Elyne dormait à moitié, la tête posée sur l'épaule d'Edwin. Il avait passé sa main autour d'elle, la tenant doucement par la taille. Elle avait senti ce contact peu avant de se mettre à somnoler, mais n'avait pas réagi : ça ne la gênait pas.
Elle avait passé une nuit blanche, stressée de devoir reprendre les cours après les deux jours de « repos » que Maître Jasond lui avait imposé. Edwin l'avait appelée le matin même, pour savoir si elle revenait au collège, et si elle participerait au cours de judo le soir. Elle avait confirmé sa présence, et il lui avait alors proposé de rentrer en bus avec lui ; ainsi, ils pourraient se rendre au dojo ensemble. Elle avait accepté, le remerciant pour sa gentillesse.
À présent, ne pouvant lutter contre la fatigue, elle s'était endormie. Mais un rêve angoissant vint troubler son sommeil :
Elle se trouve dans la clairière du grand ivib. Habituellement, l'endroit est un puits de lumière, mais en levant les yeux vers le ciel, elle le trouve couvert par de sombres nuages. Inquiète, elle se rapproche du tronc. Étrangement, l'écorce semble se moduler, pour former un mot, qu'elle déchiffre avec peine : « Danger ».
Un curieux grondement résonne alors, et Elyne lève subitement la tête. Le ciel s'obscurcit, la nuit semble s'abattre soudainement. Et le grondement continue, tout proche. Il lui semble percevoir des bruits d'animaux, elle plisse les yeux pour tenter de les discerner. Des silhouettes, petites et allongées, se déplacent lentement, tournant autour de la clairière. S'agit-il de groöls ? Elyne a soudain l'impression de n'être qu'une proie, piégée par des prédateurs prêts à lui bondir dessus.
Les monstres sortent alors des fourrés et commencent à s'avancer, créant un cercle se refermant lentement sur elle.
– Danger... danger...
Le mot continue de flotter autour d'elle, chuchoté par des voix qu'elle ne connaît pas.
Son regard est soudain attiré par le feuillage rosé de l'ivib : une étrange fumée, provenant de la cime de l'arbre, descend le long de son tronc. Effrayée, elle s'écarte, mais la fumée l'ignore et glisse jusqu'au sol. Les groöls, pas après pas, se rapprochent. Les volutes de fumée se densifient, deviennent plus compactes, jusqu'à former des sortes de tentacules. Les groöls s'arrêtent, incertains. Puis, d'un accord commun, ils détalent dans la forêt.
Elyne se réveilla, sentant que quelqu'un la secouait doucement par l'épaule. Peinant à se redresser, elle cligna des yeux. Edwin la regardait.
– C'est mon arrêt. Il faut qu'on descende ici.
Encore ensommeillée, elle leva la tête. Où était passé le grand ivib ? Pourquoi n'était-elle plus dans la clairière ? Elyne reprit lentement ses esprits, et se souvint de ce qu'il s'était passé. Elle devait prendre le bus avec Edwin pour se rendre chez lui. Les groöls, l'ivib, la clairière et la fumée n'existaient pas : elle avait simplement rêvé.
Ils prirent leurs sacs et descendirent dès que le bus s'arrêta. Edwin garda le bras autour de sa taille, elle ne le repoussa pas. Ils marchèrent silencieusement jusqu'à chez lui ; la jeune fille était trop fatiguée pour parler. Une fois arrivé, le garçon lui ouvrit la porte et la laissa entrer. Elle ôta ses chaussures et les laissa dans l'entrée, tandis qu'il la débarrassait de son sac.
– Wow, même le mien n'est pas aussi lourd, commenta-t-il.
Elle sourit en le couvant d'un regard doux.
– Il y a mon kimono, dedans. Il alourdit le sac.
– Tu es tellement crevée que tu as du mal à garder les yeux ouverts, mais ça ne te dérange pas de porter ton sac, alors qu'il pèse deux fois ton poids, la taquina-t-il.
VOUS LISEZ
Aura de Feu - Tome 2 : Le jeu des masques [Édité]
Ficção CientíficaLorsqu'une banale rentrée scolaire se transforme en une lutte pour leur survie, il devient évident qu'Elyne Witteck et Bluter, son Gardien, ne sont plus en sécurité, sur Terre comme dans le monde d'Emreë. Tandis que les tentatives d'assassinat sembl...