Il existe un endroit où se rendent les âmes esseulées en quête de réconfort. Un lieu propre à chacune d'entre elles. Une résidence pure, et simple. Le renard retrouve sa tanière. Ceux la retrouvent leurs foyer, leurs maisons, leurs familles. Un bonheur tranquille ; une sécurité garantie.
Pour d'autres ce lieu est ailleurs. Un coin désert au bord de l'eau. Le point culminant d'une falaise. Ou un paysage imaginaire. Il est probable qu'il existe autant de temples que de paroissiens.
Certains n'ont rien, pourtant, sinon une ruine idéalisée. Un carré d'herbe et deux pâquerettes qu'ils s'approprient mais savent futile. Ce n'est pas la que leurs cœur veut être, et ils passent alors de terrain en terrain. De territoire en territoire. Un arbre un matin, un toit l'après midi et une fontaine le soir. Ou même un château... Rien ne satisfait leur besoin de sécurité. Sont ils nombreux ? Sans doute, oui.
Ce cœur en particulier ne résonnait nulle part. À chaque salve de battements il se vidait d'un sang pure et ne pompait plus que l'huile sombre et poisseuse de la désespérance qui peu à peu le ralentissait. Allait il mourir ? Il le voulait. Quoi de plus sécurisant que le néant ?
De pays chaud en pays froid le temps passa pour lui. Il rencontra bien d'autres âmes, mais il ne savait plus faire de liens. Il ne vivait plus. Ne restait de lui que des spasmes instinctifs lui permettant de fonctionner.
Puis il trouva. Son Temple. Un univers entier vibrant, vivant, enivrant. Un endroit accessible mais secret, où il retrouva foi. Cet endroit, il ne le vit jamais vraiment. Il dû l'imaginer, le façonner en restant fidèle à ce qu'il est. Qu'était il ? La plus merveilleuse montagne de marbre incrustée d'or et d'argent. La plus indicible abîme où rôdent des ombres malveillantes. Ou parfois un désert où dormaient des ruines silencieuses. Il était tout, et en même temps il était immatériel. Un rêve protéiforme.
Cette incommensurable toile de concepts nouveaux, de couleurs et d'émotions entra toute en résonance avec le cœur autrefois perdu. Non sans échouer parfois, il réapprit à battre au rythme de cet Univers, qui n'était autre que le cœur de son semblable.
