-Needy, viens ici.
Accroupie, je l'appelle et donne des tapotements sur le sol. Cette dernière galope à toute vitesse à travers le parc, sa truffe humidifiée par l'herbe fraîche vient s'écraser contre mes genoux. La saleté de ses grosses pattes vient s'étaler contre ma peau.
-Oh... Needy.
Je glisse ma main dans sa fourrure de bébé, et vient lui faire des papouilles derrière les oreilles. A ce contact, Needy me tartine de bave le visage pour montrer son enjouement. Berk. Avant qu'elle s'échappe à nouveau, j'attache la laisse à son harnais. Ce chien est beaucoup trop rusé, une seconde d'inattention, et elle disparaît. Je suis tellement heureuse de l'avoir, j'en oublie le reste. Elle est tellement pleine de vie et d'amour. Je serai jamais assez reconnaissante de ce magnifique cadeau.
Côte à côte, nous gambadons dans Grand Park, Needy fait fureur, tout le monde la regarde les yeux pleins de tendresse. Je ne peux m'empêcher de sourire. Oui je suis fière. D'un autre côté, cela me gène, tous ces regards dans notre direction, je suis un peu mal à l'aise. J'ai tendance à passer inaperçue depuis mon plus jeune âge. Toujours l'élève dont aucun professeurs ni élèves ne sait le noms. On m'a même déjà demandé si j'étais nouvelle... au mois de mars. Pour être honnête, ça ne me dérange pas, je préfère être discrète, et que personne ne me remarque, que l'inverse. De tempérament timide, cela me convient mieux.
Needy tire sur la laisse en direction d'une immense fontaine. Petite, mais déjà robuste. Pas loin de la fontaine, je remarque un banc libre, je me précipite pour l'avoir. Avec Needy, nous restons assises, pendant plusieurs dizaine de minutes, à regarder les passants, plus souvent composés de touristes des quatre coins du monde : des japonais, des français, des allemands, des russes...C'est incroyable comme un petit endroit peut ramener tellement de culture différente. J'aimerai tant aller en France pendant les vacances d'Halloween. Mais je crois que financièrement ça ne sera pas possible, et en plus j'ai qu'une seule semaine de pause. C'est ça l'université, on a jamais le temps de rien. J'aimerais être traductrice anglais français dans le cinéma. Ça serait géniale de pouvoir traduire la dernière série Netflix, connaitre tout avant les autres, une genre d'avant première un peu moins fun.
Une jeune fille rousse s'approche de nous, les yeux rivés sur mon chien. Ses yeux brillent et sur son visage se dessine un sourire affectueux. Elle se baisse au niveau de Needy sans même m'adresser la parole, et commence à parler à mon chien de façon hypocoristique.
-Oh comme tu es joli petit pépère. murmure t-elle d'une voix gazouillante.
Cette dernière lève les yeux, enfin, et les pose sur moi, toujours avec ce grand sourire.
-C'est un garçon ? me demande t-elle.
-Non, c'est une fille. Needy.
-Oh , tout en parlant à Needy, tu es si jolie alors petite mémère!
Son regard retrouve de nouveau le miens. Elle a de grand yeux bleus, des taches de rousseurs qui parcourent le dessous de ses yeux et traversant le dessus de son nez. Son visage ressemble à celui d'un enfant. Ses longs cheveux bouclés se battent avec le vent, mais sur elle, cela n'est pas absurde. Elle se fond dans le décors, tel un model pour un peintre. Elle est très jolie.
-Excuse moi ! Je ne me suis pas présentée, je m'appelle Jane ! Désolée, j'ai souvent des mauvaises manières, enfin c'est ce que mes parents disent !
Oula, elle enchaine les mots, elle est pleine d'énergie!
-Moi c'est Mary. Enchantée.
Allez Mary , sois polie, sois courtoise, sois souriante, sois sociable ! Sans même m'en rendre compte, je lui tends la main, celle ci l'attrape vivement. Et la secoue. Vraiment beaucoup trop d'énergie.
-Je suis ravie de te rencontrer Mary !
Timide, je lui souri pour acquiescer.
Nous sommes rester toute la fin de journée à discuter sur ce banc, on a surtout parlé de Needy. J'ai appris que Jane étudie aussi dans mon université. Elle a sauté une classe, c'est une petite surdouée. C'est une jeune fille lucide, folle mais lucide, mais ce que j'admire par dessous tout chez elle, c'est qu'elle à l'air très ambitieuse, elle sait exactement ce qu'elle veut. Je ne peux pas en dire autant pour moi. Je ne voudrai pas me prononcer trop vite, mais je sens qu'une vraie amitié est entrain de naitre. Et cette pensée me réchauffe le cœur.
Je suis allongée, presque morte, suffocante sur la largeur de mon lit, mes pieds pendouillent dans le vide. Les courants d'air viennent chatouiller mes orteils. Needy dort profondément sur mon oreiller. Cette journée m'a complètement épuisée. Il y a une heure mon père m'a apporté le diner dans ma chambre, je n'y ai pas encore touché. J'aime beaucoup quand il fait ce genre de petites attentions. C'est les petits détails comme ça qui font tout. Je sens un lourd poids sur mes paupières, qui a forcent de lutter finissent finalement par se fermer.
