L'éternel recommencement

La Mort

« C'est la mort, Hunter, répondit Soukhoï en s'assombrissant soudain. C'est notre mort future qui approche. Notre destin qui rampe vers nous. Voilà ce que c'est. » Dimitri Glukhovski Metro 2033 – Le chasseur, page 57

Une douce odeur de pain grillé la réveilla, son corps entier la faisait souffrir au moindre mouvement. Elle poussa un grognement complètement épuisée. Qu'est-ce-qu'elle avait fait pour finir dans cet état ? Elle ne se rappelait pas avoir bu la veille pourtant. Difficilement, Nuska se retourna pour se positionner sur son dos et soupira en secouant la tête pour se réveiller. Le monde autour d'elle lui paraissait étrange, l'atmosphère était légère et lourde à la fois ce qui la rendait encore plus confuse.

Nuska ne se rappelait de rien, d'ailleurs quelques secondes avant son réveil, elle ne se rappelait même plus qui elle était ni même d'où elle venait. Plutôt étrange pour quelqu'un qui se rappelait toujours de tout, mais la jeune femme ne s'y était pas formalisée étant beaucoup trop fatiguée. Si elle l'aurait voulu, elle aurait dormi pendant des heures.

Soudain, sa mémoire revint. La noiraude s'était rendue compte que son lit était bien plus bas que d'habitude, en fait, elle n'avait pas de lit en y repensant, elle dormait sur un simple matelas. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas dormi ainsi, Nuska se demanda alors où elle avait bien pu passer la nuit.

Secouant encore une fois la tête pour essayer d'ouvrir les yeux, un détail perturbant la choqua.

C'était cette voix, une douce voix qui chantonnait avec harmonie. Cette voix, Nuska ne l'avait pas entendue depuis des années. Cette voix, elle l'avait rassurée tellement de fois par le passé que la noiraude ne s'en était jamais lassée, elle l'avait toujours apaisée et la comparait souvent à celle d'une sirène. Cette voix, oui, c'était bien une des choses les plus belles qu'elle avait pu entendre de toute sa vie entière.

Et puis d'un coup, alors qu'elle se rappelait de cette voix, cette voix qu'elle n'était plus censée entendre depuis des années, cette voix qui lui manquait tant. Nuska, le cerveau toujours embrumé par la douleur, pensait cauchemarder sinon comme cela était-il possible ?

Ses iris noires s'ouvrirent brusquement avant de se retrouver dans un endroit familier pour le moins surprenant. Elle était en effet sur un matelas, plus précisément celui de son enfance. Juste à sa droite, il y avait celui de Jason et puis quelques boîtes en bois qui faisaient offices de bureau et de tables de nuit et puis cette fenêtre, cette unique fenêtre qu'ils avaient cassé à cause de leur turbulence puisqu'ils étaient « des enfants insupportables ».

Un spams la parcourut, elle devait être en train de rêver, ce n'était pas possible autrement, aux dernières nouvelles, sa maison était inhabitable. Oubliant la douleur, Nuska retira doucement la couverture en fronçant les sourcils. Tout était à sa place comme si rien n'avait jamais bougé, comme si rien n'avait changé.

La femme regarda quelques instants sa chambre d'enfance avec mille et une questions qui se bousculaient entre elles. Qu'est-ce-qu'elle avait fait pour retourner chez elle ? La chanteuse reprit son chant envoûtant perturbant bien plus Nuska qu'il ne l'avait rassuré précédemment.

Qu'est-ce-qu'elle était en train de faire avant de s'endormir ? Pourquoi se trouvait-elle ici ? Mais surtout, est-ce-qu'elle allait lui pardonner ?

La noiraude observa un instant les vêtements dans lesquels elle était habillée, elle portait un vieux t-shirt gris qui devait faire office de pyjama. La jeune femme était encore plus dépaysée. Elle jeta un coup d'œil sur ce qui leur servait d'armoire avant de se lever et de l'ouvrir avec prudence comme si un monstre pouvait en sortir.

Aucun monstre en vue, seulement son uniforme militaire ainsi que la cape verte aux ailes de la liberté au moins, elle n'avait pas remonté le temps. Repoussant un énième frisson, Nuska se décida à agir, elle détestait lorsqu'elle ne comprenait pas. Elle s'habilla alors avec son uniforme lavé et propre avant d'enfiler ses bottes et de laisser le t-shirt sur son 'lit'.