6. Conflit héréditaire

5 0 0
                                    


Biosque toisait de haut. Il sauta de la corniche et s'approcha fermement décider à rappeler au béringien sa mission. 

– Laisse ça Grorn ! Ne nous encombre pas d'un pareil fardeau. 

Lentement, Grorn porta la main à sa hache. Aguerri, Biosque se doutait de la suite.

 – À quoi penses-tu, pour vouloir me menacer ?

– Messire, si vous me prêtez cette faculté, je dirais que je pense aux miens qui ont souffert à cause de votre famille. Aux guerres où vous avez massacré mon peuple.

D'un ton assuré il répliqua : – Des batailles du passé. Laisse tes morts à leurs tombes.

– Toujours ces grands airs arrogants. Comme à la bataille des marais où l'un des vôtres a tué un béringien pendant les pourparlers.

– Mon oncle m'a conté cette histoire. Vous nous avez provoqués.

– Parce que vous nous avez volé nos terres. Vous nous avez chassés et poussez à fuir à l'Est. Pour survivre, nous devions reprendre nos terres.

– Il fallait mieux les défendre. Chaque trêve que nous vous avons proposée vous les avez rompues. Les conflits d'antan ne peuvent être la source de ceux d'aujourd'hui.

– Comme il vous ait aisé de dire ça, vous qui avez tout volé.

 – Donc c'est de l'or que tu veux ! Ton salaire ne te suffit pas ?

– Messire, avec ce crâne je n'ai plus besoin de vous guider. 

Biosque repensa à l'insensé culte aux ossements des béringiens. Grorn dégaina franchement sa hache présentant sa menace.

– Tu veux t'attirer le prestige des tiens par un crâne ? Vous êtes bien que des sauvages !

– Est-ce que Vararorn était un sauvage ?

Les images de son ancien maître d'éducation lui revinrent.

– Et donc ?

– C'était mon père !

Biosque tiqua nerveusement.

– Un meurtrier de plus alors ! Tu veux finir comme lui ?

– Cette fois, c'est le sang d'un De Betrung qui va couler...

Grorn chargea violemment. Biosque sentit la chaleur animant la rage de celui veut se venger.

Il anticipa la première attaque, et en reculant défourailla. Puis, il esquiva l'assaut suivant tout en jaugeant son adversaire. L'avantage et la faiblesse de Grorn était sa colère. Les coups sont effrénés, et d'une témérité aléatoire. Ayant besoin du guide vivant il était handicapé face à un ennemi qui luttera autant qu'il pourra..

Les assauts de Grorn devenaient plus francs. Biosque para de côté et profita de l'occasion pour entailler le dos du Béringiens. Il émit un gémissement, mais la colère l'animait. Une foulée de coup circulaire força le noble à reculer promptement. Dans les volées frénétiques, Biosque perçut une faille pour agir et désarmer son adversaire. Le fer de la hache rencontra celui de l'épée. Un crissement métallique s'échappa en furie. La pointe et l'arrête de l'épée se coincèrent entre la manche et la tête de la hache. Biosque poussa Grorn. Mais ce dernier libéra son arme avant de la perdre. 

Pour esquiver la contre-offensive du natif, De Betrung tourna de trois quarts et traversa, d'un coup de tranchant, la jambe de Grorn. Il mit genou à terre, et pressa la blessure en hurlant, avant de se relever. Le northien recula en sautillant pour se donner plus de distance et laisser la colère fatiguer son adversaire.

Au troisième saut, il trébucha sur un rocher plat. Grorn brandit son arme. La hache de Grorn allait lui défoncer le crâne. Le guide fut transpercé en plein thorax. Tandis que Biosque retira sa lame pour s'éloigner, dans un dernier coup, Grorn écrasa sa hache dans l'omoplate du noble qui cria sa surprise et sa douleur. 

Les deux ennemis tombèrent, leur sang maculant celui de l'autre. Un silence entrecoupé de respiration haletante et de hurlement les tint immobiles face à face...

L'Ombre de Négéria -version 2-Where stories live. Discover now