Chapitre 5 : Lili

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Lili n'était pas du genre haineuse. Enfin, cela dépendait. Là, en l'occurrence, elle sentait une flamme de colère - non, de hargne - s'allumer en elle.

La scène qui se produisait devant elle la dérangeait fortement.

Cette nouvelle, Thyline, Thylene ou quelque chose comme ça lui tapait déjà dangereusement sur le système. Pour l'instant, Lili restait silencieuse. Elle s'était promise de devenir une meilleure personne et d'arrêter sa haine gratuite. Mais elle sentait un nouveau volcan gronder en elle.

Ce n'était pas tant de la faute de Thylane. La vérité, c'était que Sam, son ex qui l'avait larguée puis rejetée comme une merde, regardait Thylane avec des yeux qui la dérangeaient. Ce regard avait toujours été destiné à Lili. Maintenant, il semblait réellement intéressé par une autre, la première depuis leur rupture, et cela déplaisait à la blonde. Elle savait que depuis le temps, elle ne devait plus rien espérer de Sam, mais elle sentait qu'elle perdait la dernière once d'emprise qu'elle avait sur lui. Difficile à admettre, mais cela l'emplissait de tristesse.

Ils étaient actuellement en train de manger au self. Sam venait tout juste de s'assoir à côté de Thylane, alors que cette dernière mangeait seule, ignorant superbement les regards intrigués sur elles. Lili sentit la colère l'envahir lorsque le rouquin sourit à la brune. Jusqu'alors, après leur rupture, Sam s'était avéré très solitaire et cette Thylane était la première qui captait son attention. Qu'avait-elle de si spécial ? Qu'avait-elle de plus que Lili ?

Lili n'écoutait même plus les conversations autour d'elle. Elle tentait en fait d'écouter celle entre les deux lycéens. Pff. Ils ne parlaient même pas. Thylane gardait un visage fermé et Sam n'essayait pas de faire la conversation. Peut-être qu'il l'utilise comme bouche-trou pour ne pas avoir à manger seul, ou un bail comme ça. Ridicule. Mais, si Lili avait beau tenté d'avoir de mauvaises pensées à l'égard de son ex, une partie d'elle regrettait toujours amèrement son absence. Lili pouvait lui trouver tous les défauts du monde, il aurait toujours une place spéciale dans son cœur. Même si elle essayait de l'oublier depuis tous ces mois.

« Arrête de les regarder, l'interpella Farah alors que Lili les observait d'un air brûlant.
- Qui ? fit-elle innocemment.
- Arrête, Lili, soupira son amie. Il faut que tu l'oublies, ajouta t-elle avec plus de douceur.
- Pourquoi tu me donnes des conseils ? pesta Lili. Comme si tu t'y connaissais en amour ! »

Farah lui adressa un regard d'une telle noirceur que Lili frémit. La blonde avait cru comprendre qu'elle craquait pour Léo, elle n'avait pas à lui faire de telles remarques. Lili la peste, c'est fini, putain ! Elle peinait à perdre sa langue de vipère, surtout lorsqu'elle était tendue par une situation comme celle entre Sam et Thylane. Elle réalisa rapidement qu'elle ne pourrait jamais devenir une meilleure personne dans ces conditions. Elle était trop blessée, en colère, pleine de haine. Elle fonçait dans le mur.

Mais elle devait faire des efforts. Elle frissonna en se rappelant le mois de mai dernier. Elle frémit en se remémorant la solitude. La solitude. La terrible solitude, celle qu'elle ne connaissait alors pas et qui lui avait donné envie d'en finir. Alors, dès premiers jours du lycée, Lili avait fait attention à retrouver ses anciens amis. C'était maintenant chose faite et elle ne devait pas les perdre. Il fallait qu'elle change, et vite, avant qu'il ne soit définitivement trop tard.

« Pardon, Farah. Je ne pense pas ce que je dis.
- Je sais, soupira encore la brune. Tu es juste blessée. J'aimerais t'aider, tu sais.
- Je ne suis pas blessée, protesta la blonde. Je suis en colère parce que personne ne rejette Lili Leroy. Je m'en fiche de Sam, tu sais bien que je l'ai jamais aimé.
- Alors arrête de mal le regarder. C'est bien qu'il découvre de nouvelles personnes. Lui aussi a besoin de changer d'air, et la nouvelle a l'air sympa. S'il tourne enfin la page avec quelqu'un, ça ne peut vous faire que du bien. Ce n'est pas juste que tu sois là seule qui ait réussi à retrouver le sourire.
- Je déteste quand tu es si sage, bougonna Lili. N'empêche que tu ne sais rien de notre séparation. Sam est un connard, c'est pas juste s'il trouve quelqu'un avant moi !
- Lili, arrête de te sentir en compétition, ça ne va pas t'amener loin. Faut que réapprennes à avancer par toi-même et avec toi-même, pas avec les autres.
- J'y arrive pas, admit Lili. Tu comprendrais si tu savais ce qu'il s'était vraiment passé.
- Mais tu ne veux pas en parler, et je respecte ton choix, compléta Farah. »

Le ciel était bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant