3- Soirée Agitée

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J'ouvre les yeux. Je vois d'abord la tête de Sana, puis le plafond. Lorsque mes sens reviennent, je me rends compte que je suis allongée sur le parquet de son couloir. Assez d'humiliation pour aujourd'hui, je me lève brusquement en m'excusant auprès de mon amie pour toute cette agitation.
- Mais... Tu es sûre que ça va ?
- Je vais très bien, comme toujours.
J'enfile rapidement ma veste et sors en lui demandant pardon une nouvelle fois.
- Hay ? lance-t-elle de sa fenêtre, pas de connerie !
Je cours. Je vais le plus vite possible. Je parcours les deux kilomètres qui séparent ma maison de la sienne. Arrivée devant chez moi, je me calme. Les larmes reviennent. Je ne peux pas entrer comme ça. Je n'en ai pas envie. Je sors mon téléphone et compose le numéro qu'elle m'avait donné au Starbucks.
- Hallo ? lance sa voix à l'autre bout de la ligne téléphonique.
- Ariana ?
- Ça va Hay ? s'inquiète-t-elle.
- Quelle est ta couleur préférée ? demandai-je en ignorant la question qui devenait presqu'un bonjour pour moi.
- Bleu électrique pourquoi ?
- Pas mal. La mienne est le gris. Juste entre le noir et le blanc, car tout n'est pas toujours sombre ou clair. Il faut trouver le juste milieu.
- Ça va Hay ? Tu n'as pas bu quand même...
- Je voulais simplement entendre ta voix.
- Écoute Hay, j'ai bien réfléchi, et je pense que c'est allé un peu trop vite entre nous et...
C'est peut-être possible de tomber plus bas finalement.
- Je crois ne pas comprendre Ariana. J'ai adoré ce baiser.
- J'ai peur Hay... L'amour est souvent éphémère tu sais.
- Tout comme la vie. Tout est éphémère.
- J'ai compris, c'est impossible de te contredire.
- Tout à fait, riai-je.
Une voiture roulant à plus de 100 km/h est passée devant moi. J'ai sursauté.
- Tu es dehors ?demande Ariana qui l'a apparemment entendue.
- Devant chez moi.
- C'est pas prudent Hay, tu devrais rentrer.
- Tu t'inquiètes pour moi ?
- Bien sûr ! C'est l'un des symptômes de l'amour.
J'ai souri. On a continué à parler plus de vingt minutes, puis je suis rentrée chez moi.
- Je suis rentrée, lancai-je dans le hall.
Personne ne m'a répondu. J'ai discrètement lâché ma veste et mon téléphone et monté ma garde. Je peux paraitre parano, mais ils répondent toujours. Toujours. Je pousse légèrement la porte d'un coup de pied. La pièce est vide. Une ombre a apparu sur le mur d'en face. Il est de l'autre côté de la porte, je l'entends respirer. D'un coup de pied brusque, j'ai claqué la porte derrière moi et, sans réfléchir, comme toujours dans les moments d'action, j'ai lancé mon poing droit dans le visage de l'homme devant moi. Il a crié et m'a repoussé de ses bras musclés. Mes pieds se sont emmelés dans le tapis et j'ai trébuché. Ma tête est passée à quelques millimètres du coin de la table basse. C'est mon frère.
-Merde ! criai-je, désolé Alex !
Je me suis approchée de mon frère accoudé au meuble, les écouteurs sur les oreilles. Il tenait sa mâchoire d'une main, et dans l'autre, son  téléphone en pleine charge sur la prise derrière la porte. Il sort de la douche, d'après ses cheveux bruns trempés.
- Pourquoi t'as fait ça ? gueule-t-il en retirant ses écouteurs.
- Tu ne répondais pas, je croyais que c'était un cambrioleur.
- Et tu crois que tu l'aurais maitrisé avec le peu de force que t'as ?
J'y avais réfléchi, mais seulement une seconde après le coup. Il ne m'a pas balayé comme il l'aurait fait il y a quelques années. À maintenant 19 ans, il ne me victimise plus. Au contraire, il est devenu assez protecteur. Il s'est penché et m'a tendu la main. Je l'ai prise et me suis relevée.
- Toi t'as pas passé une bonne journée, conclut-il en voyant mes yeux encore rouges.
- Juste la soirée.
- C'est qui ? Demande-t-il en redressant ses épaules fines mais musclées.
- Personne. Où est maman ?
- Elle dort.
Ma mère est sans cesse crevée de son boulot de patrone et mon père travaille de nuit, on ne le voit donc que le matin.
Je suis allée chercher une pomme dans la cuisine et me suis assise devant la télé tout en faisant mes devoirs pour demain. Alex, lui, est allé dans sa chambre. J'ai fait de même quelques minutes plus tard. Mais contrairement à lui qui est un vrai koala, je suis insomniaque. J'ai tourné en rond dans mon lit jusqu'à trois heures, où j'ai commencé à devenir folle. Je me suis levée et j'ai lu. Je fais tous les soirs et on peut dire que ce n'est pas une partie de plaisir. J'ai mis une musique calme dans ma chambre à l'aide de mon énorme enceinte et allumé le diffuseur d'huiles essentielles. Les bonnes odeurs sont recommandées pour le sommeil, ce à quoi je ne crois absolument pas, mais je le fais quand même. Calme toi, tu dois avoir de l'énergie pour demain. Mais pour quoi ? Pour comprendre les exercices ennuyants à mourir de Français ? Finalement il est quatre heure et demi lorsque je sens mon corps plonger dans les bras de Morphée.
Le temps ralentit. Ma tension baisse. Mes nerfs se calment. Je m'endors.

ArianaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant