Le Second Plan

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Sombre décors, flou puis vite oublié,
Les acteurs principaux sont passés, tu es balayé,
Mais tu subsiste, même quand la pièce est terminée,
Dans l'ambiance tamisée du vieux théâtre délabré.

Éblouit par les projecteurs, tu as goûté la gloire,
Tu as été applaudit, tu as contemplé le succès
Qui s'est retiré, le décors reste dans le noir,
Les héros emportent la lumière et te laissent au passé.

Figurants, comparses, troubadours de seconde classe,
Qui n'ont pourtant rien à envier à ceux de première,
Ni le charme, ni la science, ni la fougue ni la grâce,
Seulement une place pour pouvoir chanter leurs vers.

Comme cette image, chacun veut son horizon,
La tête gonflée, nous nous inventons uniques,
Notre hisoire doit forcément être épique,
C'est normal : personne ne veut être le second.

On veut vivre sur le devant de la scène,
La star aimée doit être nous !
Éblouits d'égocentrisme malsaine,
Nous et nous seuls, nous savons tout !

Mais nous oublions que notre temps est compté,
Notre vie n'apparaît pas, elle nous est donnée,
Nous pensons à nous, comme nos frères nos amis,
Un inconnu pense aussi que tout se résume à sa vie.

Chaque personne emprunte son propre chemin,
On croit les choix déterminants, ce n'est pas la réalité,
Toutes décisions restent de bien fades dessins,
Dans le grand tableau qu'est l'éternité.

Les liens que l'on tisse nous semblent importants,
Une trahison et le monde paraît s'effondrer,
Mais tout avance, notre douleur n'arrête pas le temps,
L'ennemi maudit peut déjà avoir oublié.

Et je contemple ce triste spectacle, tiraillée par la peine,
La peur m'accroche, elle relit la mort à l'oubli,
La vie d'un autre ne vaut pas moins que la mienne,
Nous disparaitrons tous quand ce sera fini.

Alors je regarde le noir tomber sur la scène,
Des coulisses je ris de ceux qui se croient tout-puissants,
Que ce soit le fou, le paysan, le valet ou la reine,
Tous sont mortel, et rien ne retient le temps.

Il s'éfile perfide, et alors que nous plantons nos graines,
Il tue notre histoire, personne n'est utile finalement,
Et je me moque souvent de ma volonté humaine,
D'un jour fendre la foule, sans être reléguée au second plan.

Homme


Le 24/06/2019

Et mon cœur pleure...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant