Chapitre 3 S'amuser Partie 2

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À ma grande surprise, je l'enfile sans aucun problème. Seule ma poitrine, qui est plus imposante que celle de mon amie, est légèrement comprimée dans le décolleté. Quand je me regarde dans la glace, j'en perds mes mots.

Marie a vraiment des dons pour le maquillage, mes joues rondes semblent plus dessinées. Le noir apposé sur mes paupières fait ressortir le bleu de mes yeux. Je n'avais jamais pris la peine de m'occuper de mes cheveux autrement qu'en leur enfilant un chouchou, ils retombent désormais telle une avalanche brune dans mon dos. Quant à la robe, je dois avouer qu'une fois portée, elle fait beaucoup moins vulgaire. La fente latérale donne en un côté sexy sans trop en faire. Si mes seins, que j'ai toujours trouvés trop gros, ne ressortaient pas autant, je serais presque prête à sortir comme ça. J'entends l'origine de cette transformation frapper à la porte.

— Léo ? T'es toujours là ?

Je n'arrive pas à me détourner du miroir. Je pourrais presque ressembler à une personne normale. Celle qui me fait face n'a pas perdu l'amour de sa vie. On pourrait même penser qu'elle est heureuse si des traces noires n'étaient pas en train de se former au contact de ses larmes.

— OK, tu commences à me faire peur, je rentre !

Marie analyse le résultat de son travail avec un grand sourire, qui s'efface dès qu'elle croise mon regard. Elle me prend dans ses bras.

— Oh ma chérie ! Tu es magnifique ! J'espère que ce sont des larmes de joie ! Tu aimes ?

— Je... étonnamment oui... Je pense que ça me plaît, bredouillé-je.

— Attend, quoi ? J'ai bien entendu ? Répète !

Je rigole doucement.

— Oui, j'aime. Je suis désolée, j'ai ruiné ton travail, dis-je en montrant le mascara qui dégouline sous mes yeux. Par contre, il n'y a pas moyen que j'aille dehors avec des seins qui sortent autant !

— T'inquiète ! Je vais arranger ça rapidement pour le maquillage, et je te passe un débardeur pour masquer le décolleté même si je pense que c'est inutile. Je tuerais pour avoir ta poitrine !

Après un long débat concernant les chaussures, je réussis à garder mes sandales plates. J'ai la chance de faire deux pointures de moins que mon amie, ça a sauvé mes pieds de ses hauts talons.

Marie nous appelle un Uber. Elle ne sait pas faire trois pas dehors sans prendre sa voiture ou se faire conduire. Personnellement, j'ai toujours préféré marcher, mais l'idée de déambuler dans les rues à cette heure et dans cette tenue me refroidit rapidement. À l'approche du départ, je commence à paniquer. Pourquoi l'ai-je laissé m'entraîner là-dedans ? Je me demande ce que penserait Malo en me voyant dans cet accoutrement.

Sentant mon stress, mon acolyte de la soirée nous sert deux grands shoots de vodka avant de partir. Je n'ai jamais bu d'alcool, je n'en ai jamais compris l'intérêt. Chercher à perdre le contrôle à travers l'ébriété, je n'aime pas vraiment l'idée. Pour autant, j'accepte le verre et le bois cul sec. Sur le moment cela me semble la seule solution pour ne pas me défiler et partir en courant. Marie hoquette de surprise.

Une fois devant la boîte, la vodka a déjà fait effet, je me sens étonnamment détendue. Si un seul verre arrive à calmer mes angoisses, je ne préfère pas savoir les ravages que ferait une nouvelle dose. Je décide qu'il n'en aura pas d'autres ce soir.

Une longue file s'est formée devant l'entrée et s'étend dans toute la ruelle. Je ne connais pas la vie nocturne lilloise, mais j'en déduis que le Switch doit être un lieu populaire. Marie me prend la main. Nous dépassons tout le monde, non sans certains grognements. Une fois en face du videur, elle le salue et nous franchissons sans problème la porte. Je suis étonnée de voir qu'on ne nous demande même pas de payer l'entrée. Je sais que mon amie sort souvent, mais je ne pensais pas qu'elle avait ce genre de laissez-passer.

Cyclone | Publié ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant