Cyanide

3 - the mission

(music : THINKIN BOUT YOU - frank ocean)

- Jaron Hoffman et Ellie Osan sont attendus dans le bureau du principal immédiatement.

à peine mon repas avalé, mon nom et celui de la nouvelle sont criés dans les haut-parleurs du lycée. génial. qu'est-ce que j'ai fait ? rien justement.

- tiens, en parlant du loup, voilà qu'il pointe le bout de sa queue. dit Zackary

- laquelle ? demande Tobias

je vous présente Zackary et ses expressions très appropriées.
je vous présente également Tobias et ses questions très réfléchies.

- Tobias ? ferme ta gueule. balance Jeffrey

- j'y vais, on se voit après.

- ouais, à plus Jaron.

en m'avançant vers la sortie, je vois la nouvelle qui s'approche elle aussi. dès qu'elle me voit, elle met son casque. à croire qu'elle est née avec un casque.

dans les couloirs, je ne peux pas m'empêcher de la regarder. elle est métisse et elle a de longues tresses noires. elle n'est pas grande mais elle n'est pas petite non plus. elle a de belles courbes, des formes où il en faut. elle a un style streetwear et surtout, elle a des yeux verts. des yeux en amandes, d'un magnifique vert. pour être honnête avec moi-même, je dois avouer qu'elle me plaît beaucoup. mais je ne suis pas du genre à sauter sur tout ce qui bouge. la preuve, je n'ai jamais été en couple avant. pas que personne ne s'est jamais intéressé à moi. non, au contraire, c'est moi qui ne m'intéresse à personne. et puis, on dira que je suis narcissique - ce qui est absolument faux - mais j'ai plutôt un physique avantageux : châtain foncé voire brun, yeux bleus/verts, grand, sportif. j'aurais pu en mettre dans mon lit mais briser des cœurs et jouer avec les sentiments ce n'est pas mon trip. je préfère laisser ça aux autres.

- tu veux un mouchoir ?

elle a parlé. elle m'a parlé. elle m'a parlé ?

- non parce que tu baves. t'en mets partout c'est dégueulasse.

ok, elle m'a encore eu.

- t'as des yeux dernière la tête la nouvelle ?

- et toi ? t'as la mémoire endommagée ?

- comment ça ?

- mon nom a été hurlé en même temps que le tiens tout à l'heure. plus besoin de m'appeler la nouvelle.

- ah ouais ? désolé, j'ai pas dû bien écouter alors.

- t'as pas bien écouté non plus quand l'autre baltringue t'a dit mon nom ?

elle m'a encore eu. ça fait déjà trois fois en une matinée.

- qui te dit qu'elle m'a dit ton nom ?

elle s'arrête et se retourne pour me regarder droit dans les yeux. ok, je ne pensais pas qu'elle était si belle de près.

- la fête de vendredi.

déjà ?! et bien, Chloë a finalement fait ce que je lui ai dit de faire. et plus vite que je ne le pensais. je regarde Ellie, perplexe. elle m'a pris de court, j'ai plus les mots. c'est quand elle toque à la porte du bureau du principal que je me rends compte qu'on est déjà arrivé.

- et du coup ... tu vas y aller ?

elle n'a pas le temps de répondre que la porte s'ouvre sur le principal.

- monsieur Hoffmann, mademoiselle Osan. entrez.

le principal nous laisse la voie libre et nous entrons dans son bureau. d'un geste de la main, il nous invite à nous asseoir. une fois assis, il nous regarde tout les deux avec un grand sourire. je sens la boutade arriver.

- si je vous convoque aujourd'hui jeunes gens, c'est par rapport à l'arrivée très récente de mademoiselle Osan. comme vous le savez tout les deux, les examens de fin d'année sont très bientôt et sachant que vous, mademoiselle, venez de France et en cours d'année. vous allez donc avoir besoin d'aide pour vous adapter et pour rattraper votre retard.

il marque une pause en jetant un coup, son regard sur Ellie, un coup, sur moi. je vois où il veut en venir, d'où ma présence ici.

- et ? dit Ellie

- et mademoiselle, vous avez à vos côtés un des meilleurs élèves de dernière année. monsieur Hoffmann ne s'est pas porté volontaire mais je sais qu'il vous aidera avec grand plaisir.

oh que oui. avec un très grand plaisir.

- de plus, monsieur Hoffmann a la fâcheuse tendance d'arriver en retard à ses cours. donc autant faire d'une pierre deux coups.

- est-ce qu'on a le choix ?

aïe. ça fait mal. cette question veut tout dire.

- mademoiselle Osan. je sais que c'est dur de débarquer dans un nouveau pays, en pleine année scolaire mais vous devez y mettre du votre. de toutes manières, j'ai appelé vos parents, à vous deux d'ailleurs, et ils sont d'accords. vous irez tous les jours chez l'un et l'autre, en alternant, pour travailler après les cours et ce, durant deux heures minimum, samedi inclu.

- jusqu'à quand ? demande mademoiselle Osan

- jusqu'à ce que vous passiez vos examens.

alors, je m'attendais à tous sauf à ça. c'est pas pour me déplaire mais vu comment Ellie souffle à côté de moi, je vois bien que ça la saoule déjà. ça va être épique.

- cette décision est à prendre en compte dès aujourd'hui. mademoiselle Osan, vous serez désormais dans la classe de monsieur Hoffmann. maintenant jeunes gens, vous pouvez retourner à vos occupations.