Chapitre 2 Recommencer Partie 1

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2 septembre 2017

Après une courte nuit, qui n'arrange en rien mon mal de dos, je trouve enfin le courage de me débarrasser des clés et je reprends la route vers mon studio. Je m'y rendors quelques heures, le dernier roman de Musso en main, avant d'amorcer le rangement. Je trie mes affaires de cours dans mon nouveau bureau, cela me rattache un peu à mon ancienne vie. Réussir mes études a toujours été une priorité pour moi.

Dès mon enfance, j'ai compris que je ne pourrais compter sur personne. Malo a été le seul sur qui j'ai pu me reposer un instant. L'indépendance et les études étaient et resteront mes portes de sortie. L'idée de la rentrée m'angoisse autant qu'elle m'apaise. Me replonger dans les révisions m'aidera à penser à autre chose. A contrario, remettre les pieds dans ce lieu, retrouver la promo, tout en sachant qu'il n'y a plus qu'un studio vide qui m'attend le soir, me paralyse.

En fin de journée, l'appartement est enfin rangé et habitable. Je décide de m'aventurer dehors pour remplir mon frigo. Je dois abandonner l'idée des courses sur le pouce quand la faim n'est plus supportable. J'ai perdu douze kilos depuis le mois de mai. Même si cela n'a pas fait de mal à ma silhouette, il faut que je me focalise sur la réussite de ma licence et cela passe par des placards pleins. Je ne connais que très peu le quartier de Wazemmes. Malo préférait rester dans le centre de la ville, plus sécurisé à son goût. Je me demande ce qu'il penserait en me voyant ici, au milieu de l'animation présente, en ce samedi ensoleillé.

La foule m'a toujours angoissée et ces derniers mois n'ont rien arrangé. Les sorties ont été totalement bannies de mon quotidien. Pourtant, aujourd'hui, au sein de la multitude d'individus cosmopolites, je me sens étonnamment à l'aise. Je prends le temps de parcourir les rues, je rentre dans plusieurs magasins, découvrant des produits autant asiatiques que maghrébins. Je me surprends même à répondre au sourire d'une mamie qui tire un chariot garni de divers fruits et légumes. Ce n'est qu'à la tombée de la nuit que je me décide enfin à rentrer. Pour la première fois, depuis ce 18 avril, je trouve facilement le sommeil, au cœur des nouveaux draps fleuris offerts par Marie. Je le dois très certainement aux efforts du déménagement, moi qui suis devenue une habituée des journées affalées dans le canapé avec un livre. La nuit précédente à même le sol a également aidé. Malgré tout, il m'est impossible de me souvenir de la dernière fois où je me suis sentie aussi sereine.

Je passe mon dimanche à faire toutes les activités possibles permettant de fuir mes pensées lunatiques. Après une nuit enfin reposante, je me suis levée avec une motivation toute nouvelle. J'ai le droit de me relever. Je vais y arriver. Après trois mois à subir, dès demain, je me prends en main. Puis, après une douche et un bon café, je tombe sur le fameux tee-shirt en cherchant une tenue dans le dressing. Mon cerveau se retourne. Mes perspectives sont réduites à néant. Comment puis-je penser que j'y arriverais seule ? Mon avenir était tracé, désormais je ne sais même plus ce que je souhaite réellement. Est-ce que j'ai envie de reprendre les cours demain ? Je ne suis, objectivement, pas du tout prête à affronter les autres et leurs regards.

La journée me semble interminable, remplie d'agitation, de changement d'humeur, avec une montée d'appréhension constante. Quand l'interphone retentit, je ne suis pas dans les meilleures dispositions. Comme à son habitude, Marie s'installe sur mon canapé. Je lui demande en soupirant :

— Est-ce qu'un jour tu prendras la peine de prévenir avant de passer ?

— Pour quoi faire ? C'est pas comme si je risquais de me retrouver devant un appartement vide ! Et puis, de toute façon, tu ne regardes jamais ton téléphone, réplique-t-elle.

— Mhh...

— Bon, tu es prête pour demain ? T'as choisi une tenue de bombasse pour la rentrée ?

Cyclone | Publié ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant