Resurrection - L' éclipse Noire (Pause)

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Tout avait commencé il y a de cela un mois...

Comme chaque Jeudi, je me faisais un petit footing sur le terrain JPN juste en face de la maison. Un terrain divisé en deux mais sur lequel on pratiquait trois activités dont le football sur le sable, et le terrain de basket, en béton.

Il était seize heures quand je sortis de ma modeste maison. À cette heure, le soleil s'inclinait un peu plus vers l'ouest. Il faisait moins chaud et la légère brise qui circulait apportait un peu de fraîcheur... Le temps parfait pour mon jogging.

Le sourire aux lèvres, je quittai le porche de la maisonnée et m'élançai vers le terrain de foot autour duquel je courirai, de l'autre côté du terrain de basket sur lequel les petits judokas s'exerçaient. Ce n'était pas une grande surface comme dans les stades. En plus, elle n'en faisait pas la moitié mais ce détail importait très peu, l'essentiel était de jouer. Et comme pratiquement tous les jours, deux équipes de onze joueurs s'affrontaient. Malheureusement, impossible pour moi de démêler les équipes car tous portaient des maillots différents. Mais vu qu'ici dans le quartier tout le monde se connaissait, il n'y avait aucun soucis pour eux, joueurs, de se retrouver.

Alors que je me rapprochais, quelques uns que je connaissais parmi eux me saluèrent, comme A.Z, un garçon plutôt maigrichon un peu plus noir que la normale et Mouz, un garçon métis.

En vérité, je n'ai jamais connu leur vrai nom. Les gens ont l'habitude de les appeler ainsi, alors je fais de même, ne cherchant à voir plus loin que le bout de mon nez.

Je leur fis un signe de main puis me mis à courir, faisant le tour de l'aire de jeu. Au bout du troisième tour, je fis une pause, trop fatiguée pour continuer. Les mains sur les hanches, j'inspirais un grand coup, gonflant mes poumons d'air.

— Awë là (Déjà) ?

Je me tournais sur ma droite et vis Mouz, les bras croisés sur sa poitrine, un air amusé scotché sur le visage.

— Tu n'es pas très douée.

Ce que je savais déjà. Je n'étais pas une grande sportive, d'ailleurs le sport ce n'est pas mon truc mais maman me l'avait conseillé alors je le fais de temps à autre.

Ne prenant pas le temps de lui répondre, je me remis à courir, ne faisant que deux tours. Cette fois, ce fût les vibrations de mon Tecno qui m'arrêtèrent. Je répondis en voyant le numéro d'Elvira, mon amie.

— Wali bonjour.

— Mais où es-tu ? maugréa-t-elle. L'éclipse va bientôt commencer.

— Vivi, c'est dans deux heures, rien ne presse.

— Ka tu es où ?

— Sur le terrain de JPN. Dès que je finis je viens te rejoindre t'inquiètes pas.

Elle acquiesça après m'avoir fait promettre de me dépêcher puis je raccrochai.

Elvira était mon amie la plus proche. On s'est toujours bien entendues et de toutes mes connaissances, elle était de loin la meilleure. La seule parmi tous que je considérais réellement parce que contrairement aux autres, elle n'était pas hypocrite. Sa franchise m'avait toujours surprise. Cette fille était gonflée, elle avait la bouche.

Toutes les deux, nous avions envisagé de regarder l'éclipse lunaire totale chez elle, dans leur cour. C'etait la toute première éclipse en République Centrafricaine. D'habitude, on en voyait seulement à la télé, dans les films ou les documentaires mais cette fois, on la verra en direct. L'événement à ne pas manquer, ce sera inoubliable.

Et c'était le cas, le fait le plus marquant de notre histoire. Même la guerre qui avait secoué le pays en mars deux mille treize pendant une durée de trois ans n'est rien comparée à cette éclipse.