L'éternel recommencement

La fin d'un long périple

«C'est le voyage lui-même qui était l'élément positif: quant à sa destination, elle lui paraissait vague, difficile à -être n'existait-elle pas. . » Hantise : La maison hantée – Shirley Jackson

—Entres Nuska, ferme la porte s'il te plaît, s'exclama l'imposante voix d'Erwin.

La jeune femme s'exécuta coupant tout contact avec le monde extérieur, il n'était plus que deux dans ce logement militaire qu'Erwin avait appelé point de rendez-vous. Elle s'approcha de lui un air grave peint sur le visage.

—Erwin, c'est pire que ce qu'on pensait, déclara-t-elle d'une voix neutre.

Le militaire soupira de frustration, il avança vers la fenêtre qui donnait une magnifique vue sur les habitations avoisinantes. Le soleil commençait déjà à tomber, la nuit reprendrait bientôt ses droits et chaque habitant quitterait très vite ses ruelles. Erwin contemplait le monde extérieur du haut de sa bâtisse.

—Nuska... Je veux tout savoir, grogna le supérieur.

La caporale s'avança à son tour en direction de la fenêtre, ses yeux se posèrent sur des enfants de haute famille qui avançaient parmi les autres passants. Ils étaient distingués et chics. Il s'agissait certainement d'aristocrates. Leur manière de parler et de rire lui rappelait fortement Laciana, elle était restée au quartier général en tant qu'infirmière. Elle l'avait suivi jusqu'ici en mettant en péril sa vie familiale.

—Nicholas Rovoff est vraiment déterminé à avoir ses documents. Il veut détruire le bataillon. Il a engagé trois criminels pour les récupérer, mais ça, tu le sais déjà pas vrai ? Lança-t-elle pleine de sarcasme.

Erwin afficha un léger sourire devant le tact de Nuska, il l'avait toujours considéré comme bien plus qu'une simple soldate sous ses ordres, c'était une de ses rares amies. Elle faisait parti de ceux qui le comprenaient, c'était pour cette raison qu'il avait demandé à elle et personne d'autre de se charger de cette mission.

—C'est vrai. J'ai encore misé la vie du bataillon sur un pari. Mais je n'avais pas le choix, si nous les laissons faire, c'est nous tous qui tombons, rétorqua-t-il l'air grave.

Nuska soupira à son tour avant de lui taper l'épaule gentiment et de s'éloigner de lui.

—Il faut l'arrêter, je sais pas ce que tu as prévu, mais on peut pas le laisser faire. Si Livaï, Farlan et Isabel ne répondent pas à ses appels, il en trouvera d'autres Erwin.

Le concerné se retourna avec lenteur, ses traits si durs furent soudain tirés par de la tristesse. Il fixait Nuska comme si c'était la dernière fois qu'il la voyait.

—Justement, j'ai un plan... Mais Nuska, tu as le droit de refuser... commença-t-il.

La noiraude le fixa à son tour avec un regard sévère. Elle serrait les poings et de la colère tirait ses traits si angéliques.

—Hors de question, j'en suis ! Le bataillon m'a sauvé la vie ! C'est à mon tour de le sauver ! S'emporta-t-elle avec de la détermination dans le regard.

L'homme eut un léger sourire devant son attitude, il l'observa à nouveau avant de baisser les yeux fuyant son regard.

—Si tu acceptes, tu ne pourras en parler à personne, ni même à ton frère et ta sœur. Tu ne pourras plus faire marche-arrière.

—Quand je suis arrivé, commença celle-ci en s'approchant avec rapidité, Tu m'as demandé si j'étais prête à mourir si tu me le demandais. Ma réponse n'a pas changé, je suis prête à me sacrifier si ça peut sauver le bataillon, peu importe les risques.