10 - the sound in the room

11 0 0
                                    

(music : IN MY ROOM - frank ocean slowed version)

deux mois se sont déjà écoulés depuis la fête à deux francs de l'autre pimbêche. mi-juin et les épreuves approchent à grands pas. à TRÈS grands pas. honnêtement, je pense être prêt mais vaut mieux ne pas se porter la poisse et ne rien dire. je fais ce que j'ai à faire devant ma feuille, c'est-à-dire donner le meilleur, et pour la suite on attend les résultats.
mes cours de soutien ont énormément aidé Ellie qui, je pense, est prête à tout défoncer. elle s'est donnée à fond ces derniers mois et je ne peux être que fière d'elle.
en parlant d'elle, c'est deux derniers mois ont été assez bénéfiques pour notre relation amicale. oui, amicale. rien n'a vraiment évolué entre nous et c'est peut-être mieux comme ça. enfin, on s'est pas mal rapproché mais Ellie reste assez distante sur le plan affectif et je ne veux pas la forcer à quoique ce soit. je veux juste qu'on est une relation chill et cool pour l'instant et puis, si par la suite elle venait à accepter d'aller plus loin, j'en serais plus qu'heureux. c'est pas plus mal, j'apprends à la connaître, à la comprendre, à la cerner. cependant, je dois avoué que pendant une ou deux semaines, j'étais triste ou plutôt déçu. mais, maintenant que ça va mieux j'me rends compte que ... tout est une question de cycle enfaite.

ça fait trois quarts d'heure que je suis devant la télévision à regarder Rick et Morty. mes parents sont absents, ma sœur est dans sa chambre, on est samedi. encore 30 minutes de solitude avant d'aller chez la beauté d'ébène pour les cours ou plutôt les révisions maintenant.
ah merde. les 30 minutes de solitude qu'il me restait viennent de se transformer en 30 minutes de « faire semblant d'écouter sa petite sœur ». j'aime ma sœur mais là, Jerry doit donner son pénis pour sauver un extraterrestre influent. savoir comment changer un pénis humain en cœur, ça m'intéressait vraiment. soit, accomplissons notre devoir de grand frère attentionné (que je suis vraiment, je précise !).

- Jay ?

- oui ma puce ? (la preuve)

- je voulais savoir si avec Ellie ... beh ... t'allais être amoureux d'elle quoi. demande Venus, gênée.

moh trop mignonne. pour le coup, je fais pas semblant de l'écouter. je l'écoute vraiment.

- tu sais Venus, l'amour ça ne marche pas comme ça. c'est pas si facile. l'amour, ça peut être magique mais ça peut être très douloureux également. faut juste attendre le bon moment et être prêt. être prêt à donner de l'amour et de l'attention à une personne et prêt à en recevoir en retour. avec Ellie, c'est ce qui se passe. enfin, je pense. de mon côté, je suis sûr de mes sentiments envers elle. mais peut-être qu'elle ne ressent pas la même chose, ou peut-être qu'elle n'est pas prête. ou bien c'est moi qui n'est pas prêt. tu comprends ?

- pas tout, mais j'ai compris l'essentiel. sourit-elle

je lui souris en retour. j'ai de la chance d'avoir une sœur comme elle.

- mais dis-moi, c'est très surprenant de la part de « madame je sais tout » de ne pas tout comprendre.

elle rigole. on a le même rire. bon, enfaite, Venus c'est mon portrait craché.

- pourquoi cette question ma puce ? dis-je plus sérieusement

- je l'aime bien. elle est super jolie en plus. et puis j'en suis sûre qu'elle ressent la même chose pour toi, te tracasse pas.

- j'espère Venus. j'espère.

elle me sourit, me fait un câlin que j'accepte sans hésiter et se lève pour remonter dans sa chambre. devant les escaliers, elle s'arrête et crie à la limite du hurlement.

- AH AUFAIT MON GRAND. JERRY DONNE PAS SON ZGEG FINALEMENT !

- VEEEEENUUUUS !

je l'entends rire aux éclats dans les escaliers. comme je disais, je l'aime mais cette boule de graisse subira ma vengeance un de ces quatre. quand je pense qu'elle a eu 12 ans hier. ça grandi trop vite. mais bon, autant me préparer pour aller chez Ellie maintenant.

15 minutes plus tard, je toque chez Ellie. Amé, sa mère, m'ouvre la porte toujours avec un beau sourire scotché aux lèvres. cette femme est une joie de vivre. elle m'enlace.

- bonjour mon garçon.

- bonjour Amé. vous allez bien ?

tandis que j'entre et enlève directement mes chaussures, elle me répond.

- merveilleusement bien. viens prendre un milkshake à la coco que je viens de faire. Ellie n'est pas encore rentrée, elle ne devrait pas trop tarder.

j'accepte et nous nous dirigeons vers la cuisine. c'est bizarre. Ellie ne m'a pas prévenu et c'est vraiment pas son genre. mais j'en déduis que c'est la confiance qui commence à faire son effet. son père n'est pas là non plus, elle doit sûrement être avec lui.
m'enfin, je sirote mon milkshake-coco - délicieux cela dit - et discute une bonne heure avec Amé. je commence à croire qu'Ellie m'a oublié ... mais la compagnie de sa mère est tout autant agréable.

- Amé, ça vous dérange si je monte pour aller au toilettes ? demandé-je

- bien sûr que non mon grand. je t'en prie, vas-y.

je monte à l'étage me vider la vessie. j'avais l'impression que j'allais exploser. en sortant des sanitaires, je passe devant la fameuse porte fermée avec un cadenas. je ne sais toujours pas ce qu'il y a dedans mais j'avoue que c'est assez intriguant et même effrayant. quand j'ai demandé à Ellie la première fois, elle n'avait pas trop apprécié cette curiosité et c'était renfermée dans son mutisme. ayant eu peur qu'elle se fâche, je n'ai pas reposé la question ou essayé de comprendre. mais maintenant, cette porte est devant moi et j'ai été très rapide aux toilettes, j'ai encore quelques minutes avant que ça ne paraisse suspect.

je m'en approche rapidement et inspecte le cadenas, qui est assez gros. alors que j'essaie malgré tout d'ouvrir la porte (c'est bête puisqu'il y a un cadenas mais autant tenter sa chance), j'entends du bruit provenant de derrière cette porte. des bruits assez étranges comme des grognements, des raclements de gorge à la limite de l'humain. il y a quelqu'un enfermé dans cette chambre.

au même moment j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Ellie est arrivée. je descends rapidement les escaliers et me force à l'accueillir avec un sourire. elle me sourit en retour mais paraît désolée.

- ça fait longtemps que t'es là ?

- une heure ou peut-être un peu plus. répondis-je

- je suis désolée. chuchote-t-elle en se pinçant les lèvres, gênée

- c'est rien, ne t'inquiètes pas. j'étais avec ta mère et on a bien discuté.

elle me sourit et je lui rends son sourire mais je n'arrive pas à être présent. la pensée qui me taquine l'esprit se fait de plus en plus insistante.

il y a quelqu'un enfermé dans cette chambre.

CyanideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant