Le destin frappera

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« Une seule chose est bien à nous dans ce monde, c'est notre passé. » Victor Cherbuliez 1864

Livaï attendait devant la porte de son bureau. L'insomnie avait encore eu raison de lui mais il n'était pas franchement ravi d'être ici, dans ce couloir seulement éclairé par des torches à presque entièrement consumées. Seulement, même s'il était peu enchanté à l'idée de se retrouver devant le bureau de la Caporale encore éclairé à une heure si tardive, pour ne pas dire matinale, il n'en était pas moins tendu.

Sans trop l'expliquer, cette femme qui l'insupportait l'attirait par la même occasion. Ce sentiment totalement paradoxal lui courait sur le système. En sa présence, il ne pouvait s'empêcher de vouloir l'envoyer paître mais il était tout aussi curieux d'en apprendre plus sur elle, surtout depuis qu'il avait découvert certaines choses à son sujet. La militaire lui ressemblait bien plus qu'il ne voulait l'admettre, sans évoquer le fait qu'il l'avait déjà rencontré par le passé.

Alors il était devant la porte de son bureau en proie à des sentiments contradictoires. Livaï soupira de frustration avant de toquer, signe de politesse. Il fallait également rajouter qu'il ne supportait pas l'idée de ne pas être le chef ici. En règle général, c'était les autres qui toquaient à ce qu'il pouvait qualifier de bureau, pas lui.

Il attendit plusieurs secondes que quelqu'un ne lui réponde mais aucune voix ne se fit entendre. Il pensa rebrousser chemin, seulement, son instinct lui disait de rentrer. Poussant un deuxième soupir, il tourna la poignée avant d'ouvrir la porte. Il devait rendre ses rapports maintenant, pas que demain, ou plutôt aujourd'hui en vue de l'heure, il n'avait pas le temps, seulement, il n'avait pas envie de revenir. Le noiraud évitait soigneusement les quartiers des haut-gradés où il risquait de croiser le Major Erwin.

L'ancien brigand entra donc dans la pièce avant de se rendre compte que la Caporale s'était assoupie sur son bureau, des rapports déployés partout autour d'elle. Elle avait certainement dû les éparpiller en s'endormant. Livaï retroussa le nez ne supportant pas la vue de ses papiers désordonnés cependant, il n'en dit rien. Il se contenta de déposer ses rapports tranquillement quand son attention se tourna vers trois cadres photos.

La recrue fronça les sourcils complètement perplexe, sur les trois imprimés, Nuska semblait tellement différente de celle qu'il côtoyait.

Sur un des cadres, elle était en compagnie d'un groupe de personnes qu'il n'avait jamais vu ici excepté Faragon. Il y avait d'abord un jeune homme qui semblait âgé de 18 ans, il avait un bandeau gris afin de tenir ses cheveux bruns. Ses pupilles étaient d'une couleur électrique totalement absorbantes. Ensuite, venait une jeune femme qui était à peine plus jeune que le jeune homme, elle aussi était brune et avait les mêmes yeux que l'autre. Elle était plus grande que lui de quelques centimètres et ses cheveux étaient tressés à la manière d'une indienne. Aucun doute que le duo était de la même famille, ils affichaient un sourire chaleureux et l'un tenait l'autre par les épaules.

Venait ensuite Faragon, il semblait bien plus jeune qu'à l'heure actuelle, ses traits étaient moins tirés et il affichait un sourire timide. Juste devant lui était accroupie une jeune femme aux cheveux plutôt courts et blonds, elle arborait un air serein et enjoué comme si la situation prêtait à rire.

Et puis enfin, juste à la droite de son autre supérieur, se tenait nulle autre que Nuska Minoro. Elle devait avoir 18 ou 19 ans sur la photographie. Elle n'était pas si différente d'aujourd'hui bien qu'elle faisait bien plus adolescente qu'actuellement, ce qui était logique en soi.

Il s'agissait donc de sa première escouade. Ils avaient tous l'air tellement proche que Livaï se demanda un instant s'il était capable qu'eux aussi puissent se familiariser avec d'autres personnes de la sorte.

L'éternel recommencementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant