Qu'Oudjat vous protège

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(Suite de « Souvenirs »)
Attention c'est ici que l'histoire diffère de l'univers original. De plus je suis loin d'être une experte en écriture, les conseils sont les bienvenus!

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Les poings crispés contre la table holographique de la zone où était actuellement menée la mission du commandant Morrison, le grand allemand retenait son souffle. Son oeil valide fixait comme si sa vie en dépendait les différents points rouges sur la carte en trois dimensions, ils indiquaient les positions des agents sur le terrain. L'un d'eux se déplaçait à vive allure dans l'un des plus grands bâtiments de la ville, droit vers les étages supérieurs. «Ana Amari», c'était leur capitaine et meilleure snipeuse qui grimpait les étages quatre à quatre, au grand damne de ses camarades.

-Reinhardt, appelle d'urgence la capitaine! Elle doit se replier au plus vite et nous rejoindre à la base! Hurla presque son ami Jack dans son oreillette. Dis-lui que nous sommes en sécurité maintenant et qu'il n'y a aucun mort à déplorer, seulement quelques blessés qu'Angela est déjà en train de remettre sur pied, elle doit à tout prix revenir.

-Compris...

La voix du croisé s'étrangla à la fin de sa phrase. Évidemment qu'il avait essayé de la contacter juste après qu'elle ait coupé la communication et éteint son oreillette, qu'est-ce qu'il aurait pu faire d'autre? Mais elle n'avait pas répondu et avait couru dans ces foutus escaliers pour abattre le tireur embusqué, pour les protéger jusqu'au bout. Maintenant il ne pouvait que croiser les doigts et prier le ciel et les dieux de la terre natale de la snipeuse pour qu'elle remporte ce duel.

À sa droite un homme aux épaules carrées et à la musculature saillante, preuve de son entraînement et son ancien métier dans l'armée américaine, faisait les cent pas en grommelant dans sa barbe. Son meilleur ami avait faillit mourir sous le feu de La Griffe et maintenant sa meilleure amie se mettait dans un danger inconsidéré alors qu'elle aurait simplement pu fuir, il était fou d'inquiétude autant qu'hors de lui. Et cela avait le don d'inquiéter l'allemand de plus belle.

Le point rouge se mit à clignoter frénétiquement sur la carte. Il fut comme projeté à travers la pièce dans laquelle il se trouvait avant que les clignotements ne deviennent plus intensifs. Reinhardt sentit son coeur louper un battement, ses mains furent prisent de violents tremblements. Seulement deux raisons pouvaient pousser ce petit point à clignoter comme un cœur hyper ventilé: soit l'oreillette d'Ana avait été endommagée d'une manière ou d'une autre, soit elle avait été gravement, voir mortellement blessée, les capteurs de l'appareil pouvant capter les signes vitaux de celui qui la portait.

-Ana, réponds, c'est Rein! ANA!

Hurler ne servit à rien, elle ne pourrait pas répondre dans les deux cas, il fallait faire vite, la dernière chose que l'allemand accepterait de perdre serait sa belle égyptienne, elle était l'un des trois piliers d'Overwatch et surtout la femme dont il était épris.

-Angela, Jack, il faut que vous alliez récupérer Ana, je crois qu'elle est en très mauvaise posture et sa vie est très sûrement en danger...pitié allez la sauver...

Jamais dans sa vie le grand croisé ne s'était senti aussi faible, même lors de la mort de son camarade et supérieur lors de la grande bataille d'Eichenwalde. Il ne supporterait pas que la capitaine meure sous le feu de l'ennemi alors qu'il aurait pu la sauver en participant à cette opération et en protégeant tout le monde de son bouclier. Oui, si elle mourait ce serait entièrement de sa faute... Et même la main compatissante de Reyes posée sur son bras n'y changerait rien.

L'attente lui parut une éternité alors qu'une dizaine de minutes s'étaient écoulées depuis son message. Le grand blond s'était recroquevillé dans un coin de la pièce de commandement, Gabriel avait pris le relais pour guider ses camarades en sécurité. Il releva un instant la tête vers l'allemand, le visage fermé:

-Ils ont Ana, elle est salement blessée. Cette saloperie de sniper l'a touché en plein crâne, au niveau de l'œil droit. Angela à réussi à maintenir son état sur le trajet mais vu comment elle m'a décrit la situation ce serait un miracle si elle passait la nuit.

L'allemand accusa le coup, retenant le premier sanglot de sa vie avec une difficulté monstrueuse.

-Ils arrivent tout juste, Ana a repris conscience sur le trajet et ils vont l'emmener en soins intensifs au plus vite...nous ne pouvons que prier...

L'américain s'éloigna sur ces mots, sûrement vers ses quartiers. Ses poings serrés n'avaient pas échappés au regard du croisé; évidemment que l'état de sa meilleure amie le préoccupait, comment pourrait-il en être autrement? Alors pourquoi est-ce qu'il se sentait comme soulagé de ne pas être accompagné de cette tête brûlée pour aller à son chevet, comment était-il seulement capable d'éprouver de la jalousie dans un moment pareil?

Il arrêta bien vite ses réflexions lorsque ses pas le menèrent devant les quartiers d'Angela, dans lesquels se trouvait maintenant l'égyptienne. Il ne prit pas la peine de toquer et entra. La première chose qui le choqua fut la pâleur mortelle de la snipeuse. Son teint d'habitude d'un beau chocolat semblait presque délavé. Une couche de bandages déjà rougis recouvraient la quasi totalité de sa tête, exceptés son oeil tatoué et le bas de son visage. L'infirmière suisse tenait une poche de perfusion en l'air à son chevet, elle semblait totalement dévastée, si dévastée qu'elle ne réagit même pas lorsque Reinhardt s'assit de l'autre côté du lit pour attraper la main fine de l'égyptienne entre les siennes, comme un moineau qu'il protégerait de tout danger, comme il voudrait être le bouclier d'Ana, comme il aurait voulu se prendre cette balle à sa place car il y aurait mieux résisté et qu'elle serait hors de danger si il avait accepté de faire partie de l'opération et non de rester à les guider. Comme il s'en voulait...

Une pression entre ses mains le fit revenir à lui. De son oeil valide, Ana le fixait avec intensité, un sourire crispé aux lèvres. La docteur s'était éloignée, sûrement pour leur laisser un peu d'espace mais il discernait ses sanglots dans la pièce voisine, cela lui enserra un peu plus la poitrine de chagrin.

-Ne t'en veux pas Rein...

Ses yeux le piquaient atrocement et il se fit violence pour ne pas pleurer, pas pendant qu'elle parlait, au moins par respect autant que par amour.

-Je suis contente d'avoir pu te revoir...et qu'Oudjat vous protège...

Elle ferma son oeil valide et la pression dans les mains de l'allemand disparut. C'est seulement à ce moment qu'il laissa son désespoir éclater, un cri de douleur lui déchirant la gorge et la pointe glacée d'une épée lui pourfendant le cœur.


-Et bien, la situation s'améliore à ce que je vois et sur tous les points, fis la suisse avec un sourire d'entrain.

Le croisé hocha la tête, tout aussi rayonnant. À son bras s'accrochait la main encore frêle d'Ana, elle aussi illuminée de bonheur. Ses blessures avaient finis par guérir grâce à l'acharnement du docteur Ziegler et les nombreuses nuits blanches passées à son chevet. Même son oeil avait guéri et ce parce que la valkyrie avait usé d'une technologie tout juste mise au point visant à régénérer les cellules d'un corps humain, elle avait fait des merveilles.

Reinhardt avait tout dévoilé à la belle égyptienne à son réveil, trop préoccupé de la perdre une seconde fois pour s'inquiéter du ridicule dont il avait fait preuve. Mais peu importait maintenant, le sourire qu'Ana lui lançait valait tous les trésors, toutes les batailles du monde.

Recueil de One-ShotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant