1_Hiver

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Son souffle s'écrasait sur la vitre dans un fillet de vapeur froide. Ces derniers dessinaient des formes fantaisistes sur la vitre accessoirement toile de cet art élémental. Les flocons de neige tombaient mollement vers le sol, dans une dance nonchalante, négligée mais artistique. Seul des petits coups de vent venaient troubler leurs arabesques. Avec mélancolie, Lionna observait la neige recouvrir la rue de son manteau blanc. Il devait être déjà 8h.

"Une tempête vient de souffler sur la région dans la nuit. La température atteint les -2 degré. Alors n'oubliez pas de bien vous couvrir si vous sortez ce matin." Recommandait la voix gaie du journaliste de la télé.

Encore depuis ce matin, la jeune femme soupira. Le temps triste lui rappelait des évènements auxquels elle ne voulait pas vraiment penser. La belle rousse qu'elle était n'avait guère l'envie de sortir en ce temps glaciale. Elle détestait cette saison. Que de mauvais souvenirs.

Pour se soustraire à ces mauvaises pensées, Lionna saisit la télécommande et zappa distraitement la télé. Il n'y avait pas de programme intéressant à cette heure au grand dam de la jeune styliste. Son téléphone vibra sur la table, la délivrant de son ennuie. A peine un regard sur l'écran qu'un sourire déformait ses lèvres.

_Allo maman. Dit-elle

_Salut ma chérie. Entonne t-elle. Comment vas-tu?

_Aussi bien qu'hier maman. C'est plutôt à toi que je devrais demander cela.

_Je me porte comme un charme.

_Que me vaut donc ce charmant appel si ce n'est pour me parler de Grognon.

Le rire franc de sa mère élargi encore plus son sourire. Il est vrai que le chien de sa matriarche n'en faisait qu'à sa tête.Une fois,il avait saccagé toute la cuisine juste pour avoir ses croquettes que finalement il n'avait pas toucher. Cela encore n'était qu'un petit exemple. Il avait une fois de plus saccager la cuisine mais... celle des voisins. C'était un vrai capharnaüm et le portefeuille de la styliste s'en souvient très bien. Malgré le mauvais comportement du canidé, Mme Klaus n'arrivait pas à s'en séparer sous prétexte qu'il lui rappelait son défunt père.

_Non il n'a rien avoir avec cet appel. Ricane la mère de Lionna. Ces derniers temps, il est sage comme une image.

_Temps mieux. Souris la belle rousse. Mon compte en banque ne supporterai pas un autre virement.

Le rire de sa mère jaillit encore une fois du téléphone.

_N'en fais pas trop non plus. Bref, je ne t'ai pas appelé pour parler du chien. Tu sais bien que Mathis est retourné en Californie.

_Bien sûr, c'est mon petit frère quand même.

Lionna jaugea le silence à l'autre bout du fil. Elle se demandait bien ce que sa mère lui dirai à propos de son frère. Son petit frère était très cachottier et ne se confiait qu'à sa mère. Depuis son jeune âge, il a toujours été un fils à maman mais cela n'enlevait rien à son courage et à son instinct débonnaire. Comme le jour où il avait vaillamment accouru pour l'aider quand Janus, un de ses ex, voulais la brutaliser. Elle fut saisi d'étonnement tout autant que lui. "Sans doute l'amour familial" avait-il sourit tout en soignant sa mâchoire endolorie. A partir de là, ils avaient été plus proches qu'avant bien qu'il privilégie son affinité avec sa mère.

_Je sais. Mais il m'a appelé hier pour m'informer qu'il...

_Qu'il quoi maman. Aller, crache le morceau.

_... Qu'il compte se marier dans deux mois avec Anisse.

_Waouh. S'écria Lionna. J'en reviens pas. Il s'est enfin jeté à l'eau. Je le lui avait dit. Elle et lui étaient fais pour s'entendre.

_Je sais. Je le lui avait dit aussi. Enfin. Depuis le mariage de ta sœur, je n'ai plus mis le pied à la mairie.

_sauf pour Grognon. Dirent-elles ensemble.

Deux rires joyeux furent conjugués de part et d'autre de la communication. Jamais Lionna ne se lassera de ce rire. Sa famille était son pilier, elle mettrai tout en œuvre pour juste la voir sourire.

_Ah oui. Je me souvient bien de ce mariage. Elle m'avait harcelé nuit et jour pour que, selon elle, je n'oublie pas sa robe. Comme si ça pouvait arriver avec sa traque.

Mme Klaus se retint de s'esclaffer.

_Oui, je m'en souviens.

Un silence paisible s'imposa un instant avant que la voix de Mme Klaus ne retentisse d'un ton mal assuré.

_Ma chérie, commença la sexagénaire. Je ne voulais pas aborder ce sujet mais c'est plus fort que moi.

Lionna soupira en comprenant dans quel sens dérivait la conversation.

_Ne soupire pas pas jeune fille. Tu as 27 ans et il serait...

_Maman, tu connais mon avis sur ce point là. Lui coupe t-elle la parole

_Oui mais il serait temps que tu te reprenne. Tu ne sort plus avec tes amis et tu es pratiquement absente tout le temps. Tu as changé Lionna et je n'aime pas du tout.

Lionna se réfugia dans son mutisme comme à chaque fois que ce point était mis sur table. C'était son moyen à elle de faire comprendre son désir de stopper la conversation. Sa mère l'avait bien compris car elle n'insista pas et après quelques "à plus ma chérie" et des "au-revoir maman", elle raccrocha. Le téléphone quitta sa paume pour s'échouer sur le divan. Lionna posa sa tête sur le haut du dossier en soupirant pour la dernière fois.

Encore. Encore et toujours.

Elle saisit toujours là moindre occasion pour mettre ça sur le tapis. Peste Lionna intérieurement.

Elle sais bien que sa mère s'inquiète de mon bien être mais son insistance a parfois le pouvoir de l'agacer. Sa mère n'était pas la seule à s'en inquiéter. Elle même ce demandait ce qu'il adviendra d'elle. Mais c'était sa vie et les intrusions n'étaient pas vraiment sa tasse de thé. En plus, cogiter sur sa vie lui refilait une migraine dont elle se passerai bien. C'était déjà assez de ce le ruminer, pas envie qu'on en rajoute.
D'un bond, elle décolla ses fesses du divan et traversa le salon. Ses pas la portèrent jusqu'à la salle de bain où le tissu de sa fine nuisette caressait sa peau pendant qu'elle se déshabille. En tenue d'Ève, elle s'approche du miroir et observe avec intérêt la femme devant elle. Rousse, yeux verts, le teint un peu rosi, poitrine de dimensions acceptables, 1m74. Cette fille devant elle avait un boulot plus que payant, une personnalité attrayante... Que lui manquait-il? Que lui manquait-il au point... Les coins de ses yeux se perlèrent de ces quelques gouttes salées qu'elle versait maintenant un peu moins. Elle secoua la tête. Non. C'est bon, ça va passer. C'est passé.

Elle attacha ses cheveux en chignon et plongea dans sa baignoire. Aller un bon bain et zou, au travail.

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Chapitre plutôt triste mais la saison rigolade est pour bientôt. J'ai voulu pour ce premier chapitre que ce soit l'auteur qui explique. Ultérieurement, je ferai peut-être un point de vue de l'héroïne. Mais bref, vous en pensez quoi?

#Roukitologie🥰

#Roukitologie🥰

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Un dernier sourireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant