Chapitre 7

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Les premiers jours passés, l'ambiance de la classe avait changé. Différents groupes d'amis s'étaient déjà formés selon les affinités de chacun. Contrairement au collège, Katsuki avait remarqué qu'Izuku s'était facilement lié d'amitié avec les autres. Il n'était plus renfermé sur lui-même ou sans cesse plongé dans ses bouquins. Il le voyait souvent traîner avec Double-face, le binoclard et une fille au visage rond et à l'air ahuri dont il n'avait pas retenu le nom. Katsuki n'avait de toute façon pas la mémoire des noms et des visages. Mais si ceux-là étaient plutôt du genre calme et discret, une autre bande de potes se faisait davantage remarquer parmi les secondes : Eijiro était constamment fourré avec l'autre débile bruyant, un grand type aux cheveux bruns et une fille étrange. Ces quatre-là avaient un don inné pour enchaîner les conneries sans se faire choper par les profs. La plupart du temps en tout cas. Après tout, personne n'avait su qui étaient les coupables pour l'histoire des poules paniquées lâchées dans les douches des filles, et le binoclard n'avait toujours par remarqué qu'un de ses slips qui avait disparu flottait comme un drapeau sur le toit du dortoir... Katsuki, lui, évitait les autres, fuyait leur contact, préférant la solitude.


Un autre cours venait de se terminer pour leur classe. M. Aizawa avait déjà filé. Les élèves s'apprêtaient à quitter la salle, mais un attroupement dans le couloir leur bloqua le passage. Un type d'une autre classe avait ameuté des curieux à propos d'une certaine rumeur. Katsuki avait réussi à se faufiler devant, à côté d'Izuku qui n'osait pas bouger.

- C'est vrai ce qu'on dit ? À ce qu'il parait un gars de votre classe est un Omega ?

Celui qui avait parlé se tenait dans l'encadrement de la porte, il n'était pas très grand, mais il les toisait de son regard suffisant, souriant avec insolence. Katsuki n'était pas réputé pour être d'un naturel très patient. Il bouscula Izuku pour faire face au nouveau venu.

- Et t'es qui toi ?

L'autre ignora sa question autant que son ton agressif. Il le jaugea du regard, le déshabillant de haut en bas, considéra son visage avec attention.

-  À bien regarder... t'es plutôt mignon, mais trop grand et musclé pour que ce soit toi.

"Mignon" ? Il aurait voulu insulter Katsuki qu'il n'aurait pas dit pire. Le blond avait fait un pas en avant, prêt à lui exploser son sourire d'un coup de poing.

- Qu'est ce que ça peut te foutre ? Tu cherches la merde ?

- Non ! Kacchan ! Stop !

Izuku, par réflexe conditionné, s'interposa entre eux, retenant Katsuki du mieux qu'il pu. L'ensemble des élèves était resté figé devant la scène, les uns inquiets, les autres prêts à encourager la baston. Un seul assistait à tout ceci sans manifester le moindre intérêt, c'était Shinso. Dans le fond, Iida tenta vainement de ramener tout le monde au calme mais personne ne lui prêta attention. Ses rappels à l'ordre furent couverts par Eijiro et Denki, coincés derrière les autres, qui manifestèrent leur soutien, prêts à s'en mêler si ça tournait mal.

- Hey ! Fais gaffe à ce que tu dis, mec !

Mais l'autre gars n'esquissa même pas un mouvement de recul, il trouva même l'emportement violent de Katsuki et la réaction des autres plutôt amusants.

- Pff ! Haha ! Vous êtes marrants !

Il avisait à présent Izuku qui faisait office de minuscule barrière entre lui et Katsuki. Il était plus petit que la plupart des autres garçons et même que certaines filles de la classe. Sous sa frange bouclée, ses grands yeux effarouchés et son visage fin lui donnait l'air impubère. L'expression de complaisance sur la face de l'autre type s'intensifia.

- Haa... Je parie que c'est toi !

Il s'approcha à quelques centimètres à peine de l'oreille d'Izuku, sa joue collée à la sienne, et chuchota assez fort pour que tout le monde entende.

- Quand t'as besoin... Viens te glisser dans mon lit, je m'occuperais bien de toi. Je suis sûr que tu dois faire des couinements adorables quand tu pleures.

Izuku n'arriva pas à articuler un son. Sous le choc, il relâcha Katsuki qui s'apprêtait déjà à faire parler ses poings. Il en fut empêché une seconde fois. La main de Shoto lui avait empoigné l'épaule, doucement mais fermement. Il avait joué des coudes avec aisance et était arrivé à leur hauteur. Il fit reculer Izuku derrière lui. Il dominait leur adversaire d'au moins une tête et s'exprima d'un ton serein non dénué d'hostilité.

- Fous-lui la paix. C'est moi l'Omega.

 L'autre adolescent perdit aussitôt de sa superbe. Il observa Shoto, visiblement décontenancé.

- Toi ? Sérieux ? Et tu t'appelles ?

- On t'as posé la même question, rétorqua Shoto.

Ils se soutinrent du regard un moment. L'autre type cilla le premier :

- Neito Monoma, finit-il enfin par dire.

Shoto se pencha tout près du visage de Neito. Cette fois-ci, il ne dissimula pas la menace dans la douceur factice de ses paroles :

- Si tu me veux dans ton lit, attends-toi au pire. Je suis pas sûr de qui finira en larmes.

Un long silence tendu et choqué plana parmi l'assistance féminine. Du côté des gars, certains sifflements moqueurs et petits rire fusèrent à droite, à gauche, d'autres encore les encourageaient à se battre. Toute cette agitation fut soudain rompue par la voix fluette et enjouée d'une jolie rousse qui s'était frayé un chemin jusqu'à eux, intimant à tous de la fermer. Elle surgit derrière Neito sans prévenir et lui flanqua une claque phénoménale à l'arrière du crâne. Elle s'excusa auprès des garçons.

- Désolée ! Faites pas attention à lui. C'est une grande gueule mais il mord pas.

Elle lui coinça la nuque sous son coude et dispersa la foule avec l'autorité naturelle et déconcertante propre aux Alphas.

- Allez ! Dégagez tout le monde ! Y'a rien à voir ! Le spectacle est fini...  Et toi, je vais m'occuper de ton cas, acheva-t-elle à l'intention de Neito qui grimaçait de douleur.

Katsuki bouillonnait intérieurement de rage de ne pouvoir l'étrangler lui-même sous son bras. Ou de lui éclater la tête contre le sol. Au choix. Il sortit dans le couloir en les heurtant au passage.

- Surveille mieux ton clébard, la rouquine. Ou je te jure que la prochaine fois il va lui arriver des emmerdes.












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