Partie I :

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..

Je le vois arriver vers l'entrée de la clinique , il freine sec à mes pieds , me couvre de poussière, baisse sa vitre.

-J'ai tout ce qu'il faut à l'arrière , j'ai réglé deux trois problocs aussi. Tu sais pas toi un batard qui a tchourave des bonbons au primaire il fait le malin avec moi , je l'ai hagar en deuspi le dep . Eh ouai

Je monte. Il pète sa canette, la balance par dessus le carreau , le volume du refrain des ghettos youths empli la caisse , le frein prend un coup à croire c'est la route à son daron .

C'st un malade mon renoi sûr.

- Alors ? tu la récupères quand ma nièce ?

Moi - Dans o3 jours ils ont dit .

- C'est chaud frère. Wallah c'est chaud ! Mais azi t'es obligé d'assumer, c'est la tienne .

Moi - Je vais devenir ouf, ya zeubi . Azi Allia elle m'a douillé cette salope . Elle

Il me coupe.

- Oh respecte fils de pute elle est plus de ce monde, parle bien , t'es ouf.

Moi - Je devais juste payer les couches moi, tu captes ou pas al ? , les sapes , la graille c'est tout. Qu'est ce je vais faire seul tout avec un môme sous les bras? Putain elle aurait pas dû tomber love de moi , elle aurait pas dû me chauffer , wesh on aurait dû se protéger.

-On choisit sa vie mais pas sa mort Jalil, tu le sais !

Je tiens ma tête entre mes deux mains.

& Brams augmente le volume .

Le silence est un must chez nous , la violence un plus . Ouai on préféré se déclencher un ulcère que de grimacer dans l'effort. Et il a raison, on choisit sa ive mais pas sa mort .

Mais chez moi c'st pas le cas , on me l'a imposé ma chienne de vie, la misère , les industries de crack plus haut que ma tour , le trick , les billets , les tass , rien de plus , rien de moins.

Le mal je l'ai côtoyé tout les jours de ma ive , il me colle à la peau , sheitan est ancré en moi , c'est mon pote , ma pute , c'est ma clope , une flûte.

Azi 24 piges que je suis sur terre et mes jours heureux se tricard par un aveugle . J'suis un baisé de la vie qui cherchais qu'à gagner du frics mais qui restait quand même collé au faux cul des salopes . La conséquence Jalil !

[...]

15 heures, ma sonnerie me réveille, le crane plus lourd qu'un camion, mes sapes qui puent, je pue la merde au sens propre du terme.

J'ai passé toute le nuit à tiser , à m'enfumer le vaucer .

Je suis dans un endroit paumé, le zoo , un monde que je squatte quand la solitude , le recueil me gratte. On a décidé un jour avec Bramane de brûler les saletés que la mairie y déversent avant de bomber nos blases sur les murs qui tomberont sur nos crânes un de ces 4. . C'est un endroit scred aujourd'hui , propre , des flics ripoux aux toxs ; personne n'essaye d'y laisser sa trace : on était trop déter' de marquer notre territoire.

Il est 15heures , donc j'ai raté l'enterrement de Allia , toute façon sa famille ne voulait pas me voir .

« Crois pas que je t'oublie Alli, j'ai descendu o4 bouteilles de jack en ton honneur hier, et brûlé toutes mes barrettes . Je la récupère dans o3 jours aussi . Je t'oublie pas wallah »

Hessoul, c'étaient des appels en absence de ma mère. Je me ramasse sur le sol, file vers l'arrêt de bus , capuche à la tête , habillé à l'arrache .

Faut que je me fasse « propre » avant de lui parler, j'ai trop de respect pour lui parler la bouche pâteuse empestant cette sale odeur de marijuana mélangée à celle de l'eau-de-vie.

J'arrive à la 6-T . Cette tess qui m'a vu naitre , grandir , creuver de l'interieur . Cette tess qui m'a pris des frères , m'a refilé deux trois ennemies , qui m'a conduite au car-pla , et qui me réserve un sale trou dans un cimetière . Cette tess que je revendique tout les jours , pour qui je crie mon amour , ma reconnaissance pour qu'au final elle me plaque dans la misère , dans une putain de zone sinistre. C'st la seule chose que je regrette de toute ma ive je crois , mon vécu dans cette cité. Elle m'a injecté la haine cette saleté de tess . Que ça ne choque donc personne que mon coeur bat en criant , "vie de youv."

Moi - Ouai maman ?

-Tu viens de te reveiller c'est ça ?

Moi-Oui maman , excuse moi wallah je

Elle me coupe.

- Tu dois me dire quelque chose !

Moi - Ah ouai , les nouvelles elles circulent jusqu'au bled . Chaud les gens ! Chaud sa mère wallah

- Jalil !

Moi - Ecoute Ina , c'st vrai . J'ai un gosse, une fille et je lui ai donné ton blase .

Elle souffle , elle implore son Seigneur . Je la rend malade je crois , elle en marre de mes conneries, elle en peut plus, j'sais pas.

Moi - Ca te dérange pas qu'elle s'appelle com

- Et sa mère ? Vous allez faire quoi?

Moi - Elle n'est plus là yemma . Je voulais pas ,c'st la vie.

- Ina lilahi wa inna ilayhi rajioun .

Elle fait des prieres à voix basse puis ,

- Il faut que je vienne alors

Moi- Quoi ? T'es ouf ? Non non tu restes au bled je vais assumer seul tout wesh , je vais me débrouiller wallah t'inquiete même pas .

Elle lève la voix

- C'est un enfant tu comprends ça ? Une fille et pas ton ballon de foot oula je sais pas quelle connerie . Tu sais faire des couches ? Le biberon ? Tu sais au moins comment la tenir? Même tes lacets tu peux pas salle kelb ! Maintenant khlass! Je viens et c'st tout tu m'as comprise là au moins? Voilà je vais appeler tes tantes tout de suite. Nhel sheitan il veut me tuer cette enfant .

Elle m'a encore insulté avant de raccrocher. Ouai bref.

Téma , faut toujours une sortie de secours , une seconde issue , un plan B o un Numéro 2 mais là j'en ai pas , y 'en a pas. C'est elle ou rien , une question de vie ou de mort . Mais si c'est rien .. je crois que j'vais péter un câble, wallah je vais casser des têtes.

Putain ils comprennent pas que c'st ma chaire , mon sang , ma relève je suis incapable de lui faire du mal.

J'ai juré Inaya je vais l'élever et l'éduquer seul tout , je vais l'élever comme un boss , un vrai, avec un bel état d'esprit , un mode de vie et de survie de rêve, je vais t'élever à la youv ma fille.

Santakia

"A la youv"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant