Noir (1)

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Une étrange sensation l'avait réveillé, avant que le radio-réveil ne sonne

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Une étrange sensation l'avait réveillé, avant que le radio-réveil ne sonne. Comme une présence invisible, à la fois pesante, et proche presque palpable, tout autour de lui. Drôle d'idée. Un simple bruit venu de dehors devait l'avoir tiré du sommeil, ou, peut-être au contraire l'absence totale de son. Le vrombissement habituel des véhicules sur la nationale, les aboiements des chiens au passage du camion benne, réglé comme une horloge à six heures du matin, le vélomoteur du livreur de journaux qui ralentit toujours puis repart en faisant cracher son pot d'échappement aucun, de ses repères familiers ne meublait la nuit.

Une centaine tension, oui, était la cause du réveil de Julien. Une tension dans l'air, proche du silence précédant un orage.
Le jeune homme roula sur le côté pour éteindre son réveil avant qu'il ne sonne, mais pas moyen de mettre la main dessus. En palpant au hasard il devina le boîtier sans fil, posé sur la table de chevet, et aussitôt il ajouta une contrainte à son programme du jour. Il devait faire un saut à la supérette pour acheter des piles. Il tâtonna jusqu'à trouver l'interrupteur de la lampe de chevet. Celle-ci ne voulait rien savoir. Une panne de courant vraisemblablement. Au final il préférait ça à perdre du temps, ce soir, en sortant du boulot pour faire des achats. Rester zen, pas besoin de lumière pour dénicher le paquet de clopes. Pour ça les automatismes étaient sûr. Le Zippo n'avait pas l'air de fonctionner, lui non plus. Sacré réveil, ça sentait le matin difficile, du genre qui vous met de mauvais poil, comme ça, sans raison valable, juste un prétexte pour faire la gueule.

-Putain !

Il venait de se brûler. Normal, on n'y voyais rien dans cette pièce. Il n'avait même pas aperçu de flammes, et pourtant, son pouce avait bien douillé. En général, les yeux s'adaptant quelques instants à l'obscurité, jusqu'à pouvoir déceler quelques ombres grises, mais, la nuit était si noire que tout restais opaque. Le jeune homme se leva, avança à tâton vers la fenêtre, du moins dans la direction où elle devait se trouver, tomba, sans difficulté, sur la manivelle du volet roulant, et s'empressa de lever le rideau-store en PVC. Tourner l'espagnolette, ouvrir en grand, faire entrer une bouffée d'air, laisser les réverbères apporter un peu de lumière.

Cependant, au-delà de l'ouverture par laquelle on vent léger venait le rafraîchir, il ne vit rien, rien qu'un rideau d'encre uniformément noir. Il tendit la main, comme s'il était possible de percer cet écran. Il ne rencontra que du vide. En allongeant le bras sur le côté, il suivit le pourtour de l'encadrement. La fenêtre se situe bien à sa place, cependant, tout se noyait dans l'obscurité, à l'intérieur de la chambre comme au dehors. Julien crut comprendre.

Bon sang, et si c'était lui qui déconnait, s'il s'était réveillé aveugle ? Il posa les mains sur les tempes, recula, heurta le pied du lit et s'assit sur les draps défaits. Ses pensées s'accélèrent. Une fois, quelqu'un lui avait affirmé qu'un accident vasculaire cérébral pouvait provoquer une cécité. Pourtant il n'avait mal nulle part, pas même au crâne, mais est-ce que ça fait mal, un AVC ? Ils devait contacter les urgences.

Julien cherche à son mobile à quatre pattes, l'affolement bousculait ses idées.

-Il est rangé dans la poche de ma veste... Hier, je l'ai jetée dans quel coin ?... Qu'est ce qui cloche chez moi ?... Jouer en ligne jusqu'à 3h du mat' n'a jamais fait de mal à personne... Le voilà, bon sang, mais comment je fais pour composer un numéro sans rien y voir ? Putain, il doit être encore déchargé... Ne panique pas, mon gars.

Il ramassa ses fringues en hâte, enfila ses chaussures à l'envers sans le voir, s'emmêla le coup dans la manche de son t-shirt froissé, chercha son sweat, puis se fraya un chemin en heurtant de la cuisse la commode. Il attrapa son portefeuille, cogna la tête contre le mur, tapa les orteils contre la porte...

-Fait chier !

Heureusement, il laissait toujours les clés dans la serrure.

Nouvelle crainte sur le palier. Le voisin avait déménagé, la semaine précédente. Pour solliciter de l'aide, Julien devait gagner l'étage inférieur. Et toujours que cette obscurité.

-Ne pas se précipiter, au risque de basculer par-dessus le garde-corps et dégringoler les quatre étages.

La majorité des logements était louée aux étudiants du campus tout proche, et le trentenaire ne les fréquentait pas. Il trouva la main courante, puis descendit les marches, une à une, en tentant de freiner sa respiration pour conserver son calme. Il y avait cependant, parmi le va-et-vient des locataires, un visage qui lui parlais plus que les autres. Au troisième, il se souvenait du tapis gris, devant une porte avec l'inscription《Oh no, not you again !》.

Le genre de message qui fait sourire à la première lecture, mais qui à force de relire, on trouve ridicule. Julien le visualisait. Depuis son réveil, il faisait d'ailleurs travailler une partie de son esprit qu'il ne sollicitait jamais, la mémoire des lieux. Lorsqu'il touchait le mur, il revoyait la peintures défraîchies, les traces de doigts sales sur les angles. Quand ses pieds glissaient sur les marches carrelées, il se souvenait du damier ocre et brique, datant des années 80. Il sentit enfin les boucles rêche du tapis de seuil sous ses pieds.

-La porte est là, le carillon à peu près à hauteur de l'épaule.

Il ne sonna pas, mais cogna à violemment à cinq reprises, sans se rendre compte de sa force.

-Ouvrez, s'il vous plaît. Vous pouvez venir ? J'ai besoin d'aide !

Il resta là, les mains posées sur la boiserie lisse est froide puis, impatient, il colla une oreille pour écouter à l'intérieur. Il entendit des mouvements, le feulement d'un chat, des pas timides sur le parquet. Quelqu'un tenta d'introduire une clé dans la serrure, s'y repris à plusieurs reprises. Une voix de femme parla. Le premier son humain depuis son réveil dans le noir.

-Attendez, ne partez et surtout pas ! Je vais ouvrir.

Le porte s'effaça. Un félin glissa entre les chevilles de Julien en miaulant de terreur. L'homme tendit les bras droit devant lui, à la recherche d'un contact rassurant. Les mains qui le touchèrent tremblaient autant que les siennes.

- Oh, mon dieu, merci d'être là, lui dit la femme. Pouvez-vous appeler des secours ? Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. Je ne vois plus !

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Bonjour les gens !! J'espère que cette première partie de l'histoire "NOIR" vous a plu !!🤗🤗

J'essaierai de poster un chapitres par semaine selon mes possibilités !!😉😉

Bisous à tous et à plus tard pour de prochaines  histoires !! 😘😘

°HISTOIRE SECRÈTE° [LIVRE 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant