3_Tornade Soraya

60 9 3
                                    

Finalement, elle décida de faire un détour vers la station de lavage pour éliminer toute cette neige et redonner un coup de jeune à la carrosserie de sa Renault hybride. Le petit bijou qu'elle s'était achetée il y'a deux mois. Orange aux tons brun, flamboyant comme sa claire chevelure. Un vrai petit bijou.

La conversation avec Jason lui trotte encore dans l'esprit. Se rappeler du passé ne pouvait mieux briser le train de bonne humeur que filait la journée. Et l'autre chose aussi, pour ne pas reprendre les mots de son ami... D'abord sa mère puis son meilleur ami. Après quoi? Le Pape va venir lui même me donner des conseils. Quoi que François ne pourrait pas vraiment avoir grand chose à lui dire sur ce sujet. Mais plus sérieusement... Plus elle pense à tout ça , plus elle se remet en question. Était-ce vraiment la meilleure résolution à prendre ? Suivre la vie comme elle le sent? Se laisser conduire comme le poulet de chair qui sait sa fin proche? Se contenter d'observer et ne pas participer ? Foutue réflexion.

C'est avec ces joyeuses pensées, ironie quand tu nous tiens, que Lionna arrive à la station. Elle remet les clés a un employé puis s'éclipse dans les toilettes. Les turbines de son cerveau ont tourné à toute allure. Il fallait qu'elle ait les idées claires en rentrant faute de quoi, les dessins de sa collection devront attendre et ça, c'est nope.

Elle pénètre dans les sanitaires et ouvre la première porte. Quelques minutes après, la chasse d'eau se fait entendre puis le jet d'eau du lavabo. Les mains propres, Lionna se passa un peu du liquide clair sur le visage. La douce mélodie de Havana de Camilla Cabello flotte dans l'air. La jeune femme prête son oreille aux mots de la chanteuse. L' amour avec des mots un peu... Humm, elle aimait bien.

La musique se poursuit avec des claquements inhabituels. Les sourcils froncés, elle prêta attention à cette nouvelle sonorité. Elle en chercha la nature. Des claquements. De doigts ? Non, de langue. Source? Elle tourne lentement sur elle même pour croiser une tête qui la fixe, dépassant de l'embrasure de la troisième porte. Une tête brune pointait dans sa direction pour confirmer sa question muette. Oui, c'est à elle que s'adresse la jeune et belle inconnue. Belle oui, elle l'aurait vu ainsi sans cette mine de alerte et cette situation aussi incertaine qu' inconfortable.

_J'vous parle. Retentit une voix, celle de la femme.

_Heu... À moi? Demande bêtement la styliste, troublée.

_Mais bien sûr qu'c'est à vous qu'j' parle. On'est pas trois qu'j' sache.

Lionna croise les bras, courroucée pas le manque de tact et de politesse de la jeune femme. Remarquant le changement de son interlocutrice, la brune esquisse un sourire désolé.

_Escusez-moi madame. Dit-elle. Je suis un peu en rogne parce que j'attendais que quelqu'un entre depuis trente bonnes minutes. Désolé. Pouvez-vous m'aider s'il vous plaît ?

Lionna penche la tête sur le côté.

_Comment puis-je le faire ? Abdique t-elle

_En fait... Je... Euh... Comment vous dire... J'ai été surpris par les anglais et j'ai rien prévu contre alors... Si vous pouviez... Euh... M'aider.

Lionna prend du temps avant de saisir le sens de la phase. Ses yeux se font ronds. Nom de... Mais... Com... Elle était littéralement sur le cul. Comment peut-on ne pas prévoir cela? C'est quand même la moindre mesure, le premier réflexe... Et si elle n'était pas passée par là, elle serait rester quoi, deux heures à attendre ? Elle en avait déjà fait trente alors...
La jeune styliste resta là à observer la jeune femme comme si on lui annonçait le mariage du Pape. Du jamais vu en somme.

La jeune femme, gêné par le regard effaré de la rousse, se racle bruyamment la gorge puis relève obstinément la tête.

_Alors, vous m'aidez ou pas parce que là, ça urge. Presse t-elle.

Un dernier sourireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant