Ton rêve

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Tu ouvre les yeux sur une pièce; c'est une cuisine, avec une cuisinière a bois, une plaque a gaz, un évier avec des sceau d'eau, un meuble a vaisselle et deux grandes tables.
Il fait jour pourtant tu le sait, il est encore tôt. Très tôt peut être bien.
Tu te retourne contre le mur, profitant de ton lit, tu met la couverture sur ta tête en posant ton téléphone a coté de toi. Six heures trente, c'est trop tôt, tu te lèvera plus tard.

Finalement, c'est a sept heures vingt que tu te lève.
Tu vas te faire chauffer de l'eau en pensant a la longue marche qui t'attends. Cinquante kilomètres. Tu ne sait pas vraiment quand est le prochain refuge; en fait, tu attends la réponse de ton ancien compagnon de voyage.

Cela fait un mois que tu es partie.
Un mois que presque tout les jours tu te réveille devant un nouveau paysage.
Un mois que tu parle anglais tout les jours.
Un mois que tu rencontres de nouvelles personnes tout les jours.
Une semaine que tu marche, enfin 6 jours si on compte l'arrêt forcé a cause de l'ampoule.
Un mois que tu voyage.
Un mois que tu vis ton rêve.

Alors qu'est-ce que cela fait ?
En fait ça change tout.
Une douche est une immense joie.
Une machine a laver est le bout du monde.
De la nourriture donnée ou partagée et tu ressent une éternelle reconnaissance.
Tu vas plus lentement. A ton rythme.
Tu réfléchis tout les jours, résout des problèmes, réponds a des questions. Chaque instant a sa valeur et c'est ça qui fait du bien.

Tu vis au jour le jour.
Et tu galère. Oh Oui tu galère ! Mais putain tu vis ! Tu ressent si fort, si durement, si simplement ce qui t'arrive.

D'ailleurs tu crois que tu t'es perdu.
C'est la troisième fois que tu regarde la carte, et tu n'arrive pas a savoir ou tu est. Pourtant, il n'y avait pas d'autre chemin. Mais les marques en haut des croix de bois rouges devraient être orange. Merde.

Oh tiens ! Voilà un voyageur ! Alleluja ! Il te dit que tu ne vas pas dans la bonne direction, il vas vers le nord, et tu l'accompagne comme tu y vas aussi.
Cela ne t'étonne pas de t'être perdue. Avec ta moustiquaire tu n'y vois pas grand choses et comme tu te fait littéralement dévorer par ses bestioles tu n'a pas vraiment le choix. Puis le chemin est mal indiqué.

C'est un gars sympa. Vous n'êtes pas très nombreux a aller vers le nord et le rencontrer a ce moment-là est une véritable chance ! Tu l'aurais mal vécu de te retrouver a la précédente étape vus comme tu en a bavé la veille !
Au pire c'est le destin. D'ailleurs tu lui met pas mal de choses sur le dos a celui-là ces temps-ci. Le bon comme le mauvais. C'est vrais que tu fait partie de ces gens qui pensent que rien n'arrive par hasard.

Sur ce vous avez enfin réussi a sortir de la forêt et ses nuées de moustiques ! Enfin ! Vous voilà devant un magnifique paysage de forêt et de lacs comme il y en a beaucoup en Suède. Vous vous arrêtez pour manger et vous reposer. Puis repartez.

Quelques heures plus tard vous voilà perdus. Encore. Vous demandez votre chemin a un motard et il vous dit que vous êtes dans la mauvaise direction. Vous devez faire demi tour pour retrouver le chemin. Ce qui signifie 2h de marches et 5km a faire dans l'autre sens. Vous venez de perdre environ 4h. 10 kilomètres de perdus. Ça fait mal. Vous râlez, ne sachant pas ou vous vous êtes trompés.

Plus tard, vous comprenez. Vous avez suivis le chemin des quad, pas le votre simplement très peu marqué en parallèle de celui ci, mais continuant tout droit alors que l'autre prends a gauche.

La route vas être longue. Mais vous êtes motivés ! Vous pouvez le faire !
C'est en parlant de nourriture et de ce qui vous manque par rapport a celle ci dans vos pays respectifs que vous avancez. C'est une torture au vus de votre situation actuelle et de vos envies de repas chaud.
Toi, tu ne pense qu'au pain. Aux nouvelles recettes que tu veux faire.
A cette idée que tu voudrais développer et décliner de pleins de façon différentes. Cela fait deux jours que tu ne penses qu'a ça.
C'est vrais que tu n'es pas boulangère pour rien. La nourriture c'est ta passion; surtout ce qui touche au pain et au fait maison en fait.

D'un coup, tu tombe. Vous marchiez sur les planches de bois qui parsèment les nombreux marécages et tu as posé ton pieds a côté, absorbé par tes pensées.
Tu ne t'y attendais pas. On ne s'attends jamais a tomber.
Ton compagnon de route qui était juste devant toi te demande si ça vas.
Oui. Plus de peur que de mal. Tu détache ton sac et vous vous posez sur le côté, un coin avec de l'herbe sèche avant une grande rivière.

Il te dit que si ça ne vas pas, vous pouvez vous arrêter. Que ce n'est pas grave. Tu dis que tout vas bien.
Il sort de la nourriture et vous mangez.
A ce moment-là, tu n'es rien d'autre qu'une gamine de vingt ans fatiguée par de longues heures de marches, assise a côté d'un homme plus expérimenté. Rien de plus.

Suite a cet incident, vous marchez encore de longues heures.
Le paysage est magnifique.
Peu a peu, le soleil ce couche.
Voir le soleil se coucher en Suède. Est juste magnifique !

Vous montez une pente et vous retrouvez sur une crête battue par les vents. C'est splendide ! D'un côté les lacs en contre bas, de l'autre la montagne, en face l'astre céleste déclinant...
Cela te laisse sans voix.

Vous descendez et passez dans les hautes herbes. Tu es épuisé. Mais surtout tu ne t'arrête pas trop longtemps de peur de ne plus pouvoir repartir.

Le vent... tu as l'impression d'entendre une musique...
Enfin, vous le voyez. Le coucher de soleil. Il est... Wonderfull. Merveilleux.
Vous vous arrêtez pour le regarder et prendre quelques photos.

Plus tard, a seulement 3 kilomètres de la cabane vers la quelle vous vous dirigez; vous vous arrêtez. Tu es a bout de force. Ton corps que tu as trop poussé ne veux plus répondre.
Tu voulais vraiment le faire; juste 3 kilomètres. Tu as froid, les pieds et genoux dans un sale état sans parler des micro décharges électriques parcourant ton dos. Mais te voilà au sol recroquevillée sur toi même la douleur t'empêchant de t'allonger .
Quand ton compagnon te demande pour la énième fois si tu vas bien; et qu'il croise ton regard rempli de larmes, il décide qu'il est temps de s'arrêter.

Être têtue ne suffis pas. Le reste doit suivre aussi.

Vous montez vos tentes assaillis par ses indéfectibles suceurs de sang et vous couchez rapidement mangeant chacun de vôtre coté.

En t'endormant, tu remercie ton corps de t'avoir porté si loin. 40 kilomètres. Pour toi qui n'a pas l'habitude de marcher autant. C'est un exploit !
Cette journée; tu t'en souviendra longtemps...

Tu voulais voir, le soleil de minuit, tu voulais sentir, ressentir...
Et bien voilà tu le vis ton rêve.

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⏰ Last updated: Jan 13, 2022 ⏰

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Lettre a un inconnuWhere stories live. Discover now