610 - l'Anomalie aspire et retransmet les signaux radios perdus et je n'arrive pas à penser à autre chose qu'aux 2199 messages manqués de Clarke à Bellamy
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Vous avez voté sur mon twitter et vous êtes 66% à penser que Clarke a dévoilé ses sentiments à Bellamy lors de ses appels radio (118 votes)
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Je refuse de dormir, refuse de me reposer, refuse de fermer mes paupières et par conséquent de lâcher Clarke des yeux. Je ne peux pas quitter son chevet, pas détourner le regard, pas empêcher mon esprit de tourner et tourner et tourner. Pas le retenir de chanter la ritournelle entêtante de mes pensées ; ces pensées qui murmurent que j'ai failli la perdre. Que je l'ai perdue,une fois, deux fois, trois fois. Que je l'ai retrouvée, une fois, deux fois, trois fois. Le fait de savoir que les chances ne peuvent pas éternellement jouer en notre faveur m'assourdit. Un jour, je la perdrai pour une quatrième fois, je la perdrai pour de bon et cette fois, rien ne pourra la ramener auprès de moi...
Mon épuisement brouille ma réflexion et me rend plus vulnérable, plus sensible, plus à vif que d'habitude. J'ai l'impression d'avoir été écorché par la vie et de refuser de guérir, mais je préfère souffrir que de laisser Clarke échapper à ma vigilance encore une fois...
Depuis combien de temps n'ai-je pas dormi ?
Les jours se confondent et les heures s'entremêlent. Si je me concentre et essaye de les compter, je dirais que sept jours sont passés depuis notre arrivée sur cette lune. Les événements qui ont eu lieu depuis notre atterrissage ne sont qu'un ensemble flou.
Combien d'heures depuis l'instant où j'ai compris que Clarke n'était plus elle-même ?
Combien d'heures à la croire morte ?
Combien d'heures à lutter pour la récupérer ?
Autant d'heures passées sans sommeil, dans tous les cas.
Lorsque Gabriel propose de déplacer Clarke de la table d'opération à son lit, je me porte immédiatement volontaire pour la transporter. Ignorer ma propre fatigue est facile, alors. Clarke resserre sa prise autour de mon cou et mes bras la soulèvent aussi aisément que si elle faisait partie de moi. Je l'allonge doucement sur le matelas et sa main glisse de mon épaule et le long de mon bras jusqu'à la mienne. Ses doigts s'entremêlent au miens comme pour me retenir et je ne résiste pas. La pression de ses doigts autour des miens me rappelle qu'elle est bien là. Son contact m'apaise immédiatement. Je ne sais pas si j'arriverai un jour à la lâcher.
Le sommeil la rattrape presqu'aussitôt sa tête posée sur l'oreiller et ses mots sont las lorsqu'elle me murmure :
"Tu as besoin de dormir aussi, Bellamy". Ses paupières lourdes à demi-fermées trahissent son propre épuisement. "Nous avons encore beaucoup à faire", me rappelle-t-elle. "Nos amis ont besoin de nous."
Je ne réponds pas. Argumenter maintenant ne servirait à rien d'autre qu'à la garder alerte et je sais qu'il faut qu'elle se repose. Lorsque ses yeux se closent enfin pour la mener vers un sommeil que j'espère profond et tranquille, je reste éveillé, rongé par les doutes, torturé par des questions qui, je pense, ne me quitteront jamais totalement :
Et si Josephine n'était pas vraiment partie ?
Et si, quand Clarke ouvrira les yeux, ce n'était pas Clarke qui me regarderait ?