Adam

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2 mois de relations. 2 mois.
Pour qu'Alice sache seulement maintenant qu'Adam souffre d'un cancer.

Alice était énervée, bouleversée, trahie.

Elle se précipita pour attraper les clefs de sa voiture et s'empressa d'arriver à l'hôpital.

Elle était en face de la chambre d'Adam.

Elle le regardait. Encore.
Encore.
Encore.

Adam finit par briser le silence.

- Tu vas me manquer.
- Pourquoi ?
- Parce que je t'aime.
Je l'ai regardé incrédule avec un doux sourire au bout des lèvres. C'était la première fois qu'Adam me le disait. L'amour et la mort n'ont que deux lettres de différences.
J'ai levé les yeux vers l'horloge murale sur le mur blanc de l'hôpital, inquiète devant les secondes qui s'égrenaient si vite. Ainsi, c'était déjà fini ? Qu'avait-il vu de la vie ? Qu'avais-je vu de la vie avec lui ? Pas grand-chose. Je pensais aux pays où il n'était pas allé, aux pages qu'il n'avait pas encore tournées, à tous les projets qu'il avait remis à plus tard.. Et toi tu me regardais tendrement, résigné. Et puis tu as dit quelque chose que je n'acceptais pas.
- Parfois, c'est ça aussi l'amour : laisser partir ceux qu'on aime. Tu comprends ?
Non je ne comprenais pas. Je ressentais enfin la certitude, une certitude vertigineuse d'être enfin face à la personne capable de combler le vide, de faire taire les peurs et de me comprendre mieux que personne. Mais je devais accepter que cette personne s'en aille là où personne ne sait où l'on va. Je pensais à la mort et à l'amour. Que l'on ait dix sept ans, vingt ans, quarante ans, soixante-quinze ans, parfois c'était toujours la même histoire. La vie n'était pas plus clémente à la vue du jeune âge. C'était cette putain de maladie qui dévastait tout sur son passage, ces moments de bonheur si fugaces qui exigeaient un prix exorbitant à payer.
- Toi, tu vas vivre. Encore longtemps. Tu vas me laisser partir jolie brune et t'auras pas intérêt à crever avant tes 70 ans minimum. Tu auras ta petite famille avec tes 2 petites filles et ton mari qui t'aimera autant que je t'aime, Alice.
- Non ! non ! Je ne veux pas ! Je veux partir moi aussi ! Je ne peux pas te laisser partir maintenant ! J'ai besoin de toi, Adam. J'ai réellement besoin de toi. N'abandonne pas, Adam ! Ne me regarde pas comme ça !
- J'ai aucune chance de m'en sortir sur mon lit d'hôpital tu sais.
- Écoute, Adam. Je veux que tu comprennes ce qu'est le vrai courage, au lieu de t'imaginer que c'est un homme avec un fusil à la main. Le vrai courage, c'est de savoir que tu pars battu, mais d'agir quand même sans s'arrêter. Tu vas être cette personne là, ok ? Parce que t'es Adam, parce que je t'aime, parce que t'es la personne que je chéris le plus au monde et qui me comprends mieux que personne, et que je sais que t'en est capable.
A cet instant je pense que Adam a cessé de faire semblant. Il a pleuré doucement en souriant, en me disant merci, merci d'être la personne la plus extraordinaire qu'il a pu rencontré dans sa vie.... et surement pas la seule, et qu'il y en aura des tas d'autres car il est motivé à se battre. La vie ressemble parfois à une partie de poker : on pouvait gagner à la fin, même en ayant reçu les mauvaise cartes. Il fallait y croire. De toutes ses forces possibles.

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