C'était l'amour. Des nuages avaient parsemé Juin mais il faisait beau sur Juillet. Notre famille s'agrandissait. Maintenant, je comprenais ce qui me surprenait lorsque j'étais au camp. Si nous étions toujours plus, c'était parce que nous venions de nous-même, sans être menacés, torturés, contraints d'obéir. Dans nos rangs, il y avait des traîtres au Parti Unique et des espions, car même les gens les plus cruels ont leurs limites à l'horreur.
C'est grâce au père de Lydia qu'ils m'ont fait confiance. C'était un espion et, Dieu seul sait comment, il parvenait à envoyer des rapports sur le camp. Dans l'un d'eux, il disait qu'il pensait que j'étais l'un des élus de la sélection, et que j'avais accepté de « servir » par peur et non par volonté, parce qu'il m'entendait pleurer dans mon sommeil.
Tous le temps que nous dormions dans le même trou à rat qui nous servait de piaule, nous n'avions jamais parlé. Pas un mot. Pas un regard. Rien. La peur dominait tout. Pour lui, la peur de me faire confiance et d'être découvert. Pour moi, la peur de mourir.
Et puis il avait « trahi ». Il l'avait payé de sa vie. Moi, ma tête venait d'être mise à prix. Plus la liste de nos victoires contre le Parti Unique s'allongeait, et plus mon visage était connu, des amis autant que des ennemis. Plus la liste de nos victoires s'allongeait, et plus il faisait beau sur Juillet. Espoir n'était plus synonyme d'impossible pour moi comme je l'avais cru en Janvier, ni pour beaucoup d'autres d'ailleurs. Il grandissait proportionnellement au nombre de nos victoires, et j'étais confiant à présent : je survivrai ! Nous survivrons ensemble !
Ce ne serait bientôt plus la guerre. Il faisait beau sur Juillet, quelque part au nord de ma vie de partisan.
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Pluie sur Décembre [DRAME]
TerrorC'était la guerre. Il pleuvait sur Décembre, quelque part au nord de ma vie qui prenait fin. Le monde tombait en désuétude et on croyait voir la mort emporter avec elle le peu d'humanité qu'il restait sur cette Terre. Et si, malgré tout, il y avait...