Trop Béta pour être aimé

8- Le chien-loup

-Pffiouh! Je crois qu'on les a semé.

Lila, essoufflée, s'était laissée tomber sur le banc d'un parc après avoir couru deux bons kilomètres et marcher jusqu'à l'autre côté de la ville. Elmen, quant à lui, voyait ce brusque marathon comme une promenade de santé pour avoir coursé nombre de bêtes à travers la forêt. 

Le loup-garou s'assit à son tour et dévora le dernier donut qui lui restait tout en détaillant le ciel vespéral qui teintait déjà le ciel, l'hiver s'approchant. Il se lécha les babines avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis leur départ de Donut-Island:

-De quoi avais-tu peur? 

Il avait entendu les battements affolés de l'humaine avant de courser et voyait la tension lui peindre un visage empli de crainte. Cependant Elmen n'avait pas vu l'origine de ce trouble.

Lila se tortilla sur place en essayant de trouver les mots justes:

-Disons que certaines personnes ne sont pas des amis, resta-t-elle vague. Des individus dont je préférerais éviter tout contact avec eux. 

-Pourquoi? Qu'ont-ils fait de mal? 

L'ancien béta s'était rapproché et pencha la tête sur le côté en attendant de plus amples explications. Lila tordait ses mains, ne sachant que dire pour éviter de nouvelles interrogations de l'oméga.

-C'est compliqué et je ne souhaite pas te mêler à cette histoire. Tout ce que je peux te dire est que ces personnes sont dangereuses.

Elmen voyait bien que la jeune fille n'était pas pour autant rassérénée. Elle cachait ses craintes sous une stature droite et une voix posée mais son cœur battait le rythme d'un chant funèbre.

Il ne savait comment la rassurer et l'aider à abandonner ces sombres pensées. Le lycaon se rappela alors les gestes quasi rituels lorsqu'un membre de la meute était retrouvé mort après un combat ou une chasse qui s'était mal déroulée. Le lycanthrope se pencha alors, appuya sa tête sous le menton de la jeune fille et se mit à rouler de la tête. 

-Qu- qu'est-ce que tu fais?!

-Je te console.

Elle n'eut pas le courage de le repousser violemment en entendant ces mots, alors Elmen  continua son manège avant qu'il ne relève enfin sa tête et que son regard chaleureux croisât celui déboussolé de Lila.

-Je... Merci, se contenta-t-elle, à court de mots. C'est assez inhabituel.

Face à cette remarque, Elmen posa l'une de ses inévitables questions:

-Comment les humains se consolent-ils ?

-Eh bien, tout dépend de la situation et de la personne. Entre amis, on utiliserait plutôt les mots et si on est tactile, on rassurerait l'autre par des gestes ou des câlins.

-Des câlins? répéta l'éternel curieux qu'était Elmen.

Elle se rendit alors compte qu'un quadrupède était incapable de faire une telle gestuelle.

-C'est quand tu serres quelqu'un entre tes bras, expliqua-t-elle tout en imitant. C'est pour partager ta présence avec un autre, lui offrir sa chaleur humaine en quelque sorte. Quand on fait un tel geste, c'est aussi pour lui communiquer un message. Lui dire qu'on l'aime, qu'on se sent proche de lui ou qu'on sera là quoi qu'il arrive... Désolée, c'est assez difficile à expliquer. Tout dépend de l'intention que tu veux mettre dans ton geste. 

Elmen regardait le sol à ses pieds lorsqu'il prononça ces mots:

-Je vois... - Il releva la tête et se tourna vers elle, tout sourire. - Est-ce que je pourrais essayer de faire un câlin sur toi? Je veux être sûr de le faire bien!