma gorge telles des oiseaux de proie pour torturer mes boyaux avec leurs ongles et leur force de brutes et j'ai mal j'ai si mal de savoir que tu ne m'aimes plus c'est un ouragan de chagrin qui m'envahit et rempli chacune de mes cellules je souffre cou tendu vers ma nuit sans lune pour attraper quelques goulées d'air mais seules des nausées me parviennent et ce cœur qui bat trop fort ce cœur qui bat de travers pressé entre les paumes du chagrin je renferme tant de douleur alors que tes mots résonnent encore en moi comme les pas du bourreau qu'ai-je fait pour ne plus mériter ton amour qu'ai-je fait pour que tu arrêtes de m'aimer suis-je à ce point fade et vide que je ne puisse te retenir mon corps tout entier a mal et j'ai peur qu'est-ce que la vie sans toi est-ce qu'elle existe, la vie, sans toi je voudrais trouver le repos du sommeil centenaire pour me réveiller après le cauchemar dans un monde où plus rien de nous n'existe alors que nous sommes le trésor le plus précieux qu'il m'est arrivé de chérir et ces yeux désireux qui roulent sur toi et tes yeux doux qui leur répondent me poursuivent au travers de mes jours sans lumière je suis assaillie par la vérité de ton amour disparu et dans le chaos de mon monde qui s'écroule celui que j'ai construit et qu'il me semble avoir toujours connu je te sais envieuse des bras d'un autre mais je ne puis l'entendre car il s'agirait du dernier coup de hache nécessaire pour m'achever.

08 février 2019

 Aux confins de l'hiver le parfum du mimosa m'enivre et soudain la vie sans l'idée d'un nous me semble possible il est vrai que le soleil qui coule sur la fenêtre et que le fard qui habite mes paupières camouflent ma déchirure que la clarté du jour adoucit ce monde cruel où tu ne m'aimes plus mais pourtant je n'ai pas oublié ma blessure, ni dans l'antre des beaux jours mes chimères qui battent toujours au fond de mon ventre et ô ! comme je voudrais que tu sois là, rieuse dans ce sentiment de printemps ta main dans ma main qui tremble de renouveau les branches du mimosa qui trempent dans tes yeux d'eau et ta bouche nuageuse qui fleurit dans mon cou ô ! je voudrais tant que le bleu du ciel fonde sur ta peau pour combler seule ma soif que la senteur du mimosa soit notre signature l'ivresse de nos soirs que tu goûtes les cerises à venir sur le bout de mes lèvres et que tes cils comme un million de papillons éventent d'un battement d'ailes mes joues mûres à la lumière du jour éternel ô ! quelle privation que de vivre ce moment sans toi et quelle tragédie que de rester persuadée qu'il y aura toujours des fleurs pour toi sous mon ciel de février.

16-19 février 2019

☼ 

 Au fond de mes yeux crépite

Encore tel un sort

Qui soudain reprend vie l'image

De ces mains connaisseuses

Qui glissent sur ta

Peau

Ces bouches avides

Qui s'attablent à l'orée de ta

Chaire


Et le coup assourdissant du souvenir

Réveille un tourbillon de peine et de

Fracas qui gonfle en mon

Ventre

Jusqu'à s'éteindre de solitude

26 mai 2019

Chaque corps est un nouvel empire à polir de ta main je n'y vois que tes doigts aguerris y prodiguer mille et une étreintes qui ne me seront jamais offertes je ne vois que ta gorge qui étouffe et tes yeux larmoyants de plaisir quand ta bouche s'abreuve aux lèvres d'autrui je ne vois que ta peau embuée et chaque recoin de ton corps piqué de sueur quand ta chair se retrouve pressée dans des poings amis je ne vois que tes muscles gonflés d'adrénaline et tes tendons raidis prêts à céder quand tu t'empares des corps amants et je ne veux plus de ses illusions mortelles qui me hantent jusqu'au fond des os je ne veux plus des ses réalités qui tournoient dans le manège infernal du deuil trop lourdes pour être chassées du revers de la main ces pensées qui m'entravent et m'assombrissent.

26 juillet - 04 août 2019


 L'hiver avance rude et sec

il m'arrache à mes illusions

de ses doigts aigus elles fondent en flaques boueuses

je te vois nue je te vois coupante et pourtant

c'est toujours cet amour qui fait le tour de mon cœur

toujours cet amour qui renaît comme le jour après la colère la démence

et je vais à nouveau l'âme en paix

j'ai tant écrit pour ne jamais rien dire

et maintenant tes yeux se posent sur d'autres mains

c'est toujours cet amour qui je n'attends que de perdre

infime souvenir faible écho d'un poème


L'hiver m'enveloppe fatiguant et cinglant

il me rappelle la chaleur de tes regards

de ses poings craquant ils s'effritent en poudre bleue

je te vois lointaine et inconnue et pourtant

c'est toujours cet amour auquel je retourne comme l'on rentre chez soi

toujours cet amour qui me berce la nuit malgré les regrets la folie

et je trouve le repos du Jardin

j'ai tant espéré ton retour

la trace de mes yeux sur le carreau l'immortalise

c'est toujours cet amour qui comme une habitude ronfle entre mes poumons

et m'émeut aux l'armes


j'ai tant

pleuré

26 janvier – 17 février 2020

Cahier de poèmesWhere stories live. Discover now