Le ciel est dégagé, le printemps fait petit à petit son apparition, et le soleil se lève sur la ville. Le quartier Est est bruyant comme à son habitude, les boutiques commencent à ouvrir, les volets claquent, les panneaux s'allument.
Le bâtiment bleu au bout de la rue, juste après le convenience store, lui aussi s'éveille. Les portes s'ouvrent, des voix s'élèvent. La petite vieille du rez-de-chaussée ouvre les fenêtres du couloir pour aérer, celle qui donne sur la ligne de train aussi. D'ailleurs le train passe comme à son habitude, il traverse les champs, la rivière, le petit bois, puis pénètre dans la ville, et s'arrête de plus en plus fréquemment.
Il y a une station en face du bâtiment bleu ou le train passe tout les matins un peu après l'aube. Peu de monde sur la ligne aujourd'hui, un enfant et son vélo au fond du wagon, un homme en costume et sa mallette assis à côté de la porte, une jeune femme avec un bouquet de fleurs. Elle le tient fermement de sa petite main, tout en s'accrochant au barreau du haut de son mètre soixante. Les fleurs sont secouées les une contre les autres, leurs pétales, solides se frottent contre la veste de la petite brune. Des chrysanthèmes, blanches. Elle descendra dans quelques minutes, et ira rejoindre son ami. Il lui a promis de ramener de l'encens.
"Celui qui sent bon l'herbe coupé" avait-elle précisé en riant les yeux légèrement humides, car l'herbe coupé lui fait penser à quelque chose de frais et verdoyant. Un peu comme un sourire.
Alors que le train repart, un grand coup de vent balaie le hall de l'immeuble bleu du coin de la rue. La vieille dame monte les escaliers, tout doucement, les locataires dorment encore pour la plupart, elle s'arrête au deuxième étage et fixe la porte de droite. Pas de bruit, pas de lumière, cela fait plusieurs jours que rien ne se passe ici. Elle se demande si le jeune homme qui y loge se porte bien, un petit pincement de tristesse lui serre le cœur en y pensant. Elle ira lui porte à manger plus tard, lorsqu'il se réveillera.
De l'autre côté de la porte, le jeune homme est bien éveillé.
Seul dans son appartement. Il marche. Le long de ce long couloir sombre, il promène sa main sur le mur, ses doigts courent sur la paroi rugueuse. Lorsqu'il sent la douceur du bois sous sa peau. Une porte.
Qu'est ce que cette porte fait ici?
Que fais-tu ici ?
Il glisse sa paume jusqu'à la poignée, et en sent la froideur alors qu'il ressert sa prise autour du métal. Face à la porte désormais, il ne se souvient pas de ce qui se trouve derrière. Il voudrait savoir, mais c'est un peu effrayant. Le couloir est sombre et ses pas ne le porteront pas autre part.
Tu peux entrer?
Il reste face au bois les bras ballants. Le parquet est chaud, l'air est figé, toutes les fenêtres sont fermées, aucun bruit ne se fait entendre, et aucun son ne l'aurait atteint de toute manière. Le regard éteint, il fait bien trop sombre pour qu'il sache même si ses yeux sont ouverts.
Immobile face à cette porte, il se décide à faire un geste. Il exerce une pression sur son bras et entend le craquement du bois, la porte est ouverte. Il laisse son bras retomber. Il ne comprend pas vraiment.
Comment cette porte s'est ouverte?
Il pose doucement son front contre le battant et sent la porte céder doucement sous son poids. Il retrouve la vue peu à peu, la pièce est lumineuse. Ses yeux se plissent face à cette clarté soudaine.
Ça va aller?
Un pied, puis l'autre. La pièce est fraiche, un courant d'air parcoure sa peau, la fenêtre est ouverte, le vent faire voleter les rideaux et les derniers rayons du soleil se posent sur le sol, à moins que ce ne soit les premiers? Il n'a plus vraiment la notion du temps.
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Sweet Story, Recueil {勝デク}
Fanfiction{{Je ne savais plus ou nous allions, mes pas suivaient simplement les siens alors que nous déambulions dans la nuit. Notre auberge me semblait si loin, je voulais que le temps s'arrête que tout disparaisse, sauf lui, et son regard. Ses yeux fiévreux...