Une lettre

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J'étais sur le lit d'hôpital, en train de scruter le plafond. Je me souvenais à peine de mon nom, mon âge... Je me mis à regarder la femme qui prétendait être ma mère. Elle avait les yeux larmoyants. Elle n'arrivait pas à dire un mot. Je voyais bien que cette situation la gênait, mais je ne pouvais pas faire mine que tout allait bien. Son visage ne me disait rien de bon.

" Te souviens-tu de moi? m'avait elle demandé.

Je dessinai un sourire sur mon visage en guise de réponse. Comment lui dire que je ne me sentais pas en sécurité avec elle, alors qu'elle semblait très inquiète pour moi?

- Pourquoi as tu fais ça mon bébé? continua -t- elle comme si elle n'attendait pas de réponse.

Elle modifia sa façon de parler lorsqu'elle remarqua qu'il n'y avait seulement elle et moi.

- Écoute sale petite vermine! Je ne sais vraiment pas ce qui t'a pris de faire une chose pareille!

Je restais bouche bée, n'osant pas parler. Pensait-elle que je jouais la comédie ?

- Ta mère est en train de sombrer! Combien de temps comptes-tu la décevoir ? hurla-t-elle.

Elle expira un bon coup avant de reprendre son calme.

- Elle était si importante cette fille pour que tu mettes fin à ta vie?

Je ne savais pas quoi lui répondre. Je ne savais pas ce qu'il s'était passé, ni pourquoi j'étais ici. Je souffrais à cause de mes blessures plus ou moins profonde.

- Je t'assure que si ma sœur n'était pas dans cet état à cause de toi, je n'aurais pas joué ce rôle devant les médias!

Ah, alors c'était ma tante! Je pensais qu'elle était folle et qu'elle parlait d'elle à la troisième personne...

-Non sérieusement, continua-t-elle, je sais que tu ne ferais pas ça en temps normal. Alors explique moi, s'il te plait.

Je ne dis pas un mot. Je n'avais rien à lui dire. Il fallait qu'elle comprenne que je la voyais comme une étrangère. Je n'allais pas m'amuser à inventer des histoires.

Je me sentais mal intérieurement : j'avais l'impression de lui mentir en ne faisant rien. Je la laissais parler juste pour apprendre à la connaître. Sinon, je l'ignorais.

- J'essaye vraiment de t'aider petite, mais si tu ne me dis rien, ça devient impossible. Pourquoi tu as essayé de te suicider ?

- Je ne me souviens de rien, avouai-je enfin.

- Comment ça de rien!? s'écria-t-elle.

- Ne me criez pas dessus, l'implorai-je. Je fais beaucoup d'efforts pour me souvenir de ce qu'il s'est passé! En même temps, je me sens perdue. Je cherche une raison à mon acte soudain, j'essaye de savoir comment j'étais... Mais ce n'est pas facile ! Je sens qu'une part de moi veut rester comme ça.

Elle se leva sous le choc de cette révélation.

- Ça veut dire que tu es liée au meurtre d'Amy...

- Amy vous dîtes? C'est qui elle?

- Tu ne te souviens vraiment plus de rien?

Je secouai la tête l'air désolée. C'était un vrai supplice de la voir désespérée comme cela.

- Dis moi que c'est une plaisanterie ! maugréa-t-elle. Comment je suis censée apprendre cette nouvelle à ta mère?

- Dites lui que je ne suis pas réveillée, lui répondis-je comme si c'était simple. En plus, je ne pense pas qu'elle soit réellement préoccupée par mon cas... Sinon elle serait venue me voir, affirmai-je tout bas.

Elle passa sa main sur ma tête avec un sourire triste au visage. Elle me serra en suite dans ses bras, en versant quelques larmes. Pendant ce temps, elle ne dit pas un mot. Ce silence me disait bien des choses. Elle ne voulait pas me dire ce qui la tracassait. Elle déposa une lettre sur la petite table qui se tenait à côté de mon lit.

- Je vais m'en aller Kelly, repose toi bien car ta journée sera très dure demain, avoua-t-elle avec une voie affaiblie par l'émotion. Ils veulent t'interroger ces policiers sur le meurtre d'Amy. Tu es devenue la suspecte n°1 après ce que tu as fait.

Je soupirai, une chose en moi me disait "alors, je n'en ai pas fini?"

Je ne voulais pas me blesser, si j'avais réagi comme ça, c'est qu'il devait y avoir une bonne raison. Elle quitta la pièce en larme, sans ajouter un mot de plus.

Je fixai la lettre avec attention. Je redoutais ce qu'il y avait à l'intérieur. Mon coeur battait de plus en plus fort lorsque j'ouvris l'enveloppe. Il y avait deux feuilles avec deux écritures différentes. Dans la première, une personne me menaçait de dire "la vérité". Dans la deuxième, un extrait d'une histoire que j'avais écrite sur un cahier. La page avait été déchirée. A partir de ce moment la, je savais que je ne pouvais pas m'en sortir facilement...

Souvenirs effacésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant