Chapitre 7

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Théo rentra chez lui, une sensation désagréable logée dans sa poitrine. Ses muscles étaient tendus depuis sa session avec Jade. Lorsqu'il fut rentré chez lui, il écouta sa messagerie vocale. Deux messages, l'un de Maxime, l'autre de sa mère. Il fut surpris par ce dernier, la voix de sa mère était éraillée et faible. Elle avait quelque chose d'important à lui dire. Il la rappela sans attendre.

— Allô ?

— Maman ? Tu vas bien ?

— Bonsoir Théo, oui je vais bien. Mais... Je ne sais pas comment t'annoncer ça.

— Ne tourne pas autour du pot. Dis-moi ce qui se passe.

— C'est ton père. Il est à l'hôpital. Il a encore fait une crise cardiaque, et le diagnostic... Enfin... Les médecins disent que son état est préoccupant.

Théo serra si fort ses poings qu'il crut que ses tendons allaient lâcher.

— Et qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?

— Théo... Je sais qu'il s'est mal comporté, mais-

— Mal comporté ? Il a préféré se camer plutôt de s'occuper de sa famille, et tu veux que je m'inquiète de son état de santé ?

— Non, écoute-moi s'il te plaît, répondit sa mère sur un ton plus assuré. Je ne regrette pas de l'avoir quitté, mais quoi que tu puisses dire il reste ton père. Je sais que ça fait des années que tu refuses de le voir, mais il est en fin de vie. Je ne veux pas que tu regrettes de ne pas avoir été présent durant ses derniers instants.

Théo se mordit la langue. Sa mère était également témoin du comportement de son père, mais elle était bien trop gentille avec lui. Peut-être qu'elle avait réussi à lui pardonner, mais c'était loin d'être le cas pour Théo. Il n'avait pas la moindre envie d'entendre ses excuses, du moins s'il en avait. Les souvenirs qu'il croyait enfouis refirent surface. Il sentit son pouls accélérer.

— Peut-être que ça lui apprendra que le temps ne se rattrape pas, déclara-t-il.

— Tu ne penses pas ce que tu dis.

— Je suis sérieux. Il a fui ses responsabilités, et ça l'a mené à cette situation. Rien de ce qu'il pourrait dire ne réparera ses conneries. Il a cru qu'il échapperait à la mort, et dans sa faiblesse d'esprit il a volontairement ignoré toutes les opportunités qu'il avait d'arrêter. Ce n'est que la suite logique des choses.

— Tu es en colère. Je ne peux pas croire que tu penses réellement ce que tu dis.

— Si tu veux.

Un bref silence s'installa, il entendit sa mère soupirer à son oreille. Théo se calma petit à petit.

— Je t'envoie par mail les coordonnées de l'hôpital. Tu restes libre de tes actions, finit-elle par déclarer.

— D'accord. Et... désolé de m'être emporté.

— Je comprends très bien. Si tu voulais en discuter à nouveau, je serais là.

Ils se dirent au revoir et Théo laissa sa mère raccrocher. Il s'écroula dans son fauteuil et posa sa tête dans ses mains. Il regretta d'avoir été aussi froid envers sa mère, mais il ne put s'empêcher d'éprouver une profonde colère envers son père. Petit à petit, il se rendit compte qu'il la gardait depuis des années en lui, et voilà qu'elle se réveilla.

Après plusieurs minutes, il se calma. Pour la première fois, le silence de la nuit lui parut insupportable.

* * *

𝑬𝒏𝒕𝒓𝒆 𝒍𝒆𝒔 𝒍𝒊𝒈𝒏𝒆𝒔 (Prof/Élève)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant