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RACHELLE
Il est douze heures cinquante six.
En ce net moment je suis tristement assise, la tête baissée et le visage endurci par la colère. Vêtue de ma minuscule robe rouge, dont des nœuds noirs, fins et en soie recouvrent chaque extrémité.
Faisant de ridicules gribouillis sur mon cahier de mathématiques, dans le bureau de la directrice, je n'attends plus que le verdict final de la punition, soit enfin prononcé.
Concrètement, je ne suis pas certaine qu'une amnistie quelconque soit encore possible.
Simplement parce que j'ai ratatiné le visage de la fille aux cheveux blonds. Mademoiselle "Je suis inoffensive et les mecs m'adorent "
Au delà de tout chahut, cela fait désormais trois mois que cette fille me fout les jetons, j'ai envie de lui prouver que je suis bien meilleure qu'elle. Hélas, balbutier sans arrêt des propos sens dessus dessous, ne m'a pas vraiment aidé.
Tout porte à croire que, je ne mérite pas d'être le génie informatique que je suis.
Dix-sept ans et demi, environ un mètre soixante douze pour quatre-vingt deux kilogrammes, des cheveux roux strictement attachés en chignon à l'aide d'un ruban noir.
Une frange dont deux mèches longues m'encadrent le visage, envahi par d'innombrables taches de rousseur. Des yeux marrons, rien de bien spécial. Une bouche filiforme aux lèvres assez roses, apparemment trop petite.
Ce qu'il y a de plus ignoble pendant les heures de colle, c'est le sourire de ceux qui pensent que je suis triste et que j'aurais aimé être ailleurs. Parce que c'est faux ! Entre ma mère qui me soûle avec son instinct débile de protection et mon petit frère qui ne saisit même pas comment enfiler correctement un boxer, ça craint ! J'espère pour lui, que ça ira mieux dans quelques années.
Au lieu de se réjouir du fait que j'ai enfin remis cette vache de Jennie à sa place, tout le monde s'en prend à moi, comme si je l'avais tuée.
Bien que la tuer n'était pas tout à fait loin de mon objectif. Cela ne m'aurait pas déplu de la voir, étendue par terre, le cou tordu et le visage déchiqueté. Au moins elle ne ferait plus sa " Séduit tout le monde ".
- Rachelle Wood, c'est votre cinquième interpellation de l'année, cela ne vous ressemble pas. L'année dernière, vous avez pourtant fait preuve de sagesse.
- Madame Adams, vous ne l'avez pas vue à l'acte, elle...
- Je ne vous ai pas accordé la parole. Déclare celle-ci en signant ma fiche de renvoie.
Elle se lève, fait semblent de se lécher les lèvres, parce que tout porte à croire qu'elles ne sont pas sèches du tout.
- Vous êtes renvoyée. Me balance-t-elle en plein visage.
