Chapitre 6

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Ce fut à peine si M. Aizawa jeta un coup d'œil à sa carte quand il la lui rendit. C'était encore l'heure du déjeuner mais Katsuki n'avait aucune envie de se retrouver au milieu d'une foule bruyante et préféra profiter de ce moment de tranquillité pour rejoindre les dortoirs et s'installer.

L'internat était spacieux et doté de tous les conforts : la pièce commune comprenait un coin cuisine et un salon immense avec canapé et fauteuils. Il y avait même deux distributeurs de boissons et de snacks qui seraient rapidement dévalisés quand viendraient les soirées télé pour lesquelles la classe risquerait de se disputer longtemps pour décider du choix du film. Le fond de la salle se divisait en deux allées où se trouvaient les chambres et les douches, l'aile Est pour les filles, l'aile Ouest pour les garçons. Un ascenseur permettait d'accéder aux différents étages où ils étaient répartis. Après avoir vérifié le plan, Katsuki monta au troisième et entra dans sa chambre où ses affaires avaient déjà étés montées. Les élèves avaient le droit d'emmener autant d'effets personnels qu'ils le souhaitaient, mais sous leur responsabilité en cas de perte ou de vol. Katsuki n'avait pas pris grand-chose cependant. Ses fringues, son ordinateur portable, sa vieille console pour éviter de se joindre aux autres le soir et sa musique. Il retira son uniforme et le changea contre un t-shirt et pantalon noirs. Il ne lui fallut pas longtemps pour tout ranger dans l'armoire et les tiroirs de son bureau. Quand il eut terminé, il ouvrit les rideaux et la porte vitrée qui menait sur un balcon. Il s'accouda à la rambarde et souffla profondément. Il relâchait enfin la pression qui lui pesait depuis un moment.

- T'as déjà fini de t'installer ?

La voix sur sa droite le fit sursauter. Accoudé aussi sur son balcon, à quelques mètres à peine du sien, Eijiro lui souriait encore. Lui aussi avait opté pour une tenue plus décontractée, débardeur et survêt.

- C'est cool, on est aussi voisins !

Katsuki leva les yeux aux ciel, qu'est-ce qu'il avait bien pu foutre dans une autre vie pour avoir un karma aussi pourri ? Mais Eijiro semblait complètement imperméable à l'exaspération de Katsuki. Il se gratta la tête l'air embarrassé.

- Dis, heu... tu veux bien me filer un coup de main ?

Il pointa sa chambre du pouce.

- J'ai... je crois que j'ai pris trop de trucs. J'ai dit au concierge que je monterais mon matos moi-même mais... là, je galère...

Katsuki coupa court aux explications incompréhensibles d'Eijiro et concéda de l'aider, pourvu que ça le fasse taire.

Il sortit de sa chambre et entra dans celle d'à côté. Contrairement à l'aspect spartiate de la sienne, celle d'Eijiro reflétait clairement sa personnalité. Il enjamba le bordel des vêtements, d'haltères, de paires de basket et de cartons encore remplis de trucs hétéroclites qui jonchaient la pièce et rejoignit Eijiro qui se frayait aussi un chemin depuis la fenêtre.

- Je voulais accrocher mon sac de frappe au plafond, mais je peux pas le faire seul.

Il montra d'un mouvement de tête son punching-ball posé sur le lit et la chaise roulante instable de son bureau. Tandis qu'Eijiro parlait, Katsuki remarqua qu'il semblait limiter les gestes de son bras gauche, et ce depuis un moment déjà.

- T'es blessé ?

- Ah, ouais. Je me suis luxé l'épaule tout à l'heure en montant tout ces cartons.

Il avait dit ça d'un ton léger.

- Pourquoi t'as pas commencé par dire ça ? rétorqua Katsuki en écartant les cartons à leurs pieds pour leur faire de la place. Il prit sur le bureau de quoi fixer la chaîne et monta sur la chaise.

White Lie, Red LightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant