Noir (3)

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- Micky, c'est moi, Julien, du 4e. Nous avons besoin de vous!

- Mon petit gars. Ne me dis pas que tu es paumé en bas de chez toi? La voix de l'aveugle diminuait avec la distance.

- Il faut nous conduire à l'université. On pense que, là-bas, ils ont une explication à tout ça!

- Rentre chez toi, répond Micky. Ça ne peut pas durer bien longtemps. Je ne souhaite à personne de perdre la vue, je sais trop ce que c'est. Probablement une farce du bon Dieu.

Une femme hurla, d'une voix lointaine et haute, certainement depuis la fenêtre d'un immeuble éloigné.

- Appelez les pompiers, criait-elle. Que quelqu'un fasse quelque chose, il est tombé!

De plus Julien tendait l'oreille et mieux il percevait de loin en loin des plaintes. Une portière s'ouvrit brusquement sur sa droite.

- Allez, monte!

- C'est toi? Mais commenter as-tu fait?

- Je me gare toujours ici. Dépêche-toi!

Le jeune homme contourna la Twingo en gardant les mains plaquées sur la carrosserie. Hayon, antenne, vitre, poignée, pour s'asseoir côté passager. L'assurance d'un espace clos. La fille avait mis le contact.

- Rassure-moi. Tu ne comptes tout de même pas rouler!?

- Mais non. Autoradio pourri, je te l'accorde, mais dispose d'une molette. Plus facile qu'un écran tactile dans ce merdier.

Elle cherche les fréquences. La radio crépitait et revenait régulièrement sur une vieille chanson des Stones. 《Pas facile de faire face quand tout votre monde est noir.

- Campus Radio Sûrement. À croire que ça les fait kiffer.

La Radio ...:

... grésillement ...

- ... serait apparu vers 23h50. ... semble gagner peu à peu l'ensemble du territoire ... Les recommandations du préfet à l'instant sur nos antennes ... Les habitants doivent rester à leur domicile jusqu'à ce que la situation s'éclaire ... , euh, jusqu'à ce que l'autorité puisse analyser la crise. Mérina, vous animez la matinale sur notre antenne locale de Nancy. Alors qu'ici, à Paris, le jour n'est pas apparu, dans l'Est, vous avez assisté à un lever de soleil habituel jusqu'à ce que le phénomène a vous surprenne également.

- Oui, Nicolas. À Nancy, nous sommes dans une obscurité totale depuis une quinzaine de minutes. Un voile noir à glissé depuis l'horizon, je ne trouve pas d'autres mots pour le décrire, glisser depuis l'Ouest, pour venir recouvrir notre ville à peine éveillée. Nous venons apprendre que le centre météorologique de Cherbourg vient également d'être absorbé. La nappe serait aux portes de Clermont-Ferrand, ce qui laisse penser qu'elle se propage depuis un épicentre situé en région parisienne. Je vous rejoins dans vos propos, Nicolas, aucune toxicité n'est à craindre, mais ce phénomène impose à chacun de rester confiné chez soi.

Julien coupa la radio ...

- Ils ne savent rien. Ça commence toujours comme ça.

- Comment ça?

- Dans les films catastrophes, la fin du monde, les attaques de zombies, c'est comme ça que ça commence.

- N'importe quoi.

- Alors donne moi ta version.

Elle souffla, exaspérée. Julien sentit son haleine chaude et parfumé. Elle était toute proche. Hier encore, une telle proximité n'a jamais été possible. Il avait déjà connu des moments qui font sauter les barrières sociales, lors desquels les gens se parlent spontanément. En cas de chutes de neige exceptionnelles, d'une équipe nationale championne du monde, ou, plus grave, après un attentat. Cet état ne durait jamais bien longtemps. Le retour à la normalité retissait rapidement les façades sociales. S. représailles la parole.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 04, 2020 ⏰

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°HISTOIRE SECRÈTE° [LIVRE 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant