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13. Mauvaise humeur

Depuis quelques semaines, quelque chose ne va pas. Quelque chose ne va pas chez Yoongi. Il a commencé à ne plus du tout sourire, puis à se refermer sur lui-même. Et maintenant, il est carrément agressif avec nous. Je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe. Tout ce que je sais, c'est que je supporte de moins en moins bien la situation, et je ne suis visiblement pas le seul. C'est pour cette raison que cette après-midi, Namjoon a décidé d'avoir une conversation avec lui pour savoir de quoi il en retourne. J'ai bien conscience qu'on en aura sûrement aucun retour, mais si ça peut apaiser la situation, c'est toujours mieux que rien.

Yoongi et moi n'avons pas toujours été proches l'un de l'autre. Il nous a fallu du temps. Du reste, Yoongi a mis du temps pour accepter la présence des membres du groupe. Aujourd'hui encore, ça lui arrive d'avoir du mal. Mais avec moi, maintenant, tout va mieux. Nous ne montrons presque pas aux fans notre proximité, et ça lui arrive souvent de se moquer de moi et de mon humour, par exemple. Mais je sais que c'est seulement pour amuser la galerie et qu'il ne le pense pas. Oui, tout va bien entre nous deux, nous sommes de très bons amis et il n'est pas rare que nous nous confiions l'un à l'autre. Enfin, ça, c'était avant. Avant qu'il ne devienne un fantôme de lui-même et rejette même ma présence.

Je soupire. Ca fait déjà plusieurs jours que Namjoon et Yoongi ont eu une conversation et j'ai l'impression que ça n'a eu aucun effet. Namjoon n'a rien voulu dire à personne, je ne sais même pas s'il a obtenu des informations. Il y a forcément une raison à l'attitude de Yoongi, mais il y a fort à parier qu'il ait refusé d'en parler avec notre leader. Son comportement n'a pas changé, j'ai même l'impression qu'il s'éloigne encore de nous. De moi, plus précisément. Il attend que je dorme déjà pour venir se coucher dans notre chambre et il se lève avant que je ne me réveille.Je n'y comprends plus rien. Il ne m'adresse plus la parole que devant les caméras, et encore. Il se comporte de la même façon avec les autres, mais c'est moins pire qu'avec moi. Je commence vraiment à n'en plus pouvoir et à ne plus supporter la situation. J'ai envie de lui dire ce que je pense et ce que je ressens à cause de lui, mais je sais que je ne peux pas le faire. Je le connais assez bien, et je sais que s'il agit comme ça, c'est qu'il ne va pas bien. Je ne peux pas me permettre de le rendre encore plus mal qu'il ne l'est déjà. Alors je vais simplement prendre mon mal en patience et tenter d'entrer en contact avec lui en douceur. Il a besoin que quelqu'un l'aide, et je suis prêt à prendre cette place.

C'est ainsi que plusieurs semaines s'écoulent. Chaque jour qui passe m'éloigne encore plus de lui et de notre amitié. Je ne veux pas le perdre. Je ne peux pas le perdre. Non, je ne peux pas vivre sans lui. Je le sais depuis longtemps déjà. Yoongi est spécial. Il est celui qui me permet de respirer et qui me redonne de l'énergie quand je n'en ai plus. J'ai cru mourir quand il nous a annoncé avoir une copine l'année dernière. Mais je n'ai rien montré, je suis resté fort pour lui. De toute façon, je n'ai pas le droit de le voir comme autre chose qu'un ami. Pire encore, Yoongi est supposé être un frère pour moi. Nous sommes tous frères. Alors, mes sentiments, ils sont à proscrire. Je n'ai pas le droit. Seulement, je ne peux pas les empêcher d'exister pour autant. Et en ce moment, ça me torture. Son comportement me fait bien plus de mal que je ne veux bien l'admettre. Et mes sentiments pour lui sont de plus en plus forts et me rongent de l'intérieur. C'est un peu bête de penser comme ça, mais j'ai l'impression de me consumer de l'intérieur. Le feu ravage chacune de mes cellules et à la fin, il n'en restera rien.

Cette nuit, une insomnie est venue me cueillir en plein milieu de la nuit. C'est une chose absolument inhabituelle pour moi. Je ne me réveille jamais en plein milieu de la nuit. Et quand je dis jamais, c'est jamais. Pas même quand Yoongi fait des allers retours pendant ses propres insomnies. Je suis capable de m'endormir n'importe où, dans n'importe quel volume sonore. Je ne sais pas trop comment j'en suis arrivé là. Je suis sorti de mon lit et mes pas m'ont porté dans la cuisine pour aller boire un verre d'eau et me rafraîchir le visage. Puis je me suis retrouvé par terre, roulé en boule, mes bras entourant mes jambes. Je me suis retrouvé là, à pleurer toutes les larmes de mon corps dans le plus grand des silences. Ma souffrance n'a même pas eu le droit de s'exprimer dans le bruit dont elle avait besoin. J'ai dû fermer les yeux un instant, je ne sais pas trop si je me suis endormi ou si je me suis évanoui à cause de la douleur dans ma poitrine.